INTERVIEW

Vincent Niclo en interview

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Bien qu’en pleine tournée mondiale avec la soprano Sarah Brightman, Vincent Niclo n’a pas su résister à l’envie de revenir avec un nouveau projet. Après s’être frotté aux Chœurs de l’Armée rouge, aux compositions de Pascal Obispo ou encore au tango dans son dernier opus, c’est vers les airs d’opéras et de ballets qu’il s’est tourné dans son nouvel album. Truffé de duos avec le maître Placido Domingo, les jeunes soeurs Berthollet, la comédienne Laetitia Milot ou encore la chanteuse africaine Angélique Kidjo, Ténor prouve que le classique ne demande qu’à rester pleinement…

Vincent Niclo > nouvel album « Ténor » sorti le 22 novembre


« Je suis conscient de ma chance…»


MORGANE LAS DIT PEISSON : Tu alternes Entre la tournée dans les pays de l’est et la promo en France…

Vincent Niclo : C’est un peu speed en ce moment ! (rires) Mais je préfère ça que de rester chez moi à cogiter sur la sortie de l’album… Et puis, même quand je suis un peu fatigué, je ne changerais ça pour rien au monde, j’aime trop ce que je fais ! Je suis un privilégié, je suis conscient de ma chance… 

Un 1er titre est sorti en duo avec Laetitia Milot que je n’avais jamais entendu chanter…

Elle non plus ne s’était jamais entendue chanter ! (rires) Il y a de nombreux artistes comme Placido Domingo, Sarah Brightman ou Angélique Kidjo qui ont participé à l’album Ténor mais pour le titre Loin d’ici, je ne cherchais pas une voix mais une émotion, un timbre… J’ai tout de suite pensé à trouver une comédienne et j’ai appris que Laetitia rêvait de chanter. Elle est à fleur de peau, c’est pour ça qu’elle plait aux français et c’est pour ça que l’idée m’a séduit bien que je ne savais pas ce que ça pouvait donner… Elle a adoré la chanson et accepté en moins d’une demi-heure !

La voix parlée n’a parfois pas grand chose à voir avec la voix chantée…

Oui mais je sais bien lire dans les voix même uniquement parlées… Je me trompe rarement et je savais que « techniquement » ça irait mais je ne savais pas si elle allait réussir à la libérer. Quand on est devant un micro pour la première fois c’est une mise à nu totale, c’est très inconfortable, il faut s’abandonner complètement… On a pris notre temps, tamisé les lumières, je lui ai demandé de ne penser qu’au texte, d’oublier la technique et de raconter simplement une histoire. Cette chanson parle de l’éloignement physique entre deux personnes qui n’ont pas souhaité cette séparation… Ça l’a particulièrement touchée alors elle s’est livrée avec sincérité et une seule prise a été nécessaire…

Assister à cette « éclosion » doit être touchant…

C’est un sentiment assez particulier… En la voyant apprivoiser le micro et fondre en larmes à la fin, je me suis revu lors de ma première fois. Je suis assez ému et fier d’avoir été celui qui a réussi à lui faire baisser les armes… 

On retrouve aussi Nana Mouskouri… 

Pour moi elle est une icône à la carrière hors norme ! 50 ans de métier, des millions de disques vendus, des concerts partout à travers le monde… Je pense que des carrières comme ça, il n’y en aura plus !

Quand je l’ai rencontrée sur un plateau télé et qu’elle m’a dit que ce serait bien qu’on fasse un duo ensemble, j’ai dit oui immédiatement ! (rires) Et puis elle m’a fait un magnifique cadeau en acceptant, pour la première fois, de partager Je chante avec toi Liberté 

Des airs d’opéra et des créations…

Le but de Ténor est de jouer avec la musique classique et avec ses codes pour montrer que ce n’est ni figé ni rigide. On peut s’amuser avec ce registre, il faut juste oser ! J’ai revu à ma « sauce » les deux grands classiques que sont La Donna è Mobile et E Lucevan le Stelle en y ajoutant des chœurs sans les dénaturer. Avec les airs du Lac des Cygnes et de La Sarabande d’Haendel je suis allé plus loin car j’avais toujours eu envie d’y ajouter des paroles…  

J’ai beaucoup écrit et composé sur cet album, ça a été un travail passionnant !

Les gens ont peur du classique… 

Peur, c’est le mot ! On a l’impression que ce n’est réservé qu’à une élite, une caste, une certaine couche de la population alors que c’est pour tout le monde ! Le côté strict et poussiéreux n’est qu’un préjugé et j’espère contribuer, avec Ténor, à le casser…

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photos droits réservés 

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Interview parue dans les éditions n°409 #1, #2, #3 et #4 du mois de décembre 2019

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