INTERVIEW

Jonathan Lambert & Florent Peyre en interview

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Devenue un véritable classique depuis sa création sur scène en 2010 – avant de devenir culte au cinéma deux ans plus tard -, la pièce d’Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte s’est rejouée, dès l’hiver dernier, avec autant de succès qu’à ses débuts. Mettant en scène Vincent Larcher (incarné par Florent Peyre) qui débarque pour dîner chez sa soeur et son beau-frère (campé par Jonathan Lambert) après la dernière échographie de sa compagne, Le prénom va – comme son titre l’indique – lancer le fameux débat auquel chaque futur parent doit faire face avant la naissance de sa progéniture ! Et quitte à ce que chacun y aille de son opinion et de sa réflexion, Vincent Larcher décide de clouer le bec à tout le monde en donnant un prénom auquel personne n’aurait pu s’attendre sans imaginer une seconde que ce qu’il pensait n’être qu’une blague pouvait dégénérer en pugilat !

 

Florent Peyre revient dans Le Mensuel de mars 2020 pour tout vous dire sur son nouveau one-man…

Jonathan Lambert & Florent Peyre : Jonathan Lambert & Florent Peyre, Le prénom : Marseille / 15 > 19 janvier • Grasse / 23 > 24 janvier

 


« On a tous connu un dîner qui a viré au « drame »… »


La dernière fois que l’on s’est vus, c’était pour ton one-man…

Jonathan Lambert : En effet et je trouve ça formidable depuis quelques années d’avoir la chance de pouvoir alterner entre one-man et théâtre ! J’adore le seul en scène mais il porte très bien son nom… (rires) Alors qu’en troupe, on peut se retrouver sur la plage, chercher ensemble l’endroit où on ira dîner après la représentation ou débriefer et c’est d’autant plus cool lorsque l’on joue dans une pièce comme Le prénom où il n’y a pas vraiment de premier rôle et où l’on est tous de la même génération… On s’entend bien, on a à peu près les mêmes centres d’intérêt et on est au service d’une pièce savoureuse… On n’aurait pas pu rêver mieux ! 

Le prénom, une pièce intimidante ?

Jonathan : Un petit peu quand même… (rires) Mais puisque c’est Bernard Murat, le metteur en scène original du Prénom, qui m’a appelé, je dois avouer que ça m’a rassuré ! Il savait où il allait et s’il me choisissait c’est qu’il estimait que j’allais correspondre au personnage même si j’apporte, comme mes camarades, ma propre personnalité à Pierre. C’est d’ailleurs ce qui est intéressant et qui fait de cette pièce un classique bien qu’elle soit contemporaine et que ses auteurs soient vivants ! (rires) Un classique est quelque chose qui se joue et se rejoue, qui passe d’interprète en interprète et c’est ce qui le maintient en vie…

Florent Peyre : Au début, le challenge me semblait quand même monumental entre le texte en lui-même et le fait de devoir réinventer un Vincent Larcher après Patrick Bruel ! (rires) Mais aujourd’hui, c’est un kif énorme, un cadeau exceptionnel pour un comédien ! Le seul bémol ce sont les partenaires… Ce n’est pas la sélection que j’aurais faite mais je suis bien obligé de me contenter ! (rires) Plus sérieusement, Bernard Murat nous a laissés emmener nos personnages vers notre propre univers et ça nous a permis de les nourrir différemment pour leur donner une nouvelle dynamique et de nouvelles nuances.   

Une pièce qui fonctionne autant qu’à ses débuts…

Jonathan : Je me suis surpris à me marrer bien que j’avais déjà vu le film et que j’étais dans une lecture non pas de « détente » mais de travail… Les mots sont ceux de tous les jours et pourtant les dialogues sont tellement bien fichus, écrits et millimétrés que si on en change rien qu’un seul, ça ne fonctionne plus ! C’est précis et brillant tout en réussissant à paraître « simple »… C’est d’ailleurs ça le plus compliqué à réaliser !

Une pièce collective…

Florent : C’est extraordinaire car il n’y a pas de personnage principal, les cinq rôles ont leur secret, leur crise, leur révélation ou leur moment de bravoure et c’est grâce à tout ces jalons qu’ils ont tour à tour posés tout au long de la pièce, qu’à un moment, tout explose et le public est hilare à chaque réplique ! Pour moi qui ai l’habitude d’être seul avec mon one-man-show, je prends un véritable plaisir à observer le jeu de mes camarades…

une soirée « basique » qui dégénère…

Jonathan : En effet et c’est là qu’on voit le génie du Prénom ! On a tous connu un dîner qui a viré au « drame » à cause d’un grain de sable ! (rires) Dans la pièce, on arrive presque au chaos ! Les gens rient dans la salle mais pour nous, sur scène, la situation est très grave car on la vit avec beaucoup de sincérité… En nous mettant en scène, Bernard Murat nous demandait de devenir réellement méchants au moment où notre personnage arrive au stade de vouloir mettre son poing dans la gueule à un des quatre autres ! C’est intense à interpréter mais c’est ça qui rend la chose aussi drôle et aussi puissante ! Les auteurs ont parfaitement su dépeindre cet effet balancier qui fait qu’on déteste nos proches autant qu’on les aime… Plus on aime quelqu’un, plus il peut nous décevoir, plus on risque de sombrer du côté obscure en devenant violent…

Une expérience dense qui risque d’influencer le travail à venir…

Florent : Tout ce qu’on fait nous nourrit et nous fait grandir mais en effet, j’ai la sensation que Le prénom va avoir un impact direct sur mon interprétation… Mon premier seul en scène était déjà très théâtral mais je pense que le second le sera encore plus et que mes personnages gagneront en finesse bien que j’adore toujours autant le côté cartoon….

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson au Théâtre Intercommunal Le Forum de Fréjus • Photos droits réservés


Interview parue dans les éditions n°410 #1, #2, #3 et #4 du mois de janvier 2020

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