COUPS DE COEUR

Philippe Lellouche en interview pour son 1er one-man « Stand Alone »

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« Il était temps de sortir de ma zone de confort… » Philippe Lellouche

 

Pour la 1ère fois de sa carrière, le comédien et auteur à succès à l’origine d’entre autres Le Jeu de la vérité, a décidé de se lancer seul sur les planches ! Dans un spectacle intitulé Stand Alone, Philippe Lellouche n’a pas choisi d’endosser son costume « confortable » d’acteur mais bel et bien de stand-upper. S’adressant directement à un public ravi de le suivre dans cette nouvelle aventure, il s’amuse à faire le point sur ce que signifie, aujourd’hui, avoir plus de 40 ans…

 

 


 

 

Philippe Lellouche en interview pour son 1er one-man Stand Alone

spectacle / one-man / humour

 

 


 

 

 

Morgane Las Dit Peisson : 4 dates à venir dans la région donc une tournée bien pleine…

Philippe Lellouche : C’est mon grand plaisir et ma grande joie, tu t’en doutes ! J’ai fait 50 dates de rodage et maintenant, je pense que le show commence à être prêt… Si tant est qu’il puisse l’être ! (rires) En réalité ça bouge tout le temps, ça évolue et tant mieux car c’est ça le vrai charme du spectacle vivant.

Au-delà du fait de jouer seul, c’est ça la grosse différence avec le théâtre où l’on est tributaire d’une histoire que l’on ne peut jamais modifier en cours de route ?

C’est exactement ça ! Au théâtre, même si de temps en temps tu te permets une petite incartade, tu as un fil conducteur immuable que tu es obligé de respecter alors que seul en scène, tout est autorisé à condition d’honorer ton obligation d’être drôle ! (rires) C’est assez jouissif même si tu cours le risque de te planter et que personne ne puisse te rattraper… C’est l’avantage et l’inconvénient, c’est une autre méthode de boulot. Être seul en scène, c’est un tout autre exercice. Tu parles directement aux gens, tu leur fais face alors qu’au théâtre, c’est interdit à cause du quatrième mur. J’ai été habitué à jouer devant les gens en faisant semblant qu’ils n’existaient pas et désormais, je dois faire exactement l’inverse, c’est étrange au début mais c’est tellement bon ! (rires)

 

 

C’est frustrant au théâtre de ne pas pouvoir avoir ce contact direct avec les spectateurs ?

Pas tellement, parce que tu leur racontes une histoire et si tout à coup tu les regardes, ils en sortent… Mais c’est vrai que maintenant que j’y ai goûté, je peux t’assurer que j’aime établir ce contact avec eux ! C’est un peu comme inviter des potes à dîner, sauf que là, il n’y a que moi qui parle ! (rires) Honnêtement, je comprends que cette relation avec le public devienne une drogue dure ! D’ailleurs, tous les mecs qui ont fait du one-man, peu importe la carrière qu’ils ont au cinéma, finissent toujours par y retourner

Complètement accro à l’exercice…

Oui parce que la récompense est à la hauteur de l’effort et je me demande évidemment pourquoi je ne l’ai pas fait avant ! J’ai été un enfant gâté du théâtre… Par chance, toutes les pièces que j’ai écrites ont fonctionné, ça me plaisait alors j’ai été pris dans ce tourbillon-là. Et puis, un jour, j’ai réalisé qu’il était peut-être temps de sortir de ma zone de confort en me renouvelant un peu. C’est hyper important de multiplier les expériences…

 

 

Comme dans tes pièces, on s’attend dans Stand Alone à retrouver tes opinions et tes points de vue…

Quand j’écris une pièce de théâtre, je prends un sujet que j’étire dans tous les sens afin de nourrir tous les personnages et de créer un coup de théâtre, à l’intérieur d’une histoire qui a évidemment un début, un développement et une fin.

Le one-man, en effet, c’est l’occasion pour moi de prendre plein de sujets qui m’énervent ou m’interpellent et avec lesquels je vais faire rire. Il y a donc beaucoup plus de matière que dans une pièce puisque je ne suis plus obligé de passer une heure dessus. 

