Jean de Blignières
CONCERT
Charlie Winston en interview pour sa tournée et son album « Love isn’t easy »
« L’amour demande beaucoup de courage… » Charlie Winston
Le plus français des Britanniques s’est offert quelques concerts intimes « à domicile » cet été… Sudiste de cœur grâce à sa femme qui l’a attiré dans nos contrées méditerranéennes, Charlie Winston a en effet – avant même que son 6ème album, « Love isn’t easy », ne sorte le 10 octobre dernier – participé au festival LAC Arena. Flottant littéralement sur l’eau du lac de Roquebrune-sur-Argens avec son piano, le chanteur a profité de cette bulle poétique et hors du temps pour dévoiler quelques titres en avant-première et surtout, partager un moment d’exception avec un public qui lui est fidèle depuis une quinzaine d’années.
Charlie Winston en interview pour sa tournée et son nouvel album « Love isn’t easy »
interview / concert / album / tournée
- 13 novembre 2025 / 20:30 / Aix-en-Provence / 6MIC / infos & billetterie ici !
- 14 novembre 2025 / 20:30 / Nîmes / Paloma / infos & billetterie ici !
- 15 novembre 2025 / 20:30 / La Seyne-sur-Mer / Centre Culturel Tisot / infos & billetterie ici !
- 23 > 24 janvier 2026 / 20:30 / Antibes / Théâtre Anthéa / infos & billetterie ici !
- 26 mars 2026 / 19:30 / Puget-sur-Argens / Le Mas d’Hiver / infos & billetterie ici !
- 27 mars 2026 / 20:30 / Velaux / Espace NoVa / infos & billetterie ici !
Morgane Las Dit Peisson : Jusqu’à présent, tu comprenais très bien le français mais répondais en anglais…
Charlie Winston : Je n’ai pas de mérite, je suis obligé de parler français maintenant que j’habite dans le Sud ! (rires) En revanche, à la maison, on échange en anglais pour que les enfants apprennent les deux langues.
Certains ne font pas cet effort…
Ça a été hyper dur d’apprendre votre langue ! (rires) Par rapport à l’anglais, c’est extrêmement compliqué mais je n’aurais pas voulu être un expat comme ça, je ne comprends pas les Anglo-Saxons qui ne font pas l’effort car, pour moi, c’est vraiment important. Peut-être parce que je travaille ici et que j’ai beaucoup de public en France ? Quand je suis sur scène, je veux pouvoir communiquer avec les gens qui me font le plaisir de venir…
Tu as une histoire particulière avec la France depuis 20 ans…
Je suis tombé amoureux de la France avant même de tomber amoureux de ma femme ! (rires) Je jouais beaucoup à Londres dans un open mic organisé par un couple de Français. Ce sont eux qui m’ont attiré ici ! Vers 2005, j’ai entamé une petite tournée tout seul et je ne suis plus vraiment reparti… Avant, il m’arrivait d’avoir le mal du pays mais maintenant ça va. Il faut accepter que la vie change et qu’elle nous change. Ce qui me manque, ce sont les gens et parfois, la nourriture ! (rires) Il m’arrive de rêver du petit-déjeuner anglais, chaud et salé avec les saucisses et le bacon bien épais… (rires) Mais je me suis bien adapté à la gastronomie française !

Française et méditerranéenne puisque tu vis dans le Sud, sur la Côte d’Azur…
J’aime vraiment le paysage du Sud… C’est magique d’avoir à la fois les montagnes et les plages ! Ça nous permet de faire plein de choses et plein de sports différents en famille. Et bien sûr, il y a la nourriture niçoise ! J’adore la socca, le pan-bagnat, les beignets de fleurs de courgettes. Ma femme a grandi là donc grâce à elle, je suis devenu un vrai « local » !
Au festival Lac Arena, les concerts se font en flottant sur l’eau…
Ce n’est pas la première fois que je joue sur l’eau car je l’ai fait pour mon clip Exile mais, à Roquebrune-sur-Argens, c’est la première fois que je le fais en public. Je suis très heureux d’être seul au piano car c’est de plus en plus rare que je me produise comme ça, bien que ce soit mon premier instrument.
J’ai commencé la musique en faisant du beatbox et du breakdance quand j’avais dans les 6 ou 7 ans. Puis, pour un anniversaire, j’ai reçu une batterie donc j’ai débuté ma formation musicale de façon très rythmique. Ce n’est que vers 10 ans que j’ai entamé le piano et rapidement, j’ai été obsédé par ça ! (rires) C’est un instrument qui est très cher à mon cœur alors que tout le monde me connaît pour la guitare depuis Like a Hobo.
