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INTERVIEW

Kev Adams en interview

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En dix ans de travail acharné, l’ex ado dont l’aisance scénique époustouflait autant le public que les professionnels à ses débuts a su démontrer qu’il n’était pas arrivé sur les planches par hasard ou par erreur…  Après deux seuls en scène, un spectacle en duo avec Gad Elmaleh, une succession de premiers rôles au cinéma, du doublage, de l’écriture de scénario ou encore de la production, Kev Adams est de retour sur les routes avec un troisième one-man-show – Sois 10 ans – qui, en plus de fêter sa première décennie de carrière, permet au public de découvrir qui il est devenu après tout ce temps passé à ces côtés… 

 

 


« Les critiques, les reproches et les compliments font partie du jeu… »


MORGANE LAS DIT PEISSON Sois 10 ans est déjà ton troisième one-man…

KEV ADAMS : Pour moi, ce seul en scène est vraiment très différend des précédents car je me suis autorisé à y être complètement franc et sincère… Ça ne veut pas dire que je ne l’étais pas avant mais j’ai la sensation que Sois 10 ans est le spectacle qui est le plus proche de ce que je suis réellement dans la vie de tous les jours. 

De nouvelles thématiques…

Chaque spectacle s’aborde d’une manière unique car il y a toujours différentes raisons qui nous poussent, à un moment donné, à monter sur scène pour y exprimer quelque chose. Dans celui-ci, j’ai eu envie de montrer que j’avais grandi, que j’avais changé et que je pouvais faire rire, dix ans après mes débuts, sur de nouveaux sujets, loin de l’adolescence qui me colle parfois un peu à la peau ! (rires)

Tu as grandi mais ton public aussi…

Et bizarrement, c’est ça qui est peut-être le plus difficile ! Quand j’étais petit, je m’intéressais à certains artistes mais au fil du temps, je les ai mis un peu de côté, comme enfermés dans une malle avec de vieux jouets qu’on garde en souvenir… Alors, pour passer ce cap là et ne pas être relégué au rang de vestige du passé, il faut travailler d’arrache-pied, être bon, drôle, impressionnant, proposer de véritables shows et surtout se renouveler sans cesse ! 

Dix ans de carrière…

Je ne les ai pas vus passer, c’est complètement dingue ! (rires) Quand on a la chance de travailler et de prendre son pied, ça va hyper vite… C’est d’ailleurs la première fois qu’on s’est dit avec mon équipe que ça valait le coup de faire un petit bilan tant dix ans, ça a quelque chose d’assez incroyable ! Derrière ce Sois 10 ans il y a aussi, je ne vais pas mentir, une espèce de petite « vengeance saine »… (rires) On m’a tellement dit les premiers temps que je n’allais jamais durer dans ce métier, que souffler ces dix bougies avec le public a une saveur très particulière… 

Tu as grandi « sous les yeux » des gens…

Oui et c’est d’ailleurs un des sujets que j’aborde dans le spectacle… Je me suis intéressé aux « soi-disant », aux « on-dit » et au téléphone arabe parce qu’on baigne dans une société où entre les réseaux sociaux et les journaux people, on croit connaître les artistes. J’ai réalisé qu’on était tous – moi y compris – criblés d’a priori alors ça m’a donné l’idée de mettre les pieds dans le plat en abordant directement ce sujet là ! Pour moi, c’est une marque de maturité que d’en parler sur scène car si je peux rire et faire rire en évoquant sur scène tout ce que j’ai pu lire et entendre à mon sujet, c’est que j’ai vraiment grandi et pris du recul ! (rires) Les critiques, les reproches et les compliments font partie du jeu, ils me touchent bien sûr mais ils ne me blessent pas...

Humoriste, comédien et producteur…

C’était essentiel pour moi d’avoir cette casquette de producteur pour défendre des sujets, parfois difficiles, qui me touchent. Faire des blockbusters c’est cool mais aborder le cancer chez les enfants avec Amis publics, c’est certes difficile, mais utile. Je crois en ces metteurs en scène car ils ont de vrais trucs à raconter, que ce soit Edouard Pluvieux avec Amis publics, Serge Hazanavicius pour Tout là-haut ou Tout nous sépare de Thierry Klifa… Quand j’ai découvert le scénario, j’ai tout de suite compris que ce film méritait d’exister. 

Un producteur qui ne pense pas qu’à la rentabilité…

Malheureusement, on est actuellement dans un marché du cinéma centré sur l’oseille… Je sais ce dont je parle moi qui suis considéré comme bankable… Les seules véritables questions qui se posent sur un film c’est combien ça va coûter, combien ça va rapporter et combien je vais prendre au passage… Bien sûr, tout le monde travaille pour gagner sa vie mais j’estime qu’il ne faut pas oublier qu’avant d’être un « produit » à commercialiser, un long-métrage est une oeuvre d’art, un objet un peu magique qui nous dépasse. 

Un film c’est un témoignage… 

Exactement, un jour, on aura disparu et pourtant, il restera encore ces films qui nous survivront… À mes yeux, je crois que c’est ce qui compte le plus. Les générations à venir sauront qu’à un moment donné, des gens ont pris du temps et dépensé de l’énergie pour bâtir une histoire qui les a touchés. Ça, ça me bouleverse et c’est pour ça qu’on a créé cette boite de prod. On doit être les seuls en France à avoir produit six films en trois ans tout en perdant de l’argent mais heureusement, l’idée n’est pas de devenir riche ! (rires) Si on arrive à faire des films, à faire émerger des talents et à raconter des histoires, on aura tout gagné ! Et puis franchement, le risque, c’est vraiment kiffant ! (rires)

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson au Palais de la Méditerranée de Nice • Photos Fifou


Interview parue dans les éditions n°403 #1, #2, #3 et #4 du mois de mai 2019

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