CINÉMA

Chantal Ladesou sur tous les fronts en interview pour 1983, On the road again, Chasse gardée, Sam et Le fil d’Ariane

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« Je suis la preuve vivante qu’il n’y a pas d’âge pour faire ce métier ! » Chantal Ladesou

 

 

Devenue incontournable tant sur scène que devant les caméras, la tornade Chantal Ladesou a une actu, en cette saison 2023 / 2024, étourdissante qui ferait pâlir d’envie toutes ses consœurs ! Alors qu’elle poursuit sa tournée en famille (elle y joue avec sa fille et son mari) avec la pièce 1983, la comédienne s’apprête à repartir seule sur les routes avec son one-woman-show On the road again qui porte décidément diablement bien son nom ! Et, tout en gardant en tête l’écriture d’un prochain spectacle, la Superwoman de la comédie s’affichera sur tous nos écrans, des plus petits aux plus grands grâce aux séries Sam et Le fil d’Ariane sur TF1 mais aussi aux films Chasse gardée, MDR ou encore Maison de retraite 2 dans les salles obscures… Passionnée et comblée comme jamais par son métier, la pétillante Chantal Ladesou n’est pas du tout décidée – pour son bien autant que pour le nôtre – à lever le pied !

 

 


 

Chantal Ladesou en interview pour 1983, On the road again, Chasse gardée, Sam et Le fil d’Ariane

interview / cinéma / théâtre / séries / spectacle / humour

 


 

 

 

Morgane Las Dit Peisson : J’imagine que tu vas bien puisque tu es à nouveau en pleine tournée au théâtre…

Chantal Ladesou : En tournée, comme d’habitude… On the road again ! (rires) Et j’aurai la joie de passer le 29 novembre par Toulon avec la pièce 1983. Une année magnifique n’est-ce pas ? C’est d’ailleurs la date de naissance de l’auteur et metteur en scène Jean Robert-Charrier.

Un auteur que tu connais bien pour avoir travaillé avec lui sur Nelson, une comédie qu’il avait déjà écrite pour toi…

1983 est en effet la seconde (après Nelson) qu’il écrit pour moi et en toute franchise, se glisser dans la peau d’un personnage qui a été façonné pour toi, c’est très agréable… Il a écrit en écoutant ma voix et ma musicalité. Et puis, il est complètement fan depuis ses jeunes années, il me suivait déjà au Point Virgule – d’ailleurs je le soupçonne de m’avoir suivie partout dans Paris (rires) – donc il me connaît vraiment bien et il se glisse complètement dans ma peau. Ce qui est génial aussi avec lui c’est qu’il est très ouvert à la discussion et qu’on peut modifier des petites choses, faire évoluer les personnages… Il ne campe pas sur ses textes et ses positions !

Cette fois-ci, il m’a créé un rôle de femme de la mode, très cruelle, haute en couleur, égocentrique etc., et qui a une victime : son assistant ! Ce dernier est baba devant elle au point d’accepter de vivre reclus pendant presque 40 ans, uniquement parce qu’elle ne trouve plus d’idées et qu’elle cherche l’inspiration. Elle a connu un succès planétaire avec ses précédentes collections et a choisi, en 1983, de s’isoler pour créer à nouveau… Le temps a passé (plus vite qu’elle ne l’aurait cru) et arrivée à notre époque, elle en est toujours au même point ! (rires)

Un petit côté Hibernatus

Oui, c’est vrai sauf qu’elle, elle a vieilli ! (rires) Elle s’est enfermée elle-même dans une boîte et en est ressortie à une époque qu’on ne s’imagine pas si lointaine de la première quand on regarde dans le rétro, mais qui nous rappelle à quel point notre quotidien a changé ! En 2023, elle ne s’y retrouve pas même si beaucoup de gens ne l’ont pas oubliée et rêvent de la revoir dans la lumière, tant ses collections avec ses larges épaules et ses tailles fines ont marqué les années 80 et inspirent les nouveaux créateurs ! Il faut dire que la mode est un éternel recommencement ! (rires) Une jeune femme va débarquer dans son « bunker » pour lui présenter une influenceuse… Tu imagines le choc des cultures ? (rires) Ça va évidemment donner lieu à des situations marrantes et complètement décalées.

