À LA RENCONTRE DES AUTEURS

Hadrien Raccah en interview pour son nouveau roman « À la vie à la mort »

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« Quand j’écris un roman, je suis dans un brouillard permanent… »

Alors que ses mots séduisent le public dans les salles de théâtres depuis sa pièce L’invitation et que sa dernière née – Suite Royale – jouent les prolongations à Paris, l’auteur des Grandes ambitions, du seul en scène d’Eric Dupond-Moretti mais aussi du roman Huit mètres carrés viendra à la rencontre du public au Rouret pour lui présenter sa nouvelle aventure teintée d’amitié et de suspense : À la vie à la mort…

 


 

Hadrien Raccah en interview pour son nouveau roman « À la vie à la mort »

interview / lecture / events / roman

  • 07 mai 2023 / 10h00 > 17h00 / Le Rouret / Place de la Libération / Entrée libre et gratuite
  • roman À la vie à la mort paru chez Michel Lafon le 23 mars 2023 / Prix : 18.95€

 

 

Morgane Las Dit Peisson : La pièce « Suite Royale » avec Julie De Bona et Élie Semoun ne cesse d’être prolongée à Paris…

Hadrien Raccah : On est très contents et on est conscients d’avoir beaucoup de chance ! Ce n’est pas forcément simple pour le spectacle vivant en ce moment alors lorsqu’on voit autant de monde dans la salle et que l’on entend tous ces rires, on éprouve une immense joie !

On s’est donné au maximum avec Judith Elmaleh – avec qui j’ai écrit la pièce – et Bernard Murat à la mise en scène. On a travaillé dur pendant longtemps, alors voir Suite Royale se prolonger est une véritable récompense.

Première fois que vous n’écrivez pas seul…

C’est très différent d’écrire à deux ! Judith était venue voir la pièce L’invitation dans laquelle jouait son frère Gad Elmaleh. Elle a pas mal observé mon travail et m’a aidé, notamment, sur le long monologue du rôle féminin. Elle avait un point de vue pour défendre ce personnage-là que moi je n’avais pas. Elle a apporté une couleur et une lumière tout à fait nouvelles. Et au-delà de l’amitié qui est née à ce moment-là, on a eu très envie de bosser ensemble.

C’est génial d’être à deux mais ça n’a rien à voir avec ce que j’ai pu faire jusqu’à présent. D’habitude, je suis tout seul, je développe mes idées, mes personnages et mes dialogues « tranquillement » alors qu’à deux, il faut se challenger, s’interroger, argumenter, défendre son point de vue, faire des concessions ou encore admettre quand l’autre a raison ! (rires) C’est extrêmement riche et vivifiant ! Et puis, on a eu la chance que ce soit très fluide entre nous car on avait une idée très précise des personnages. Ça nous a permis d’être efficaces et de nous concentrer sur le rire.

 

 

Il y a le théâtre bien sûr mais aussi la littérature… Ce sont 2 écritures différentes…

Je n’ai aucune préférence entre les deux car dans les deux cas, on raconte des histoires et c’est ce que j’adore faire. En revanche, c’est vrai que ce sont deux saveurs différentes… Le théâtre a quelque chose de collectif même si j’écris généralement seul, arrivent ensuite les comédiens, les producteurs, le metteur en scène, l’équipe du théâtre et, bien sûr, le dernier personnage : le public ! Chaque soir, je guette les rires, je les appréhende et j’observe les réactions. J’adore ça !

Le roman, c’est beaucoup plus individuel et solitaire… Enfin presque car ma femme participe activement à l’écriture à force de m’entendre lui en parler 24h sur 24 ! (rires) Le plus compliqué dans cet exercice, c’est de réussir à avoir du recul alors qu’on est en permanence en train de se poser des questions. Quand j’écris un roman, je suis dans un brouillard permanent…

La vie de cette écriture est différente aussi car la lecture est solitaire et introspective. On s’imagine tous nos propres décors et personnages…

C’est ce qui est le plus intéressant, je trouve. Un peu comme au théâtre d’ailleurs, lorsque plusieurs comédiens se succèdent sur un même rôle. Ce sont les mêmes mots mais quand Pascal Légitimus et Patrick Chesnais jouent après Philippe Lellouche et Gad Elmaleh, L’invitation n’est quasiment plus la même pièce.

