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INTERVIEW

Grand Corps Malade en interview pour son film « Patients » et son album « Plan B »

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C’est un an après avoir été invité par Ben Mazué à partager avec lui la scène du Mas des Escaravatiers que Grand Corps Malade a été en mesure de lui rendre la pareille, juste avant que ne sorte son second long-métrage… Co-réalisé, comme pour Patients, avec son ami Mehdi Idir, le film La vie scolaire dévoile, à travers le personnage du jeune Yanis, quelques bribes de vie de ce dernier… Voué à l’échec scolaire par manque d’ambition et sûrement de confiance en lui, il sera pris en main par une jeune CPE fraîchement parachutée dans ce collège réputé difficile…


« On voulait que ça sonne le plus vrai possible… »


MORGANE LAS DIT PEISSON : UNE VISITE ANNUELLE AU MAS DES ESCARAVATIERS…

FABIEN MARSAUD : Je crois que j’y ai pris goût en effet ! (rires) Après une année de concerts en salles, ça fait du bien de pouvoir jouer en plein air devant un public détendu. Et puis, bien qu’on prenne plaisir à aller partout, il faut admettre que Le Mas propose un cadre particulièrement séduisant et intimiste…

SE SENTIR PROCHE DU PUBLIC EST INTIMIDANT ?

Au contraire, c’est ce que je préfère ! Je viens du slam et à la base, ça se fait a cappella dans un bar, sans artifice, sans scène à proprement parler et sans jeu de lumière… Quand tu slames, tu racontes ton histoire et tu as tendance à le faire en regardant les gens dans les yeux. C’est sûrement pour ça que j’ai tant besoin de croiser des regards chaque soir… Je m’appuie sur eux…

EN PARALLÈLE DE LA TOURNÉE, TU PRÉSENTES TON NOUVEAU FILM…

Avec Gaumont et une belle partie de l’équipe, on profite de quelques jours off pour, en effet, rencontrer le public venu découvrir La vie scolaire* en avant-première. C’est un exercice très différent de celui de la scène où tu es en live, tu mouilles le maillot, tu te mets à nu et où tu remets le compteur à zéro chaque soir pour captiver l’attention de tes interlocuteurs… Quand tu présentes un film, tu ne prends évidemment rien à la légère mais le travail a été fait et ne peut plus être retouché donc ça devient un autre échange avec le public. Tu ne cherches plus à le convaincre mais seulement à l’observer, l’écouter et recueillir ses impressions. J’adore faire des films et rencontrer le public mais je ne vais pas mentir, c’est toujours moins kiffant qu’un concert ! (rires)

UN FILM SUR L’ÉCOLE…

On a fait une vingtaine d’avant-premières et ce qui est très rassurant, surtout quand on parle de sujets qui existent vraiment, c’est d’avoir des retours aussi positifs que ceux que l’on a eus ! C’est un film sur l’école dans les quartiers populaires et au vu des réactions des CPE, des enseignants mais aussi des élèves qui ont découvert La vie scolaire, il semblerait que nous ayons bien retranscrit l’univers dans lequel ils vivent au quotidien…

DES COMÉDIENS PROFESSIONNELS MAIS AUSSI DES NOVICES…

Parmi tous les gamins qui jouent les collégiens dans le film, aucun n’avait d’expérience… On a réellement fait un casting sauvage en allant les chercher dans les quartiers et dans les établissements scolaires car on voulait que ça sonne le plus vrai possible. On souhaitait qu’ils soient eux-mêmes et ce n’est sincèrement pas facile de l’être quand on a deux caméras face à soi ! (rires) Malgré tout, ils ont brillamment réussi, ce sont eux qui tiennent le film par leur beauté, leurs émotions, leur humour et leur énergie ! À ce titre, La vie scolaire est une remarquable réussite pour Mehdi Idir et moi…

DES NON-PROFESSIONNELS AMÈNENT TOUJOURS DE LA SURPRISE…

On a été très étonné de voir à quel point ces comédiens « improvisés » se sont révélés être professionnels dans leur comportement… Tous ont été incroyablement carrés, investis et fiers d’avoir été choisis mais en même temps, leur manque d’expérience dans ce domaine a en effet été une colossale valeur ajoutée car, grâce à leur fraîcheur et à leur spontanéité, ils ont bien souvent emmené leurs rôles un petit peu ailleurs… Je n’ai pas honte de dire que beaucoup d’entre eux ont insufflé une profondeur et une justesse qu’on n’avait pas suffisamment su donner aux personnages dans le scenario. L’air de rien, avec Mehdi, on a 40 ans alors il était essentiel que les principaux intéressés se réapproprient nos mots pour les rendre plus crédibles bien qu’on se soit aperçu que les préoccupations et les petites embrouilles étaient restées – en dehors du portable et des réseaux sociaux – exactement les mêmes qu’à notre époque ! (rires)

© * Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson au Mas des Escaravatiers en juillet avant la sortie du film • Photos droits réservés

 


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Interview parue dans les éditions n°406 #1, #2, #3 et #4 Septembre 2019

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