 

 

Ce qui est drôle aussi, c’est que ça reflète le choc des cultures qu’on vit actuellement entre gens « de la même époque »… 

Et encore tu es jeune ! Alors imagine à mon âge ce que ça fait de voir des influenceurs botoxés ! (rires) Du coup, ce qui est astucieux avec 1983, c’est que ça parle à toutes les générations. C’est amusant pour les plus jeunes de voir ces influenceuses mises en scène et pour les plus vieux de suivre cette femme qui ne comprend rien et qui n’adhère pas du tout au truc ! Elle représente cette espèce de lenteur qu’on aime, ce temps qu’on laisse couler, qui mature et qui, là, n’existe plus. Elles font fi de tout, du temps et des choses d’avant donc c’est très dur pour elle. Mais c’est parce que c’est dur que c’est si drôle…

1983 est un portrait un peu cruel et malheureusement assez réaliste de notre époque…

C’est vrai que c’est moderne, c’est un Boulevard très actuel. Il y a, à un moment pendant la représentation, un film qui passe avec tout ce qu’on a vécu comme événements importants depuis les années 80, et ça nous fait réaliser à tous tout ce qu’on a vécu ces 40 dernières années… Ça paraît incroyable ! Ça rafraîchit la mémoire, ça donne un coup de vieux, ça recadre pas mal de choses aussi et surtout, c’est drôle, tendre, féroce et burlesque à la fois ! Ça offre toute une panoplie de choses différentes à jouer, c’est génial pour un comédien.

 

« C’est génial quand on est comédienne, de pouvoir changer de peau tout le temps ! » Chantal Ladesou

 

 

Tu es pleine d’épaulettes, de chignon, de strass et paillettes, ça aussi ça fait partie du jeu…

C’est génial quand on est comédienne, de pouvoir changer de peau tout le temps, d’apparence et de pouvoir mettre des trucs qu’on ne mettrait jamais dans la vie de tous les jours. On peut aller loin, on peut entrer dans une espèce d’autre monde et c’est ça qui est fabuleux !

Un autre monde dans lequel tu t’es lancée en famille. Tu rejoues avec ta fille Clémence Ansault et, pour sa 1ère fois sur scène, avec Michel Ansault, ton mari et complice de toujours…

Ce n’est pas moi qui ai branché Michel, c’est Jean Robert-Charrier qui me l’a collé dans les pattes… Pas moyen d’être tranquille ! (rires) Mais Michel, qui n’avait jamais joué la comédie de toute sa vie a pris son rôle très au sérieux et a énormément travaillé, et travaille encore d’ailleurs ! Il regarde son texte avant de jouer, il est très imprégné par la chose, il fait ça vraiment sérieusement et il épate tout le monde, y compris les comédiens. Il est très précis et tout le monde est ravi… Une grande carrière s’ouvre à lui maintenant ! (rires) Le seul problème dans la pièce, c’est qu’on le fait mourir très vite et que je n’ai même pas de scène avec lui… Ce n’est que partie remise ! En tous cas, même si on me prive rapidement de Michel, la pièce est très plaisante et amusante à jouer, je suis ravie d’aller au théâtre tous les soirs… 

 

 

Un plaisir d’être 6 sur scène dans 1983 mais aussi d’être seule sur les planches avec On the road again

Je vais partir sur les routes avec mon spectacle en 2024 mais on va être sur les dernières dates. À cause des confinements, il y a des représentations qui ne se sont jamais faites et qui ne vont avoir lieu que maintenant. Ensuite, je vais passer à autre chose avec une nouvelle création. J’ai toujours du mal à me séparer d’un spectacle mais c’est vrai que celui-ci va déjà entrer dans sa 5ème année donc il va être temps ! 

Puisqu’On the road again parle de toi, il va falloir réactualiser tout ça !

J’y parle beaucoup de ma famille et particulièrement des petits-enfants qui sont presque en retraite maintenant ! (rires) Heureusement, avec un spectacle vivant, on peut modifier des détails petit à petit et apporter d’autres anecdotes de vie. Je l’alimente régulièrement donc je ne m’ennuie pas et puis, avec lui, je découvre encore des endroits en France où je ne suis jamais allée avant et j’adore ça ! Il va y avoir Marseille et Sanary mais aussi Contes, un petit village dans les hauteurs de Nice, où je crois, ce sera une première !

 

 

« J’ai de la chance que les réalisateurs ne se soient pas encore lassés de moi ! » Chantal Ladesou

 

On ne t’arrête plus ! Car en plus de la scène, il y a pas mal de films, téléfilms et séries où l’on peut te voir…

Oui, j’ai de la chance que les réalisateurs ne se soient pas encore lassés de moi ! (rires) J’ai tourné dans 3 jours max de Tarek Boudali sorti en octobre et on pourra me retrouver dans Chasse gardée à partir du 20 décembre prochain. Dedans, je joue un agent immobilier comme par hasard un peu véreux… C’était amusant à faire et avec Didier Bourdon, j’avoue qu’on s’est bien marrés !

