INTERVIEW

Enrico Macias en interview pour Le Mensuel en 2014 Tournée anniversaire 50 ans Venez tous mes amis

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Enrico Macias

en interview 

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ENRICO MACIAS


Tournée anniversaire Venez tous mes amis !

   
 
 

« Les bons comme les mauvais moments, les épreuves, les joies, les gloires, les échecs,

les triomphes… Je me souviens absolument de tout ! »

Cinquante ans de carrière n’ont su ébranler la passion et l’enthousiasme de ce chanteur populaire à qui l’on prédisait pourtant, à ses débuts, qu’il ne ferait pas long feu… Comme quoi, si la vérité ne sort pas toujours de la bouche des enfants, elle est bien ancrée dans le coeur du public qui, quoi que l’on fasse, a constamment le dernier mot. Un public qu’Enrico Macias invite cette fois-ci à célébrer leurs cinquante ans d’amitié et de complicité…

 

   

enrico-macias-interview-le-mensuel-2014-50-ans-tournee-anniversaire-CMorgane L : Avez-vous pris de bonnes résolutions pour 2014 ?

Enrico Macias : Ah oui, bien sûr : travailler de plus en plus pour oublier mon âge… ! (rires) et pour mieux apprécier mes vacances ! (rires)

Vous viendrez au Cannet le 22 mars prochain avec la tournée « Venez tous, mes amis ». Avant de devenir une tournée, c’était un album pour fêter vos cinquante ans de carrière. Les avez-vous vu passer ces cinquante années là ?

C’est passé extrêmement vite et pourtant, je me rappelle de tout ce qui s’est passé durant ces cinquante ans… Les bons comme les mauvais moments, les épreuves, les joies, les gloires, les échecs, les triomphes… Je me souviens absolument de tout ! Je vous assure que tout ça fait partie de mon environnement, de mon univers, ces cinquante ans font partie de ma vie et jusqu’à mon dernier souffle, je ne pourrai jamais les oublier !

Mais vous avez réalisé que ce temps là était passé ou c’est en faisant ce genre de bilan là
que l’on prend conscience des années écoulées ?

Tout d’abord, c’est une immense privilège d’avoir vécu jusqu’à cet âge là, d’avoir tenu pendant cinquante ans le haut du pavé. J’estime que j’ai eu vraiment beaucoup de chance ! Bien sûr que j’ai beaucoup travaillé, bien sûr aussi que ce n’est pas parce qu’on a la passion de la musique et du travail que le succès est automatique. Il y a toujours une part de chance dans le succès. Je pense que c’était ma destinée et je ne pensais vraiment pas un instant pouvoir durer aussi longtemps, jusqu’à maintenant. Quand je suis arrivé, tout le monde disait qu’Enrico Macias était le chanteur des pieds-noirs et que ça allait s’arrêter assez vite. Et tout est finalement arrivé si rapidement, après à peine deux petites années de galère que même moi je me disais que ça ne pouvait pas continuer très longtemps ! (rires)

Et puis j’ai continué… Quand j’ai fêté mes dix ans de carrière je me suis dit « Quelle merveille j’ai tenu dix ans ! » ! (rires) Puis j’ai fêté mes vingt ans, mes trente ans, mes quarante ans et finalement mes cinquante ans ! Vous vous rendez compte ? C’est une chance inouïe ! (rires) Je dois dire que cette chance là, je la dois à la providence bien sûr, mais aussi et surtout au public qui m’a toujours suivi, qui a toujours été fidèle, qui a toujours compris les messages que je lui envoyais et qui a toujours adhéré complètement à mes spectacles. Vous savez, dans mes spectacles, je réunis toute la diversité de la société française, tous les gens d’opinions politiques différentes, tous les gens qui pourraient être en conflit ailleurs… Mais dans mes salles de spectacle, je les réunis grâce à la musique, je réunis toutes les communautés, je réunis tout le monde et ça c’est le plus beau cadeau !

Oui et d’ailleurs en politique, j’ai vu que vous souteniez Anne Hidalgo pour la mairie de Paris alors vous aviez soutenu Nicolas Sarkozy en 2007 et 2012… C’est la preuve que dans notre pays comme dans bien d’autres, il faudrait dépasser tous ces clivages droite / gauche et ne suivre que des personnes qui ont envie que les choses changent ?

