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INTERVIEW

Yvan Le Bolloc’h en interview

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Yvan Le Bolloc’h et Bruno Solo, depuis que la série Caméra Café leur a offert une incroyable notoriété, nous semblent littéralement inséparables et pour cause… Car si, pour bon nombre d’entre nous, nous les découvrions au début des années 2000, les deux compères se connaissaient quant à eux déjà depuis longtemps et animaient ensemble des émissions de télé consacrées à la musique. Amis plus que simples collègues, ils ont donc connu à deux le succès en télé puis au cinéma avant de s’essayer sur les planches. Et, bien que côte à côte ils dégagent une certaine force comique, ce n’est pas sur un two-men-show qu’ils ont jeté leur dévolu mais sur une véritable pièce de théâtre pleine de subtilité, d’humour, de réalisme et de fond traitant entre autres de la question de la tolérance face à un individu différent de nous et de nos idéaux. L’heureux élu – écrite par Éric Assous -, qui s’est prolongée plusieurs fois sur Paris avant de s’offrir une date exceptionnelle cet été aux Nuits Auréliennes, est désormais en tournée tout cet automne…

 

dans « L’heureux élu » à Marseille le 19 octobre 2017, à Hyères le 20 octobre 2017 et à Cannes le 22 octobre 2017


« J’apprends beaucoup des autres… »


 

Morgane Las Dit Peisson : Cet été il y a eu une date à Fréjus avec L’heureux élu mais le reste du temps tu étais à Avignon… 

Yvan Le Bolloc’h : Avignon c’est un peu notre campagne de Russie à nous les comédiens, producteurs, metteurs en scène… Il y a chaque jour environ 1400 spectacles donc il faut réussir à sortir du lot et surtout ne pas croire que parce qu’on est un peu connu, ça fonctionne tout seul. Il faut se bouger et aller chercher les spectateurs avec les dents ! (rires) Parfois, c’est un peu fatigant, en particulier à cause de la chaleur, mais ça me plait parce que ça fait partie du métier. Un comédien est avant tout un camelot mais quand ça marche bien pour lui et que les salles sont pleines, il a tendance à oublier la chance qu’il a… Avignon, ça nous remet tous un peu à notre place !

Tu y étais avec Faut pas rester là…

C’est un genre de one-man-show gitan – mis en scène par mon camarade Jean-Jacques Vanier – qui ouvre le coeur et qui donne envie d’avoir du vent dans les cheveux, de prendre la voiture et de filer tout droit vers le sud ! (rires) Faut pas rester là, c’est la compilation de dix ans de souvenirs tant personnels que professionnels avec le groupe que j’ai monté, Ma guitare s’appelle revient

Comment un breton a-t-il rencontré la musique gitane ?

La première fois que j’ai vu et entendu de la rumba flamenca, c’était par des experts du genre – la famille Canut Reyes – et ça a été un choc pour moi, mon âme a tressauté ! Nous, les celtes, on a un fond de mélancolie – il faut dire qu’avec le temps qu’on a, on est obligé (rires) – et surtout, on est d’une nature curieuse grâce à la mer qui nous a permis de partir à la découverte du monde… Un peu comme les gitans finalement les bretons ont beaucoup bougé alors c’est peut-être pour ça que je m’en sens proche et que j’ai été si bouleversé par cette musique sur le fil, à la fois profondément mélancolique et complètement gaie et euphorisante, pleine de promesses… Et puis, c’est le dernier grand honneur des gitans alors quand on veut participer à son rayonnement, ça ne se fait pas à la va-vite et ça se respecte car il y a une réelle responsabilité derrière…

Tu es donc d’une nature curieuse…

Il y a évidemment plusieurs manières de concevoir nos métiers mais personnellement, ma matière première, c’est ce que je vis tous les jours avec mes congénères que j’observe sans cesse. Ma femme me dit d’ailleurs souvent que j’ai l’air d’un flic à force de dévisager les gens de la tête aux pieds ! (rires) J’apprends beaucoup des autres, j’aime regarder les mimiques, les postures, la façon dont les gens se disent bonjour dans la rue, je me plais à imaginer ce qu’ils ont fait juste avant et je tente de deviner où ils vont après… Je crois même que c’est devenu un tic, pour ne pas dire un TOC ! (rires) À mes yeux, la vie est un théâtre qui donne tous les jours l’occasion de raconter des histoires.

Tu es resté simple et abordable…

Avec Bruno Solo, on est des comédiens « de télé » donc il y a entre le public et nous une certaine familiarité, une proximité qui s’est installée au fil des années. Quand on croise des gens, parfois ils nous tapent sur l’épaule car ils ont l’impression de nous connaître à force d’être rentrés régulièrement par effraction dans leur salon ! (rires) C’est la magie de ce média… Bien sûr ce ne soit pas toujours facile à gérer car on reste des êtres humains avec des hauts et des bas, des douleurs et des préoccupations mais même quand on n’est pas hyper disponible, on essaie de l’être car c’est la moindre des choses que l’on doit à un public qui nous suit depuis tant d’années.

L’heureux élu n’est pas votre 1ère fois sur scène, mais votre 1ère pièce ensemble avec Bruno Solo…

En effet, on avait déjà présenté un spectacle tous les deux il y a une quinzaine d’années, arbitré par Tom Novembre… C’était un combat musical puisque Bruno est également musicien… Mauvais bien entendu puisque c’est un batteur et qu’en gros ça sert à donner l’heure… (rires) C’était super marrant, on opposait nos deux formations musicales, d’un côté Ma guitare s’appelle revient et de l’autre, le groupe tout en finesse de Bruno : Grosse caisse… Par contre, le théâtre avec les trois coups, c’est la toute première fois.

Et c’est une vraie pièce…

Oui L’heureux élu est réellement une pièce chorale à cinq personnages. Si on avait été au centre de tout avec Bruno entourés de personnages secondaires, ça n’aurait pas été une pièce mais une escroquerie et on ne voulait pas de ça, c’est d’ailleurs pour ça qu’on ne s’était jusque là jamais lancé au théâtre. On est très attaché à l’intrigue, à la qualité des dialogues et à la contemporanéité de ce texte d’Éric Assous.

Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photos droits réservés 

 

Interview de Bruno Solo ici…

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