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INTERVIEW

Alexis Michalik en interview

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Souhaitant par-dessus tout raconter des histoires sur scène ou sur grand écran pour donner vie à ses rêves, Alexis Michalik a réussi à atteindre son but, à un peu plus de trente ans, en donnant corps et âme à son imaginaire tant au théâtre qu’au cinéma… Après avoir rencontré un prodigieux succès avec sa pièce Edmond, c’est dans les salles obscures que l’auteur, comédien et désormais réalisateur a choisi de proposer l’histoire de la naissance de Cyrano de Bergerac. Dans un Paris magique intégralement reconstitué en République Tchèque grâce, entre autres, au talent de ses décorateurs, Alexis Michalik nous invite à découvrir un passé poétiquement fantasmé.

 

 

ALEXIS MICHALIK pour son film EDMOND au cinéma à partir du 09 janvier 2019

 


« C’est grâce au succès de la pièce que le film a enfin pu voir le jour… »


MORGANE LAS DIT PEISSON : UNE TOURNÉE D’AVANT-PREMIÈRES RAPPELLE UN PEU UNE TOURNÉE DE THÉÂTRE ?

ALEXIS MICHALIK : Ça y ressemble pas mal en effet sauf qu’au lieu de jouer, on échange avec le public, on fait des interviews et on mange quelques spécialités locales ! (rires) C’est une chance merveilleuse que de pouvoir présenter son premier film partout en France et surtout d’avoir le privilège de passer du temps avec les gens pour recueillir leurs impressions.

UN FILM, CONTRAIREMENT À UNE PIÈCE, NE PEUT PLUS ÊTRE RETOUCHÉ…

C’est la principale différence entre les deux facettes de ce métier… Une pièce va se roder, se peaufiner, se bonifier en tournée alors qu’un film, lorsqu’il est tourné, monté et présenté au public est une version définitive et immuable. Ça génère une autre forme de pression que la longue période de montage permet, en revanche, d’atténuer, Et puis, avant d’en arriver au « produit fini » d’Edmond, beaucoup de personnes ont participé au projet et ont donné leur opinion donc je n’étais pas seul avec mes craintes et mes questionnements.

ON A D’ABORD CONNU EDMOND AU THÉÂTRE…

Et pourtant, c’est un film que j’ai en tête et dont je rêve depuis quinze ans ! Une boîte de production, il y a six ans environ, était partante pour me suivre mais on n’arrivait pas à trouver le financement et en plus, tous les réalisateurs à qui elle avait proposé mon scénario, le refu- saient un à un ! (rires) N’arrivant pas à trouver d’issue au cinéma, j’ai eu l’idée de l’adapter pour le théâtre et c’est grâce au succès de la pièce que le film a enfin pu voir le jour.

EN ÉCRIVANT EDMOND, VOUS AVIEZ CONSCIENCE DE SON POTENTIEL ?

Je ne crois pas que l’on puisse anticiper le succès ou en tous cas, moi, j’en suis incapable ! (rires) En écrivant Edmond, j’avais juste envie de raconter une histoire qui me touchait alors voir qu’autant de gens ont été séduits par celle-ci est tout bonnement exceptionnel ! La pièce a connu – et connaît encore – est un incroyable destin alors il ne me reste plus qu’à souhaiter qu’il en soit de même pour le film !

UN PREMIER « GROS » FILM…

Tout comme la pièce, le film est un réel pari ! Une première expérience en tant que réalisateur, des décors incroyables, le casting de mes rêves… Je voulais montrer le Paris du XIXème siècle dans une grande comédie populaire autour d’un sujet qui ne le semble peut-être pas immédiatement : la naissance d’une oeuvre littéraire.

LE CINÉMA NÉCESSITE DE S’ATTARDER SUR DES TONNES DE DÉTAILS…

C’est ni plus compliqué ni plus simple qu’au théâtre, ce sont surtout des enjeux différents. La force de la scène, c’est de pouvoir suggérer les choses alors qu’au cinéma, on doit les montrer… Ça oblige en effet à les penser, les trouver et les choisir mais la grande chance que l’on a, quand on réalise un film, c’est que l’on est très entouré et que l’on a aussi des effets spéciaux qui peuvent nous aider à atteindre notre rêveSans le chef décorateur par exemple, il aurait été impossible de transformer un théâtre actuel en théâtre du XIXème et c’est un aspect dont j’ai véritablement pris conscience en arrivant sur le plateau… C’est d’ailleurs très émouvant d’observer tous les talents et les savoir-faire d’hommes et de femmes réunis autour d’un unique projet.

UN FILM SUR LE THÉÂTRE…

Si la pièce sur la genèse de Cyrano de Bergerac a particulièrement attiré en salle un public déjà amateur de théâtre, le film, en s’adressant à un auditoire beaucoup plus large, aura peut-être un autre bienfait que celui de divertir les gens : leur donner envie de voir une pièce « en vrai ». J’ai autant désiré qu’Edmond vive sur grand écran car je suis persuadé que son propos ne s’adresse pas qu’aux théâtreux… Le théâtre n’est pas réservé à une élite et j’espère qu’Edmond en convainvra ceux qui se disent peut-être que ce n’est pas un lieu fait pour eux.

ÊTRE AUTEUR, ÉCRIRE SUR ROSTAND ET SE GLISSER DANS LA PEAU DE FEYDEAU…

(rires) J’ai trouvé le parallèle amusant même si en aucun cas je ne pourrais me comparer à l’un d’eux ! Mais évidemment, quand je vois Edmond, je me retrouve d’une certaine manière car même s’il a réellement existé, celui que je propose reste un personnage avec sa part de fiction. Je lui ai injecté pas mal de choses que j’avais en moi mais je crois qu’en réalité il y a un peu de mon histoire dans chacun des protagonistes, que ce soit Coquelin, Faydeau, Honoré ou Léo… Là où je me sens proche d’Edmond Rostand, c’est dans les problématiques qu’il a rencontré en écrivant sa pièce et en tentant de la monter car, comme n’importe quel autre auteur, j’y ai été confronté.

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson à l’Hôtel Westminster lors de l’avant-première organisée par le cinéma Pathé de Nice • Photos droits réservés


Interview parue dans les éditions n°398 #1, #2 et #3 du mois de janvier 2019

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