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INTERVIEW

Manu Payet en interview

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Après un peu plus de deux ans, 200 dates et une toute récente captation – au sein du prestigieux Olympia – de son second seul en scène, Manu Payet s’apprête à lui faire ses adieux… Intitulé sobrement Emmanuel – son véritable prénom – et accompagné d’une affiche où le comédien adopte une pose lascive – rappelant un genre cinématographique dans lequel il n’a pas sévi -, ce one-man, qui suggérait une mise à nu, a tenu ses promesses ! Enchaînant les anecdotes sur un passé dans lequel on est nombreux à se reconnaître, l’humoriste reçoit le public avec une telle simplicité et une telle décontraction qu’il donne l’impression de passer une soirée entre potes…


« Ça devenait viscéral… »


MORGANE LAS DIT PEISSON : Une tournée avec Emmanuel mais aussi une captation…

Manu Payet : Ça a été génial, en cette rentrée, de pouvoir faire une résidence dans un théâtre comme Le Colbert à Toulon car il est à taille humaine et permet une proximité avec le public ! Ça nous a bien remis dans le bain pour cette dernière partie de la tournée qui va suivre la captation du spectacle à L’Olympia. Après deux ans sur les routes avec Emmanuel, on est évidemment un peu triste à l’idée que ça s’arrête mais ça va me permettre d’écrire le prochain et de revivre ainsi à nouveau les plaisirs d’une tournée !

L’Olympia…

(rires) Ça fait bizarre même quand on y est déjà passé ! C’est impressionnant, c’est mythique alors point de vue stress, ce n’est pas la date que je préfère mais je ne la raterais pour rien au monde ! La première fois que j’ai foulé les planches de L’Olympia, j’étais trop jeune de métier et je n’avais pas mesuré l’ampleur de la chose ! J’ai eu peur en voyant mon nom en lettres rouges sur la façade alors je n’ai pas assez profité de cette soirée… Comme quoi, prendre de l’âge n’a pas que de mauvais côtés ! (rires)

Emmanuel n’est « que » ton 2ème one-man…

Je me suis retrouvé à aller finalement un peu « tard » sur scène alors que, tout petit, avant même de penser à faire de la musique, c’était ce que je voulais faire… En CP, j’organisais des spectacles dans la cour et j’étais excédé quand personne ne m’écoutait ! (rires) C’est la radio qui m’a fait repousser l’échéance mais c’est loin d’avoir été inutile car ces années m’ont permis d’apprendre à m’exprimer sans filet. J’ai d’ailleurs démissionné au bout de dix ans non pas parce que ça ne me plaisait plus, mais parce que je me sentais enfin prêt à jouer…

Ça demande un certain courage…

Ça devenait viscéral, je sentais que j’avais besoin de me lancer mais c’est vrai que plus les années passent, plus tu t’installes dans un boulot et plus ça devient compliqué de sauter le pas ! Il faut vraiment être passionné pour quitter un CDI qui te plait et envisager de jouer dans un théâtre qui risque d’être vide ! (rires) Je me suis forcé uniquement par peur de regretter un jour de ne pas avoir eu le cran d’essayer…

Et maintenant tu as celui de te mettre à nu…

L’idée de l’affiche d’Emmanuel me trottait déjà dans la tête pour mon premier one-man mais j’avais peur à l’époque de ne pas l’assumer ! (rires) Elle va comme un gant à ce spectacle car tout ce que j’y dis est vrai… C’est ma vision de mon histoire, de mon enfance, de mon adolescence… Ça raconte des choses qui n’ont pas toujours été drôles – comme la sévérité de mes parents – mais que le recul me permet de voir avec beaucoup plus d’humour qu’à l’époque ! (rires) Et puis, j’ai l’impression que ce spectacle est arrivé au bon moment car les gens deviennent de plus en plus nostalgiques… À l’heure du Airdrop et de Snapchat, on est tous un peu sensibles à l’évocation de nos bonnes vieilles K7 audio ou de nos sous-pulls à col roulé ! (rires) Ça fait du bien parfois de prendre le temps de regarder dans le rétro…

Un one-man comme une soirée entre potes…

C’est exactement ce que je voulais, que le public ait l’impression d’être venu bouffer à la maison et qu’on tchatche en prenant l’apéro ! Je ne sors pas du tout de scène et je raconte des anecdotes qui vont de l’enfance à ma dernière cuite chez un copain… Tu sais ce genre de soirée où tu dis à minuit à ta femme que tu ne vas pas tarder mais où tu rentres à huit heures du matin sans croissant et surtout sans ta clef ! (rires)

Maintenant que tu es papa, est-ce que l’adolescence t’inquiète ?

Non car j’ai eu la bonne idée d’avoir une fille ! (rires) Avec un peu de chance, elle ressemblera plus à sa mère qu’à moi ! Ce qui m’inquiète beaucoup plus par contre, c’est le monde dans lequel on vit… D’ailleurs, en faisant la voix off du documentaire L’illusion verte, j’ai pris conscience d’énormément de choses… Peu importe l’âge que l’on a, on a tous besoin d’être éduqués à l’écologie mais aussi aux dérives du greenwashing si on veut laisser une planète un peu plus décente aux générations à venir…

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson à l’occasion de son passage au Théâtre Le Colbert de Toulon • Photos Mathieu Hoareau


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Interview parue dans les éditions n°407 #1, #2, #3 et #4 d’octobre 2019

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