https://www.youtube.com/watch?v=AtkIb_BDNm8

INTERVIEW

Daniel Lévi en interview

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Bien sûr, on ne peut pas ne pas se souvenir de son interprétation de Ce rêve bleu ou de L’envie d’aimer qui ont permis de dévoiler au grand public (il y a plus de vingt ans pour le titre de Disney) cette voix à la fois si chaude et si aérienne, pleine d’envolées et de liberté mais heureusement, la carrière de Daniel Levi ne s’est pas restreinte à ces deux titres là… Auteur, compositeur, pianiste et chanteur, il nous a offert cinq opus dont le dernier vient quasiment tout juste de voir le jour. Éponyme, très jazz, soul et world, doté de l’élégance du piano et du charme envoûtant des cordes, ce nouvel album – qui comporte les titres Comme un homme et Le jour se lève – est tout simple à l’image de son créateur : sensible, humble, chaleureux, lumineux et positif…


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Nouvel album éponyme sorti en avril 2017

À Nice le 15 mars 2018


« Sans ces expériences et ces dix années, cet album ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui… »


Votre dernier album Daniel Levi est sorti… C’est un soulagement ?

Daniel Levi : Proposer un nouvel album s’accompagne souvent de pas mal de sentiments différents… Il y a une nostalgie, une espèce de blues qui a tendance à apparaître après avoir été tellement dans l’action. La création et l’enregistrement, c’est très intense, je dirais même que c’est une activité à temps plein parce que ça mobilise entièrement tout votre être. Tous vos sens sont en émoi pour essayer de donner le meilleur de vous-même car vous êtes conscient en le faisant qu’une fois que tout sera couché sur la bande, ce sera définitif

Un genre de « baby blues »…

(rires) Ça y ressemble en effet ! Quand on sort un album, on l’a porté, on l’a fait grandir en soi et c’est vrai que c’est un genre d’accouchement finalement qui se fait parfois aussi dans la douleur… Et puis, il y a cette phase de bonheur qui surgit comme lorsque le bébé tant attendu est enfin là. Il est l’expression de ce que l’on est, il est un prolongement de soi…

Au point que vous lui ayez donné votre nom cette fois-ci…

J’ai désiré qu’il soit éponyme car il me ressemble énormément… Sans l’avoir réellement décidé, cet album a traduit avec authenticité mes sentiments et mes épreuves en chansons. C’est une pépinière d’émotions, c’est ce que moi et la plupart des gens vivons… Quand on y pense, c’est étrange de se livrer autant quand on est réservé et pudique comme moi, c’est vraiment le paradoxe et la magie de ce métier ! C’est d’ailleurs encore plus flagrant sur scène où j’ai la sensa- tion d’être dans un état second !

C’est toujours curieux ce travail en solitaire en studio suivi de cette mise à nu sur scène…

Vous mettez le doigt sur quelque chose d’important pour les artistes… J’en connais qui sont extraordinaires mais qui n’ont jamais réussi à passer ce cap là qui oblige à supporter le regard de l’autre, son jugement et ses critiques. Ces dernières peuvent parfois être très violentes alors avancer à découvert comme je le fais avec cet album qui porte mon nom, ça peut faire autant de mal que de bien ! Cette fois-ci, je crois que si on n’aime pas mon album, c’est qu’on ne m’aime pas vraiment moi personnellement… C’est à double tranchant !

En parlant de vous, vous nous parlez de nous également…

En faisant des confidences, en racontant un peu par quoi je passe, en expliquant mes épreuves, mes aventures, mes grandes désillusions et mes espoirs extraordinaires, je crois que tout le monde pourra s’y reconnaitre puisque l’on vit tous plus ou moins les mêmes choses. C’est un album qui parle de la réalité de la vie mais qui rappelle combien cette grande aventure qu’est la réalité peut être belle…

Pour reprendre les paroles de Comme un homme, « vous êtes un homme qui se dévoile »

Souvent les hommes sont des grands tendres, des romantiques, les codes ont vraiment changé. C’est touchant un homme qui se dévoile, qui parle de ses failles, de ses faiblesses, de ses amours perdus, de ses envies. C’est joli à voir…

Dix ans depuis le dernier album ça semble long mais l’Art ne se fait pas sur commande…

Je crois en effet – même si dix ans, ça reste long ! (rires) – que la qualité exige le temps… Plusieurs chansons étaient enregistrées avec des arrangements différents mais, grâce au temps et à la réflexion qu’il permet, j’ai compris qu’il leur fallait moins de sophistication. J’avais besoin de plus de dépouillement malgré l’impudeur que ça engendre… Elles sont nues et épurées, du coup, la voix et par conséquent les textes sont quant à eux encore plus présents et poignants. Et puis, au delà de toutes ces données artistiques, il y a parfois le tourbillon de la vie qui prend le dessus et qui nous éloigne de notre objectif mais je ne regrette rien du tout car finalement, sans ces expériences et ces dix années, cet album ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui…

La musique est jazzy, raffinée mais les mots sont simples…

Je voulais que les mots soient forts et que ce discours soit le mien. Je ne voulais pas rentrer dans une dialectique, une littérature un peu tronquée mais juste livrer l’expression de ce que je suis. Pour ça, j’ai passé des nuits entières à travailler et choisir chaque mot en compagnie d’auteurs magnifiques comme Mark Helias et Ralph Adamson…

 

Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo Olivier Martino

Interview parue dans Le Mensuel de l’été 2017 n°383 éditions #1 et #2

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