Exactement ! Et c’est la réponse que je voulais vous faire. J’ai suivi Nicolas Sarkozy parce que je le trouvais très compétent pour gérer la France et je le suivrais encore, je voterais encore pour lui s’il revenait et surtout, je souhaite son retour ! Je ne peux pas mieux vous dire ! Anne Hidalgo, c’est pareil, je l’adore. Pour Paris, je trouve qu’elle serait le maire idéal après Delanoë que j’ai beaucoup aimé et qui est un ami de longue date. Je tiens ma promesse vis-à-vis d’Anne Hidalgo, et puis c’est une femme bien puisqu’elle est andalouse comme moi et qu’elle adore mes chansons ! (rires) Vous comprenez, moi je ne vote pas pour des idéologies, je vote pour des gens que je crois compétents. D’ailleurs, Nicolas Sarkozy, en devenant Président de la République, a fait l’ouverture à gauche, il a pris des Ministres de gauche, Kouchner, Besson, Frédéric Mitterrand. Je suis pour une certaine éthique de vie. Je ne vote ni pour la droite, ni pour la gauche, ni pour le Front National, je vote pour la valeur des personnalités. Je ne suis pas sectaire.

Pour revenir sur votre carrière, quel est votre tout premier souvenir professionnel marquant, quelle est la rencontre qui a tout fait basculer, il y a cinquante ans ?

Oh il y en a eu plusieurs évidemment en cinquante ans ! (rires) Mais je vais vous confier une anecdote que je crois ne jamais avoir racontée… J’avais un oncle, qui est malheureusement décédé aujourd’hui, Tonton Gilbert, qui tenait un restaurant à Nice. C’est là que j’ai atterri après moult voyages après mon retour d’Algérie. Il avait un client qui s’appelait Cousin Bibi, c’était à l’époque un très grand animateur de Radio Monte-Carlo et mon oncle lui a parlé de moi parce que j’écrivais des chansons que jeenrico-macias-interview-le-mensuel-2014-50-ans-tournee-anniversaire-D chantais. C’était en 1962. Cousin Bibi m’a fait engager au Casino de Saint-Raphaël où la vedette du spectacle était Gilbert Bécaud. Je suis passé en toute première partie de son spectacle, tout à fait au début du programme, quand les gens n’étaient même pas encore assis. J’ai fait un bide incroyable ! (rires) On ne m’a pas sifflé, ni même jeté, on ne m’a pas entendu ! (rires) J’étais déçu, j’étais dans mon coin, j’avais les larmes aux yeux, j’avais beaucoup de peine. En plus les gens défilaient devant moi pour demander un autographe à Gilbert Bécaud ! Pour ma première expérience, c’était quand même une catastrophe ! (rires) La vedette américaine du spectacle était Line Monty qui revenait d’Alger et qui me connaissait très bien. Elle est montée sur scène et au milieu de son spectacle, elle m’a demandé de monter sur scène. Je ne l’oublierai jamais ! J’y suis allé, elle m’a laissé chanter quelques chansons et j’ai fait un triomphe ! Le lendemain Louis Nucéra, qui est ensuite devenu un très grand écrivain et surtout un ami, a rédigé la critique du spectacle en déclarant « Une étoile est née : Enrico Macias ». Ça restera le souvenir le plus marquant de ma carrière…

Dans le dernier album, on retrouve 17 titres que vous partagez en duo avec d’autres artistes. Comment avez-vous pu faire un tri parmi vos dizaines et dizaines de titres et comment avez-vous choisi ces artistes là ?

Mon fils et la maison de disque ont eu l’idée de faire des duos mais ce qui est extraordinaire, et je ne sais pas comment ils l’ont su, c’est que ce sont les chanteurs euxmêmes qui se sont présentés et qui ont désiré faire ces duos. Alors je les ai laissé choisir eux-mêmes les chansons qu’ils préféraient.

Il y a des artistes plus jeunes sur cet album comme Mickaël Miro, Natasha St-Pier et Corneille, c’était important pour vous de mélanger un peu les générations ?

Oui bien sûr, comme dans le public d’ailleurs, il faut mélanger les générations. Vous savez, aucun artiste n’est un véritable créateur en réalité parce qu’il ne fait que s’inspirer d’autres artistes qu’il a aimé et qui l’ont influencé. La transmission est un devoir pour chaque artiste, il faut léguer, non seulement à ses enfants ou petits-enfants mais aussi à des gens qu’on ne connaît pas mais qui deviendront des successeurs, des élèves éventuels puis de futurs maîtres.

Sur cette tournée, aura-t-on des surprises ? Sur la date du Cannet par exemple ? Je présume qu’il est extrêmement difficile de refaire ces duos sur scène ?

Non c’est trop difficile malheureusement en tournée de refaire ces duos, de coordonner les dates. Je vais rechanter des chansons anciennes, des plus récentes, des toutes nouvelles. Mais surtout je vais mélanger mon spectacle avec de la musique arabo-andalouse, je vais montrer toutes la facettes de ma carrière musicale.



Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel
Interview parue dans l’édition n°346 de mars 2014

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