Des sujets variés qui s’adressent aux 40 ans et plus…

Je parle à ceux qui ont mes références, je fais des allers-retours entre le passé et le présent, je compare les époques et c’est ouf tout ce qui te saute aux yeux quand tu décides de te pencher un peu sur la question ! Je m’amuse vachement avec ça surtout quand j’entends les gens se marrer et être d’accord avec moi ! 

 

 

Le one-man demande une écriture différente du théâtre, plus condensée et impactante…

C’est un peu déroutant au début… On s’essaye… Et puis j’ai eu la chance aussi d’être bien conseillé, en particulier par Gad Elmaleh. C’est lui qui m’a interdit d’apprendre mon texte par cœur ! (rires) J’ai travaillé mes vannes, je les raconte et je les vis sans les réciter, sans les figer. L’humour demande à tester, à retirer, à rajouter, à intervertir les sketches, à allonger, à accélérer, à ralentir… C’est un bordel incommensurable dont le véritable auteur n’est autre que le public. C’est lui qui, si tu l’écoutes bien, te donne la bonne rythmique. C’est le véritable metteur en scène d’un one-man mais heureusement que je ne dois pas lui reverser de droits, ça me mettrait sur la paille ! (rires)

Ton choix est particulier. Toi qui viens du théâtre, tu aurais pu te lancer dans un seul en scène théâtral ou dans des sketches à personnages. Au lieu de ça, tu as opté pour une formule hybride tirant vers le stand-up, d’où ton titre Stand Alone… Échanger avec le public, au-delà du plaisir que ça procure, c’est une difficulté supplémentaire…

Jouer avec le public et me lancer dans un exercice différent de ce que je connaissais en tant que comédien, c’était réellement mon choix de départ. Il y a un truc qui est sûr et viscéral, c’est que j’aime profondément les gens et que c’est toujours pour eux que j’ai travaillé. Ça n’a jamais été ni pour moi, ni pour le métier car d’une part, je déteste me regarder et d’autre part, je me contrefous de ce que l’on peut penser de moi.

C’est vraiment une histoire d’amour absolu avec le public. Je crois avoir fidélisé, ou en tous cas avoir habitué les gens à une écriture qui les a poussés à me faire systématiquement confiance quand je leur proposais une nouvelle pièce… Il n’y a rien de plus touchant et gratifiant que ça ! D’ailleurs, pendant le rodage de ce premier spectacle, je l’ai ressenti. Je n’ai absolument pas communiqué dessus et pourtant, le public m’a offert le cadeau d’être présent pour me soutenir dans cette nouvelle aventure ! 

J’ai la sensation qu’on a construit une espèce d’histoire ensemble. On s’est donné rendez-vous en bande pendant des années et cette fois-ci, il accepte qu’on se voie en tête-à-tête… C’est fou, c’est exaltant, c’est bonnard, c’est excitant, c’est très euphorisant ! Et puis, j’éprouve ce sentiment génial d’être comme un débutant ! (rires)

 

 

C’est repartir à zéro mais avec des années d’expérience…

Oui et puis je pense que c’est toujours vertueux de sortir de sa zone de confort. Ce n’est pas de l’ingratitude car j’ai conscience de la chance que j’ai depuis Le jeu de la vérité. J’ai ma fidèle bande avec David Brécourt et Christian Vadim, j’ai travaillé avec des acteurs tous plus merveilleux et prestigieux les uns que les autres, j’ai eu des salles pleines à chaque fois mais je ne voulais pas finir par trouver ça « normal ». Et puis, j’ai eu peur aussi que les spectateurs se lassent à force de me voir revenir tous les deux ans avec une nouvelle pièce… Je force un peu le trait bien sûr, mais j’ai senti que c’était le moment ou jamais de me prendre un petit shoot d’adrénaline. Et puis, à force d’avoir vu des copains comme Gad et Franck Dubosc faire du one-man et de les entendre me raconter à quel point c’était puissant, il a fallu que j’essaye aussi… Verdict, c’est encore plus fort que ce que j’imaginais ! C’est un cadeau extraordinaire que de voir des gens faire le déplacement uniquement pour « moi », pas pour une œuvre ou une troupe mais juste « pour moi »… Je te garantis que ça te pousse à donner le meilleur de toi ! (rires) 

