INTERVIEW

Thierry Beccaro en interview

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C’est au bout de 60 ans de questionnements, de doutes et de souffrances que Thierry Beccaro a osé – tant pour lui que pour toutes les personnes que son témoignage pourra aider à avancer – dévoiler au grand jour son histoire personnelle… Enfant maltraité devenu un homme généreux et bienveillant, le présentateur – qui a pris la décision de quitter Motus après avoir arrêté de se taire -, comédien et ambassadeur de l’Unicef a choisi de se consacrer pleinement à ses premières amours : les planches ! Après avoir campé des rôles dans Boeing-Boeing, Le Saut du lit, Voyage de noces et Marié à tout prix !, c’est sur la nouvelle comédie « drôlement » romantique d’Éric Le Roch  – Faut que ça change ! – que Thierry Beccaro a jeté son dévolu…

THIERRY BECCARO dans FAUT QUE ÇA CHANGE

Sanary-sur-Mer / 01 décembre 


« Une partie de ma résilience est passée par ce bonheur de changer de vie, de peau et de costume… »


MORGANE LAS DIT PEISSON : Se retrouver au Musée Louis de Funès…

THIERRY BECCARO : C’est un magnifique cadeau pour moi d’être dans ce lieu si particulier car c’est un des artistes dont j’ai toujours été le plus friand ! C’est une belle idée de lui avoir consacré un musée entier dédié autant à sa vie qu’à sa carrière. En déambulant on s’aperçoit que l’on connait finalement mal la personne qu’il était et à travers cette visite, on peut découvrir des choses que l’on ne soupçonnait pas sur son enfance, sur sa carrière de pianiste de bar ou encore sur sa passion pour les fleurs…

Une découverte en particulier ?  

Je ne savais pas, par exemple, que c’était Bourvil qui avait suggéré à Gérard Oury de choisir de Funès pour Le corniaud alors que ce dernier était tétanisé à l’idée de jouer avec la star de l’époque qu’était Bourvil ! Il y a des tonnes de petites anecdotes savoureuses comme celle-ci dans ce musée !

De passage par Saint-Raphaël mais pas uniquement pour le musée… 

En effet ! (rires) J’ai eu le privilège d’avoir été choisi comme parrain et président du jury du Festival du Rire de Saint-Raphaël et je dois avouer que c’est quelque chose que je trouve très touchant… Et puis, venir sur un festival, c’est l’occasion d’assister à plein de spectacles, de rencontrer des confrères et d’échanger avec la nouvelle génération qui a le courage d’assurer les premières parties des têtes d’affiche ! Ils sont six à se succéder sur scène pour tenter de séduire, en sept minutes à peine chacun, le public et le jury… 

Jury mais aussi maître de cérémonie d’une soirée d’impro…  

J’aime particulièrement cet exercice… Il y a quelques années sur France Télévision j’ai présenté Jeux de comédie où je recevais la fine fleur de l’improvisation comme Éric Métayer, Gilles Galliot ou Éric Le Roch et de temps en temps, je participais moi-même ! (rires) L’impro, c’est aussi terrible que formidable mais c’est surtout un entraînement qui permet de se muscler cérébralement ! Il faut être prêt à tout car il peut se passer n’importe quoi, ça oblige à être très à l’écoute de ses camarades de jeu, à être en forme physique et d’avoir un cerveau à 500% disponible ! Il est impossible de laisser divaguer son esprit deux secondes sinon c’est la catastrophe ! (rires)

30 ans de télé ne t’ont jamais détourné du théâtre…  

Je suis passé par la Maison de la Radio, France Inter, RMC et bien sûr France Télévision mais j’ai eu l’incroyable chance de pouvoir continuer le théâtre en parallèle… Tout en présentant Matin Bonheur, 40° à l’ombre, Télé Matin ou Motus, je ne me suis jamais arrêté de jouer… Pour y arriver, il faut évidemment bien s’organiser, être passionné mais surtout être accepté, tant par le public que par le métier, dans ces différents registres.

Sur scène et face à la caméra en étant timide…  

C’est le miracle de ce métier ! (rires) Je crois qu’on ne saura jamais vraiment ce qui peut pousser une personne timide comme moi à exploser sur scène… Dans mon cas, j’en parle dans mon livre Je suis né à 17 ans, je crois qu’une partie de ma résilience est passée par ce bonheur de changer de vie, de peau et de costume que le jeu a pu m’offrir… Ça m’a permis d’oublier mais aussi de construire à travers les rôles et les regards du public…

L’empathie et la bienveillance te caractérisent…

Avec la vie que j’ai eue, je ne me serais pas imaginé faire autre chose que d’essayer d’apporter un peu de sourire aux gens… Comme l’a si justement dit Gérard Oury, il est poli d’être gai… Peu importe son parcours et ses souffrances, il est important d’être dans l’ouverture, la compréhension et le partage… C’est certainement pour ça que j’ai tant aimé présenter Motus… À chaque émission, j’ai pu découvrir de nouvelles personnalités et de nouvelles histoires, ça a été, humainement parlant, d’une richesse folle ! 

Le théâtre avec une nouvelle pièce…  

Avec Faut que ça change, on va entrer dans l’intimité d’un couple que je forme avec Anne Richard. Cette dernière – alors que tout va pour le mieux – décide que pour ne pas se lasser de ce petit bonheur bien installé, il va falloir se surprendre chaque soir à tour de rôle… C’est évidemment traité de manière très drôle par l’auteur Éric Le Roch mais ça rappelle que l’amour ne suffit pas toujours et qu’il faut éviter la routine tout en prenant garde de ne pas aller trop loin…

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson au Musée Louis de Funès de St Raphaël à l’occasion du Festival du Rire en septembre 2019 • Photos Justine Delmotte – Ville de Saint-Raphaël


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Interview parue dans les éditions n°408 #1, #2, #3 et #4 de novembre 2019

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