INTERVIEW

Waly Dia en interview

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IL FAIT PARTIE DE CES ARTISTES QUI ONT TOUJOURS SU QUE LEUR MISSION SUR TERRE ÉTAIT DE DIVERTIR LEURS CONGÉNÈRES… TRAVAILLEUR, VOLONTAIRE ET PASSIONNÉ, WALY DIA S’EST RAPIDEMENT FAIT REPÉRER PAR UN PUBLIC – GRÂCE À SES VICTORIEUSES PARTICIPATIONS À L’ÉMISSION ON N’DEMANDE QU’À EN RIRE MAIS AUSSI À SES RÔLES DANS LES SÉRIES COMMISSARIAT CENTRAL ET LES CHAMOIS – QUI N’A PAS HÉSITÉ À LE SUIVRE DANS DES AVENTURES SCÉNIQUES OÙ LE JEUNE HUMORISTE MISE AUTANT SUR SON JEU QUE SUR LA PROFONDEUR DE SES PROPOS. ABORDANT TOUS LES GRANDS SUJETS D’ACTU DE NOTRE SOCÉTÉ TELS QUE L’ÉDUCATION, LES GILETS JAUNES, LE RACISME OU ENCORE L’INTOLÉRANCE, CELUI QUI TRAVAILLE ACTUELLEMENT SUR SON PREMIER LONG-MÉTRAGE SE PROPOSE DE NOUS FAIRE RÉFLÉCHIR À CE QUE L’ON NOUS IMPOSE COMME ÉTANT DES VÉRITÉS ABSOLUES…

 


« Ensemble ou rien, c’est le seul choix qu’on ait… »


MORGANE LAS DIT PEISSON : UN PUBLIC QUI VIENT EN NOMBRE POUR TES PROPOS…

WALY DIA : C’est pour ça que c’est essentiel d’être en forme quand on va sur scène. Même si ça reste un art, je suis souvent tenté de comparer ça à du sport, il faut se conditionner et préparer son mental à l’endurance du spectacle. Il faut – peu importe qu’on soit fatigué, contrarié ou malade – être disponible dans sa tête pour ne se concentrer que sur ses propos et sur ce public qui lui aussi a ses problèmes, mais qui nous fait quand même l’honneur de venir. D’ailleurs, la seule fois où j’ai annulé une date, c’est quand on a cru que ma fille arrivait mais dès la naissance, elle m’a mis un faux plan ! (rires)

SEUL SUR SCÈNE POUR JOUER NON PAS POUR, MAIS AVEC LE PUBLIC…

Aller seul sur scène c’est curieux, il faut le reconnaître, je ne sais d’ailleurs toujours pas si c’est un acte courageux ou complètement inconscient ! (rires) Mais peut-être que le fait de m’adresser au public directement me rassure… Il est un réel partenaire, je ne m’imagine pas du tout l’ignorer en jouant avec un 4ème mur. Il est là et on discute, même si je reconnais que j’ai tendance à monopoliser un peu la parole ! (rires) Du coup, je m’adapte réellement aux gens, je ne fais pas semblant de faire de l’impro en reprenant des choses que j’ai déjà faites cent fois. C’est à la fois du respect et de l’égoïsme car ça me permet à moi de ne jamais m’ennuyer !

IMPROVISER AVEC LE PUBLIC EST UNE MISE EN DANGER SUPPLÉMENTAIRE…

Il y a une technique en impro qui permet de ne pas perdre pied quand il se passe une chose à laquelle on ne s’attendait pas, c’est de ne s’attendre à rien, ne rien anticiper et être spontané. Il ne faut pas trop intellectualiser et encore moins se projeter mais au contraire, accepter de se laisser porter par ce qui arrive…

IL FAUT ÊTRE FAIT POUR ÇA…

C’est d’ailleurs ce qui nous permet de supporter la souffrance des premières fois ! (rires) On se rend compte quand on se lance, qu’on est littéralement sans défense sur scène… On est vulnérable mais en même temps, on se sent surpuissant comme un gladiateur ! (rires) C’est étrange, troublant, enivrant, on a envie de revivre ces sensations alors on y retourne et puis, à un moment, on réalise qu’on ne pourrait plus rien faire d’autre que ça…

PROCHE DU PUBLIC AU POINT DE LE CONSULTER AVANT D’ÉCRIRE TON ONE-MAN…

Je suis parti en tournée d’impro avant d’écrire Ensemble ou rien pour demander au public les thématiques qui le touchaient, c’était une sorte de sondage grande nature ! Quand on a la chance que ça fonctionne bien et qu’on est pris dans une routine qui devient forcément différente de celle de la majorité des gens, il y a des sujets qui finissent par nous échapper et s’il y a bien un piège dans lequel je ne veux absolument pas tomber, c’est celui de l’humoriste qui vit dans une tour d’ivoire et qui finit par s’éloigner des réelles préoccupations des gens qui viennent le voir !

ENSEMBLE OU RIEN POUR PARLER DE LA SOCIÉTÉ D’AUJOURD’HUI…

Exactement et je me suis rendu compte, grâce justement à la tournée d’impro, que les préoccupations des gens sont les mêmes partout… On a tous cette espèce de chappe de plomb apocalyptique qui plane au-dessus de nos têtes que ce soit en termes de racisme, de sexisme, d’écologie ou d’économie ! Ma chance à moi, c’est d’avoir le temps de pouvoir analyser ces choses-là, de recouper les infos, de rechercher la vérité contrairement aux gens qui bossent toute la journée et qui rentrent claqués le soir chez eux. Sur scène, j’essaye de leur résumer un peu tout ça tout en dédramatisant ce que certains médias véhiculent.

Une atmosphère anxiogène s’est créée ces dernières années, on a peur de tout et de tout le monde… Il y a ceux qui ont intérêt à ce que ça dure et les autres, qui, comme moi, tentent de contrebalancer ça en se renseignant et en argumentant. Il suffit de relire l’Histoire pour s’apercevoir que le Monde n’a jamais été aussi en paix qu’aujourd’hui mais ça, on ne nous le dit pas…

CERTAINS SUJETS T’ONT SURPRIS AU FIL DE TES RECHERCHES ?

L’écologie… Je pars du principe que le particulier n’y est pas pour grand chose… Il ne choisit pas d’acheter une machine à laver qui dure deux mois, un portable qui déconne à chaque mise à jour, des légumes aux OGM ou une voiture qui vomit du diesel ! Je rejette ces campagnes de culpabilisation individuelle alors que derrière tout ça, il y a de grands groupes qu’on n’oblige pas à changer leurs pratiques juste parce qu’ils sont des puissances financières…

UN SPECTACLE QUI SUSCITE LE DÉBAT…

Je n’ai jamais provoqué autant de réactions qu’avec Ensemble ou rien et j’en suis très content car ça veut dire que j’ai réussi à appuyer là où ça faisait mal et que peut-être, ça contribuera à changer les lignes… Ensemble ou rien, c’est le seul choix qu’on ait, il serait temps qu’on le comprenne. Ce n’est pas en nous divisant constamment et en s’acharnant à vouloir regarder dans des sens opposés qu’on pourra faire avancer les choses !

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photos droits réservés

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Interview parue dans les éditions n°411 #1, #2, #3 et #4 du mois de février 2020

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