Bizarrement, je n’ai jamais considéré que la guitare était mon instrument, elle est surtout pratique à transporter. Ce qui est bien aussi en me dévoilant plus au piano, c’est que ça donne une autre personnalité à ma musique. Et en ce qui concerne le festival LAC Arena, c’est exceptionnel de pouvoir proposer un concert en jouant sur l’eau, c’est très poétique, romantique et impressionniste à la fois…
Un nouvel album, « Love isn’t easy »…
Tous les albums se préparent différemment. Pour Curio City par exemple, on n’était que deux dans un studio à Londres alors que pour celui-ci, on s’est retrouvés, avec mon groupe, pendant toute une semaine. Ça donne une ambiance très live. J’aime ça parce que j’ai grandi avec la notion de groupe, mon frère en avait un, ma sœur aussi et toute ma vie, j’ai été dans un groupe. C’est quelque chose dont j’ai besoin, même si chaque projet est toujours très différent du précédent.
Quand on arrive au 6ème album, on est dans quel état d’esprit ?
J’ai hâte que les gens le découvrent parce que j’en suis très content. Pour la première fois, j’ai pu proposer des morceaux en festivals avant que l’album ne soit paru et c’est génial parce qu’avec mon équipe, ça nous donne l’occasion de tester des choses pour la tournée à venir…
Plusieurs dates de concerts sont complètes avant même que l’album ne soit sorti, c’est un gage de confiance et de fidélité du public…
C’est très beau et je suis très reconnaissant d’avoir un public aussi présent à chaque nouvelle proposition. Mais je suis un showman donc je pense que les gens viennent avant tout pour ça, comme lorsqu’ils vont voir Ibrahim Maalouf ou – M -, c’est plus pour l’ambiance que pour l’album. Quand je suis sur scène, je lâche prise totalement, je suis comme avec des amis !
Un album qui parle de la complexité des sentiments…
Love isn’t easy signifie que l’amour, ce n’est pas simple ! (rires) Mais c’est important de dire que ce n’est pas un titre négatif, c’est juste un fait. C’est beaucoup plus facile de se protéger par peur, que d’oser aimer. L’amour, ça demande beaucoup de courage, d’investissement et de patience… Donc ce n’est pas facile mais ça en vaut la peine.
Oser aimer quelqu’un, c’est accepter de prendre le risque de le perdre un jour…
Exactement, parce qu’on va perdre tout le monde, c’est une réalité ! (rires) Et c’est quand on accepte ça qu’on peut réussir à vivre au présent pour profiter pleinement de la vie avant de la perdre… C’est l’illusion de la maîtrise et de l’éternité qui nous fait souffrir. Accepter de perdre, c’est admettre de ne rien posséder et si on comprend ça, on se sent plus libres et plus présents pour les gens qu’on aime… C’est de se projeter en permanence qui nous fait du mal !
Ça a toujours été ta façon de voir la vie ou c’est dû à l’âge et aux expériences ?
J’ai toujours eu conscience de la fragilité de l’existence et du fait de ne pas avoir le contrôle… C’est pour ça que j’ai écrit par exemple Kick the Bucket (dans l’album Hobo) qui parle de la mort, après être allé en Inde. Là-bas, on regarde la mort en face, elle est très présente alors qu’ici, en Europe, on a tendance à cacher les gens dans les hôpitaux ou les maisons de retraite, parce qu’on ne veut pas voir la réalité de ce qui nous attend tous.
Le fait de vouloir cacher nos rides n’est pas que frivole, c’est aussi pour éviter de voir qu’on s’approche un peu plus de la fin…
Oui, c’est exactement ça, ce n’est pas qu’une volonté d’être beau parce qu’on peut être beau à tout âge, c’est juste qu’on a peur de se rapprocher de la mort… Et crois moi, je suis comme tout le monde, je n’en ai pas envie non plus ! (rires) Mais la société nous conditionne à être dans le déni et nous fait encore plus de mal !

Les rides témoignent aussi des années de scène et de rencontres…
C’est comme ça que j’essaye de le voir ! (rires) Mais ça m’a demandé un gros travail sur moi avec une psy. J’ai adoré faire ça car ça m’a servi tant personnellement qu’artistiquement. L’humain est très complexe, avec beaucoup de couches à explorer… C’est comme une montagne, il y a toujours des choses à découvrir !
L’introspection fait partie du travail de l’artiste…
Oui ça permet d’être plus juste dans les textes mais je crois que c’est important pour tout le monde de faire cet « examen » de soi, bien que ça ne soit pas facile et que ça fasse peur…
« Never enough », une musique enjouée pour des paroles qui le sont moins…
Ce morceau parle de la pression, de l’illusion de célébrité, de la course au succès, des réponses qu’on recherche dans les regards des autres alors qu’elles sont en nous. On a besoin, surtout à notre époque, d’avoir la preuve qu’on existe. J’ai vécu ça, ce désir de monter, le fait qu’on te pousse à aller plus haut… Et en même temps, c’est ce qui te donne l’envie de faire toujours mieux, d’être plus créatif, de te dépasser, de te prouver que tu en es capable…
© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson au L.A.C Arena Concerts pour Le Mensuel / Photo Jean de Blignières
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