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INTERVIEW

Phoenix en interview

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Bien que le titre de leur dernier opus puisse prêter à confusion, Phoenix ne s’est ni lancé dans la reprise du répertoire d’Umberto Tozzi ni mis à chanter dans la langue de Goldoni… Pourtant, ça n’a pas empêché ce quatuor français à qui l’international ne cesse de faire les yeux doux depuis 17 ans maintenant, d’infuser dans son album Ti amo une combinaison – qui nous fait cruellement défaut ces derniers temps – d’insouciance, de chaleur et de légèreté que notre imaginaire associe inévitablement à ce pays symbole par excellence de la Dolce vita

TI AMO
À Bandol au festival Lunallena le 05 août 2017 

 


« Les uns sans les autres nous serions incapables d’écrire »


Votre dernier album – Ti amo – est sorti le 9 juin dernier…

Deck D’Arcy : Sortir un nouvel album, c’est un peu comme remettre une petite truie à l’eau ! (rires) On le libère, il vit et il nous échappe… Et puis, c’est surtout un gros soulagement pour nous car ce projet, Ti amo, est resté longtemps au chaud, presque en vase clos. Ça fait du bien de se dire que les morceaux que l’on a couvés durant des mois vont désormais appartenir à tous ceux qui les écouteront…

Une fois sorti, on a hâte ou peur d’avoir le retour des gens ?

Deck : Je crois que plus que tout, on est très impatient de le jouer sur scène ! Car avant la sortie officielle d’un album, on préfère ne pas trop dévoiler de morceaux pour garantir un petit effet de surprise… C’est quelque chose qui se perd de plus en plus désormais mais on a grandi à une époque où les disques sortaient à une date précise et nous obligeaient à attendre pour décou- vrir leur contenu… Ça créait une forme d’impatience et de désir que l’on regrette un peu. Maintenant que Ti amo est dévoilé, on va pouvoir se faire plaisir sur scène !

C’est rare de voir un groupe avec une telle longévité conti- nuer à se surprendre et à sur- prendre son public…

Christian Mazzalai : C’est vrai que c’est peut-être ça qui nous anime le plus… On a besoin de ne jamais refaire la même chose et pour ça, on a une stratégie toute simple… À chaque album, on choisit un nouveau lieu mais aussi de nouveaux instruments et de cette manière, on arrive sur le site sans aucune idée préconçue. Ça nous permet de retrouver le frisson de la page blanche ! (rires) Pour cet album en particulier, on a vraiment essayé de créer en roues libres, de manière quasi inconsciente. Notre but a réellement été de laisser libre cours tant à notre imagination qu’à tout ce qui nous dépasse.

Le titre de l’album, Ti amo, est traitre car c’est ma joritairement chanté en anglais…

Christian : (rires) L’Italie nous a inspirés sans même qu’on s’en aperçoive vraiment… J’ai passé, enfant, une grande partie de mes vacances sur la péninsule alors j’ai sûrement entretenu une certaine attirance pour ce pays et puis, on s’est rendu compte qu’on avait beaucoup écouté de titres italiens des années 70 lors de notre dernière tournée. Alors, même si on n’avait pas vraiment prévu d’inclure cette thématique, elle s’est imposée assez naturellement dans le processus d’écriture. Et puis, lorsqu’on a entendu Thomas chanter en italien, on s’est dit que c’était pour nous un risque intéressant à prendre que d’aller vers un territoire vierge.

À l’écoute, il y a non pas de l’in- conscience mais de l’insouciance…

Christian : Oui c’est insouciant, mais il y a toujours une zone d’ombre derrière, une certaine mélancolie même… À chaque album, on recherche une nouvelle recette et surtout, on essaye de ne pas trop s’analyser car ça briserait la magie de la création… C’est pour ça que c’est souvent compliqué d’expliquer avec des mots ce qu’on a fait avec l’instinct… Tout ce que je sais avec certitude, c’est que les uns sans les autres, nous serions incapables d’écrire… C’est peut-être ça le secret de notre relation…

Une relation et une résussite qui dépassent nos frontières…

Deck : Si tout se passe bien, on va refaire un petit tour du Monde en passant par le Japon, l’Amérique… Quand on était petits, on avait la naïveté de croire que ça se passait toujours comme ça (rires), mais aujourd’hui on savoure la chance que l’on a…

 

Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo Antoine Wagner Studio

Interview parue dans Le Mensuel de l’été 2017 n°383 éditions #1 et #2

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