On connaît ton travail d’auteur et de comédien mais tu es également directeur du Théâtre de la Madeleine à Paris, où tu joueras d’ailleurs en fin d’année…

C’est l’avantage de l’âge et de l’expérience ! (rires) Je suis un novice avec de la bouteille et un théâtre à ma disposition, c’est quand même une sacrée chance ! Mais plus sérieusement, je n’y jouerais pas si mon spectacle n’était pas dans l’esprit du lieu. Être directeur d’un Théâtre comme celui de la Madeleine, c’est donner une direction, une trajectoire à un paquebot et c’est donc faire des choix. J’avais envie d’en faire un théâtre chic et populaire, avec des pièces qui fonctionnent et pas du théâtre « d’entre soi » ! (rires) Je choisis en fonction du casting, de la pièce et du metteur en scène de programmer telle ou telle création en espérant ne pas me tromper… Je suis très heureux de cette mission car depuis 8 ans que je m’en occupe, je dois reconnaître que ça fonctionne très bien.

 

 

Être directeur de théâtre, ça oblige à rester curieux et admiratif du travail des autres…

Interdiction d’être envieux ! (rires) Mais il y a une phrase de Tristan Bernard à ce sujet que j’aime beaucoup… Il disait du théâtre : « Quand ce n’est pas bien, je m’emmerde et quand c’est bien, ça m’emmerde ! » et je trouve la formule géniale parce qu’il y a toujours un peu de ça ! Quand je trouve l’idée belle, je ne peux pas m’empêcher de me demander pourquoi je ne l’ai pas eue avant ! (rires) Dans le one-man, c’est récurrent ! Il y a des mecs qui inventent des histoires dingues que j’aurais rêvé imaginer ! Mais c’est ça qui est passionnant. On ne peut pas être omniscient et être le plus drôle de la planète, c’est impossible et c’est si on ne veut pas l’admettre qu’on est malheureux dans ce métier. Je ne résiste pas au talent d’un comédien… Et puis, je crois que je souffrirai toujours un peu du syndrome de l’imposteur. Je me demande constamment si je suis à ma place, si ma réputation n’est pas un peu « surfaite »… Je ne prends rien de tout ça au sérieux… J’adore évidemment qu’on me fasse des compliments mais au fond de moi, je n’arrive pas vraiment à les croire… C’est peut-être aussi grâce à ça que je ne m’estime pas au-dessus de la mêlée ! (rires)

 

 

Tu as réussi ta carrière au point d’avoir inspiré ton fils Sam… Il marche dans tes pas, joue dans ta première pièce en reprenant ton rôle, ça prouve qu’il admire ton travail…

Voir Sam sur scène, ça me fait hyper plaisir et ça me fait peur en même temps. Évidemment, quand il a eu envie de jouer dans Le jeu de la vérité ça m’a honoré et flatté mais on a toujours envie que nos enfants soient meilleurs que nous. J’ai hâte qu’on me dise « Vous êtes le père de… » et qu’il n’ait plus à entendre qu’il est « le fils de… » car il est évidemment bien plus que ça ! Tu sais, les seules personnes que tu as envie de voir te dépasser dans la vie, ce sont tes enfants alors ça te fout le trac pour eux. Tout ce que je souhaite à Sam c’est d’être heureux mais c’est vrai que je ne peux pas m’empêcher de ressentir une petite fierté quand je le vois sur scène avec Salomé, la fille de David Brécourt et Benjamin, le fils de Laurent Baffie… Je trouve ça trop mignon cette nouvelle génération !

En parlant « famille », tu joueras le 14 novembre « à la maison » au Carré de Sainte-Maxime…

Ça a une saveur particulière de savoir que tu vas jouer à domicile… Tu veux toujours faire bien peu importe où tu te produis mais là, ça ajoute une petite pression supplémentaire car tu connais personnellement les gens qui seront dans la salle… Il va y avoir des parents d’élèves qui sont à l’école avec ma fille, des commerçants, des amis… On rentre dans quelque chose de plus intime donc je sais d’avance que la date de Sainte-Maxime ne sera pas exactement comme les autres…

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel / Photos Studio Arthur / octobre 2023

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