INTERVIEW

François Vincentelli en interview

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Depuis le début des années 90, François Vincentelli ne cesse d’apparaître sur nos écrans, que ce soit au cinéma ou à la télévision. Avançant sereinement mais sûrement, le comédien s’est fait une place auprès d’un large public grâce à l’éclectisme de ses choix. De la série Clara Sheller qui narrait les tribulations amoureuses de trentenaires à Hard qui dévoilait les dessous de l’industrie du film porno en passant, dernièrement, par Double je où il s’était glissé dans la peau d’un ami imaginaire, François Vincentelli n’en a pas pour autant délaissé le théâtre où il s’est illustré là encore tant dans Quadrille que Nina ou dans l’adaptation scénique de Hard. Couronné d’un Molière pour sa prestation dans le désormais classique britannique Le canard à l’orange, l’acteur succède à Alain Lionel dans le rôle de l’amant à qui il a offert quelques touches d’un exotisme tout droit venu d’une Wallonie dont il est issu…

 

 

François Vincentelli, Le canard à l’orange

Vallauris Golfe-Juan / 25 janvier • Aix en Provence / 28 janvier > 01 février • Toulon / 02 mai • Fréjus / 03 mai

 


« Je suis un acteur populaire et ma seule envie, c’est de le rester… »


Après un succès parisien, Le canard à l’orange part en tournée…

François Vincentelli : On a environ 80 dates de tournée qui vont nous amener à changer continuellement de villes, de salles, de loges mais aussi de dimensions de scènes et je trouve ça très agréable. J’aime beaucoup changer de lieu car il y a continuellement de nouvelles contraintes qui nous obligent à sortir de notre zone de confort… On se retrouve par exemple sur des plateaux qui peuvent parfoir faire le double de celui auquel on s’était habitué à La Michodière donc ça modifie automatiquement nos déplacements et donc notre rythme de jeu. Et puis, dès qu’on change de salle, on découvre une nouvelle acoustique qui va influer sur notre façon de percevoir les réactions du public puisque les rires ne nous parviendront pas de la même manière en fonction de l’éloignement ou encore de la hauteur sous plafond… Je trouve ça très excitant et vivifiant !

Une nouvelle collaboration avec Nicolas Briançon…

Comme avec beaucoup de camarades de ce métier, on avait envie de travailler ensemble et on a eu la chance que ça puisse se faire. Avec Nicolas, au-delà de l’amitié qu’on se porte, on s’est réellement « trouvés » artistiquement. Je crois qu’on est faits du même bois, qu’on a le même humour et qu’on défend les mêmes valeurs… C’est un vrai généreux et un véritable partenaire de jeu avant d’être un metteur en scène… Il est toujours à l’écoute de ce que les comédiens proposent, il a une incroyable invention et une capacité à verbaliser et à concrétiser des idées que j’ai en tête… C’est très agréable de travailler avec lui car j’ai l’impression qu’on est toujours en phase ! (rires)

Une relation qui facilite le travail… 

Ça nous fait avancer à une vitesse folle car tout semble couler de source ! C’est encore plus flagrant sur Le canard à l’orange que sur Hard car on est véritablement une équipe d’amis… Voire plus puisqu’Alice Dufour est ma compagne ! (rires) Je ne me souviens même pas des répétitions tant tout était fluide, logique et limpide ! Cette pièce – avec son humour et sa mécanique -, semblait presque avoir été écrite pour nous ! (rires)

Ça pousse à se dépasser… 

Nicolas Briançon est presque un psychologue de l’acteur qui arrive à constamment s’adapter à la personne qu’il a en face de lui en cherchant à comprendre comment elle fonctionne. Il ne s’adresse pas du tout à moi comme il le fait avec Sophie Arthur ou Anne Charrier et il réussit ainsi à tirer le meilleur de chaque comédien… La preuve, j’ai eu un Molière et j’estime sincèrement que je le lui dois ! D’ailleurs, et ce n’est pas de la fausse modestie, bien que ça ait été une satisfaction personnelle énorme, cette récompense couronne le travail de toute l’équipe !

Recevoir un Molière change la donne ? 

Franchement ? Non ! (rires) J’ai même la sensation de recevoir moins de propositions qu’avant car les gens pensent que je suis surbooké ! (rires) Je suis un acteur populaire et ma seule envie, c’est de le rester… Recevoir un prix est un joli moment à vivre, c’est un magnifique cadeau que le métier m’a fait mais ça ne doit surtout modifier ma vision du travail. Ça tient de la bonne camaraderie, on partage une soirée que l’on consacre au théâtre et on salue le talent des uns et des autres mais ça ne fait pas de celui qui le reçoit un meilleur comédien. C’est très subjectif comme appréciation, ce n’est pas comme une compétition sportive où chaque participant s’est plié au même exercice dans les mêmes conditions avant de finir premier, deuxième ou dixième au classement… Je ne minore pas du tout le sentiment incroyable que j’ai ressenti en rapportant le Molière chez moi mais dès le lendemain, tout était de nouveau à refaire ! (rires)

Dernièrement il y a aussi eu la série Double je 

Et qui s’arrête hélas… On devait faire une deuxième saison que France 2 n’a pas validée… La diffusion de la saison 1 s’est retrouvée face à la finale de Koh-Lanta et à l’équipe de France de foot donc ce n’était pas le meilleur moment pour la tester…  C’est vraiment dommage car j’ai lu la saison 2 et elle est formidable ! On avait trouvé un code de jeu extraordinaire avec Carole Weyers alors ça a été un véritable crève-coeur d’apprendre qu’il n’y aurait pas de suite… J’ai adoré ce rôle d’ami imaginaire car j’aime faire des choses que je n’ai jamais faites. C’est pour ça qu’il y a eu Clara Sheller il y a une dizaine d’années qui dressait le portrait des trentenaires d’aujourd’hui, la série Hard qui abordait des sujets « sur le fil » comme la pronographie, l’homosexualité ou la sexualité et évidemment, Double je, où il y avait une véritable gageure et des codes de jeu à trouver. C’est ça que je veux pouvoir continuer à faire que ce soit à la télé, au cinéma ou au théâtre : découvrir, m’amuser, me surprendre moi-même et donner « l’envie d’avoir envie » comme disait Johnny… (rires)

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson chez Jacqueline Franjou pendant le Festival de Ramatuelle • Photos droits réservés


Interview parue dans les éditions n°410 #1, #2, #3 et #4 du mois de janvier 2020

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