Dans mon livre À la vie à la mort, c’est pareil. Le lecteur – selon son âge, son sexe ou sa culture – va appréhender l’intrigue et les personnages de façon très différente. J’ai d’ailleurs des retours auxquels je ne m’attendais pas du tout alors que l’histoire est tout droit sortie de mon cerveau ! C’est pour ça que c’est passionnant d’échanger directement avec les gens comme je vais pouvoir le faire à La fête du livre sous les platanes du Rouret…

« À la vie à la mort » est paru le 23 mars dernier…

Moi qui suis vraiment habitué maintenant aux retours immédiats du théâtre où pendant les soirs de premières, on surveille les réactions du public, ses applaudissements, ses silences, ses rires, ses décrochages et ses émotions ; la sortie d’un livre est teintée d’une sensation de « vide »… On passe d’une solitude extrême à une autre car même si les gens l’achètent rapidement, il ne se passe « rien » pendant quelques jours voire quelques semaines. Forcément, on ne lit pas un livre en une heure… Il faut se dégager du temps, en éprouver l’envie puis se plonger dedans… C’est seulement maintenant, un mois après, que je commence à avoir des retours.

 

La Fête du Livre du Rouret en compagnie d’Hadrien Raccah et de 70 auteurs !

 

Un départ en impression, après des mois de travail, ça ressemble à quoi ?

J’ai eu la chance d’être soutenu et accompagné par Huguette Maure, une dame absolument incroyable qui travaille chez Michel Lafon. Elle me supervise, m’encourage et parfois, me pousse à écrire quand j’ai un peu la flemme ! (rires) C’est elle qui m’a dit qu’À la vie à la mort était un bon roman, qu’il fallait que j’arrête d’écrire et de m’angoisser – ce qui est un peu ma nature profonde… – et qu’il était temps d’écrire le mot « fin ». Une pièce, on peut toujours la modifier… Jusqu’à la dernière représentation si on veut ! (rires) Avec un livre, il faut apprendre à trancher mais si on n’est jamais vraiment sûr de soi… C’est rare qu’un auteur soit très satisfait de lui au point d’être serein quand ça part en impression ! (rires)

Il y a un doute permanent en chacun de nous mais sans lui, rien ne nous pousserait à écrire…

C’est très bizarre car c’est vraiment un mélange de grande confiance en soi et d’une immense fébrilité. Il faut une certaine prétention pour croire que l’histoire qu’on a en tête va intéresser d’autres personnes que nos parents ! (rires) Et en même temps, il faut savoir se remettre en question…

 

 

La naissance du roman…

Je suis fasciné par la personne d’« à côté »… Celle qui vit le succès de son meilleur ami, celle qui a quitté un groupe qui va finalement cartonner comme les Beatles, celle qui a un grand frère ténor du barreau… Ça me fascine. Pour À la vie à la mort, je me suis demandé comment allait réagir un gars qui décide de ne plus jouer au loto avec sa bande d’amis avant que celle-ci ne gagne le gros lot…

Dans votre écriture, on est dans l’intime et les relations humaines mais là, on va, pour la 1ère fois, en plus glisser vers le thriller…

Ces derniers temps, je me suis rendu compte que les romans que je lisais comportaient du suspense et me donnaient l’envie de tourner la page. J’ai notamment découvert grâce à ma femme, l’auteur Luca Di Fulvio et son Gang des rêves qui rend addict ! J’ai voulu me tourner vers ce type de rythme tout en racontant ce qui me passionne : les histoires d’amitié qui peuvent être aussi fortes et douloureuses que des chagrins d’amour. L’amitié est une vraie valeur noble et forte qui doit évoluer tout au long des années si elle ne veut pas s’éteindre.

Une histoire d’amitié mise à mal…

Dans À la vie à la mort, 4 amis jouent au loto tous les vendredis depuis le collège. Arrivé à 35 ans, l’un d’eux – Jérémy – est marié, attend un enfant et en a marre de jeter de l’argent par les fenêtres. Un an et demi plus tard, ses trois amis gagnent…

Le roman commence quand Vincent, le plus charismatique de la bande à qui tout a réussi, est retrouvé mort, assassiné dans une église alors qu’il était juif. Dans le même temps, Jérémy, lui, est introuvable donc il devient de fait le principal suspect…

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel

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