CINÉMA

« Matria » avec Maria Vasquez : Le film d’une femme forte

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Matria d’Álvaro Gago

cinéma / film / drame 

  • sortie nationale le 17 avril 2024
  • D’Álvaro Gago
  • Avec María Vázquez, Santi Prego, Tatan

 

 

Matria : Force et fragilité du monde moderne

L’adage « de l’ombre naît la lumière » colle à la peau de Matria, le nouveau film d’Álvaro Gago en salle à partir du 17 avril. Dans ce drame social, filmé entre la fiction et le documentaire, María Vázquez incarne Ramona, une mère courage face à une société qui hérisse son quotidien de difficultés personnelles et professionnelles. Rayonnante et puissante, elle s’avère être particulièrement solaire dans un monde parfaitement sombre et froid. 

Parce qu’elle s’est rebellée contre la baisse des salaires dans son entreprise de conserverie alimentaire, Ramona est licenciée. Cette mère d’une adolescente et femme d’un homme instable au chômage doit trouver un autre boulot pour ramener le pain sur la table de la famille. À 42 ans et sans expérience, elle se heurte à la brutalité d’une société qui ne la regarde pas, pire, qui la méprise. Mais c’était sans compter sur la pugnacité de l’héroïne, qui combat l’une après l’autre les inepties et les injustices modernes avec férocité. Elle, à genoux ? Jamais.

 

 

Dans un film nerveux et pourtant lent, le cinéaste espagnol Álvaro Gago se fait quasi-documentariste du quotidien des ouvriers. Les scènes dans les usines se déploient dans le détail et illustrent la dureté d’une vie de labeur. À la maison, c’est du pareil au même. La caméra traîne là où elle ne devrait pas, pour révéler la routine implacable de cette femme qui doit satisfaire son mari alcoolique. Sa fille représente, quant à elle, une dualité : le présent d’une ado difficile à gérer et le futur d’une jeune femme qui pourrait s’échapper de ce carcan social dont Ramona, elle, ne sortira plus. Elle est, elle aussi, ombre et lumière, apportant à sa mère quelques instants de joie partagés entre femmes.

Matria, à voir en VO espagnol pour garder toute la pugnacité verbale de la protagoniste, ressemble à un pendant ibérique des films de Ken Loach qui, dans la grisaille du sud de l’Angleterre, dessine aussi le quotidien d’une population de travailleurs où l’équilibre chancelant se voit toujours bousculé par les aléas de la vie, la maladie, les licenciements… Mais, peut-être aidé par l’ambiance chaude de la Galicie ou parce qu’il est porté par une héroïne féminine, Matria offre une part plus lumineuse à la précarité.

© Claire Thiebaut pour Le Mensuel / février 2024

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