Dans Le fil d’Ariane que l’on attend sur TF1, tu as le rôle-titre…

Ce pilote de série a déjà été diffusé en Belgique le 12 novembre dernier et je suis ravie des retours ! On attend encore la date française mais on espère évidemment que ça marchera aussi bien que chez nos voisins belges et puis, j’ai repris la série Sam qui devrait elle aussi sortir dans pas longtemps.

Dans Le fil d’Ariane, j’ai la chance d’avoir un beau rôle principal avec Florent Peyre qui incarne mon fils. On s’est beaucoup amusés à tourner ensemble. Je joue une chroniqueuse judiciaire extrêmement douée, genre Arabesque, qui a un fils commissaire de police. Le problème c’est qu’elle a tendance à lui foutre un peu la honte parce qu’elle perce les mystères généralement bien avant lui ! Il l’a faite virer du commissariat et du journal pour qu’elle ne lui fasse plus d’ombre et surtout qu’elle ait du temps à passer avec ses petits-enfants qu’elle n’a pas beaucoup vus depuis 2 ans ! Elle va lui faire « plaisir » en s’occupant de sa descendance mais tout en continuant les enquêtes en parallèle et en emmenant les mômes sur les scènes de crime… (rires)

 

 

Tu as été surnommée la « reine du Boulevard », on aime ton côté fantasque et déjanté mais on te confie de plus en plus de rôles plus nuancés…

Oui, d’ailleurs c’est ce que voulaient les producteurs et la chaîne. Il fallait que ce soit drôle mais crédible. Ariane est un personnage un peu extravagant, décalé, gai et exubérant qui, par moments, redevient sérieuse pour les besoins des enquêtes. Il faut que ce soit plausible parce que les téléspectateurs suivent l’histoire et il est important qu’ils ne soient pas paumés. Et puis, il y a beaucoup de tendresse et c’est agréable pour moi qu’on me découvre aussi comme ça…

 

« On me fait confiance pour proposer autre chose que du « Ladesou »… » Chantal Ladesou

 

Ça fait du bien, en tant que comédienne, de sentir qu’on inspire de nouvelles palettes de jeu aux gens du métier ?

C’est un cadeau magnifique que d’inspirer des partitions différentes et sentir qu’on me fait confiance pour proposer autre chose que du « Ladesou ». C’est vachement bien pour moi de pouvoir entrer dans la peau de ces personnages plus réfléchis, plus posés… J’aime vraiment ça !

 

 

Il y aura aussi MDR de Samy Naceri, Héro(s) d’Élie Chouraqui, Maison de Retraite 2 de Kev Adams en février… Ce qui est de plus en plus agréable, c’est qu’on a enfin des rôles de tous âges pour les femmes et qu’elles n’ont plus à être des personnages secondaires…

Exactement ! Je suis la preuve vivante qu’il n’y a pas d’âge pour faire ce métier, qu’on peut s’éclater à passer de personnage en personnage et qu’on peut travailler régulièrement ! Mais en effet, c’est dû à une évolution, peut-être inconsciente, des auteurs et réalisateurs qui se sont mis à imaginer de vrais rôles pour toutes les tranches d’âge. En tant que femmes aujourd’hui, on n’est pas mises de côté et c’est sacrément agréable !

On en a déjà parlé et je le dis souvent mais René Simon – quand il m’a vue arriver au théâtre, au fameux Cours Simon – m’a dit, alors que j’avais 23 ou 24 ans, que j’allais connaître une carrière très tardive parce que j’avais déjà une espèce d’autorité naturelle et mature. Il avait raison et ça tombe bien parce que justement maintenant, il y a une très belle offre de rôles tant au théâtre qu’au cinéma.

 

 

Il y a vraiment eu un avant et un après Amazones. Depuis, on t’a vue passer de rôle en rôle sans presque jamais t’arrêter… Et on te sent toujours animée par la même envie…

C’est gentil… Ça pourrait paraître prétentieux si c’était moi qui le disais (rires) mais c’est vrai que je n’ai pas connu pour l’instant de creux ces 20 dernières années… Je suis consciente qu’en plus du travail, il y a une part de chance dans tout ça donc je savoure pleinement, je m’amuse et j’en profite à fond !

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel / novembre 2023

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