COUPS DE COEUR

Victoria Abril & Lionnel Astier en interview pour la pièce « Drôle de genre »

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« J’aime représenter les minorités… » Victoria Abril

 

À l’affiche de la toute 1ère pièce de Jade-Rose Parker (qui incarne leur fille sur scène),  Victoria Abril et Lionnel Astier rivalisent d’énergie, de talent mais aussi de sincérité pour aborder avec autant de respect, que d’humour et de profondeur les questions de l’identité et de la tolérance. Mariés et heureux depuis 30 ans, leur équilibre va exploser lorsque Carla va découvrir qu’elle a un cancer de la prostate…

 

 


 

Victoria Abril & Lionnel Astier pour « Drôle de genre »

  • à l’Espace Culturel Victor Hugo de Puget-sur-Argens le 21 octobre 2022
  • au Casino Hyères les Palmiers de Hyères le 22 octobre 2022

 

 

 


 

Morgane Las Dit Peisson : Drôle de genre, une pièce contemporaine écrite par Jade-Rose Parker…

Victoria Abril : Cette jeune auteure d’à peine 31 ans avait déjà écrit cette sublime pièce il y a 5 ans ! C’est une jeune femme talentueuse qui joue également notre fille sur scène…

Lionnel Astier : C’est une véritable chance de donner la réplique à un auteur et avec elle, tout a été extrêmement facile et fluide. Son écriture est très juste et ne nécessitait quasiment aucun changement mais ça ne l’a pas empêchée d’être à notre écoute quand on a exprimé des idées. Elle est encore toute jeune mais c’est déjà une grande professionnelle. Dès la lecture, je l’ai senti. Je ne savais pas qui elle était, quel âge elle avait ni que c’était sa 1ère pièce. Tout ce que j’ai su en attaquant la 1ère page, c’est que je n’allais pas pouvoir décrocher avant la fin ! (rires) On ne peut pas tricher avec l’écriture…

Victoria : Personnellement, j’avais envie de jouer une transsexuelle et c’est Pascal Guillaume – notre producteur – qui m’a parlé de ce projet. Comme Lionnel, dès la 2ème page, j’ai réalisé quelle merveille j’avais entre les mains ! Je l’ai lue 3 fois d’affilée et rappelé Pascal immédiatement pour que le rôle ne me passe pas sous le nez ! (rires)

 

« J’avais envie de jouer une transsexuelle !«  Victoria Abril

 

 

Elle aborde la question du transgenre sans tomber dans la caricature…

Lionnel : C’est exactement ça ! Drôle de genre en parle bien et a l’intelligence de ne pas tourner qu’autour de ça. Ce n’est presque qu’un prétexte pour aborder la question de la tolérance. 

Victoria : On rit énormément dans cette pièce et pourtant, par moments, nos personnages vivent un vrai drame et ressentent une profonde tristesse… Elle est une véritable tragi-comédie, un vaudeville très moderne plein de finesse. Ce n’est jamais lourd, gras ou caricatural…

 

 

« C’est une ode à la tolérance !«  Victoria Abril

 

Moderne sur le fond et sur la forme…

Victoria : On a abattu le 4ème mur car c’est une pièce qui comporte des scènes interactives. Le public réagit, prend position et ça donne une saveur différente chaque soir. C’est une ode à la tolérance où l’on est tous amenés à réfléchir sur nos convictions et sur ce que l’on est prêts à accepter pour les personnes qui nous sont chères… C’est très thérapeutique ! (rires)

Lionnel : On rit effectivement sur un ton grave. On n’a d’ailleurs pas travaillé au départ sur la comédie pure mais sur nos tragédies mutuelles que cette crise identitaire va faire naître. Pour un homme politique, découvrir avant les élections que sa femme est trans – au-delà du fait que ce soit difficile à digérer personnellement – c’est un risque de voir s’écrouler sa carrière ; et en ce qui la concerne, avant même de savoir ce qu’il va advenir de la vie qu’elle s’est construite ces 30 dernières années, il y a tout de même la question de la maladie… Je pense que c’est parce que ce fond est grave que les gens rient autant. D’ailleurs, plus on souffre, plus ils rient, c’est dingue ! (rires)

 

 

Une mise en scène épurée, moderne et élégante…

Victoria : Jérémie Lippmann n’est pas un metteur en scène qui travaille à la virgule près en revanche, dès qu’il sent qu’il n’y a pas assez de sincérité dans le jeu ou que l’acteur se regarde trop le nombril, il devient intransigeant. Il était exigeant sur notre préparation (il était inconcevable pour lui qu’on joue avec le texte en main même les 1ers jours) tout en nous laissant une liberté quasi totale pour ressentir et façonner nos personnages avec sincérité. Son talent à lui c’est de réussir à nous amener vers notre propre état de grâce…

 

« L’ordinaire m’ennuie…«  Victoria Abril

 

 

Victoria, vous avez tendance à vous diriger vers des personnages aux destins hors norme…

Victoria : Les gens heureux n’ont pas d’histoire à raconter… L’ordinaire m’ennuie et je pense que tu ne viens pas au cinéma ou au théâtre pour voir quelque chose qui ressemble à ton quotidien. En tous cas, moi, je ne fais pas ce métier pour rester moi-même, ce sont les autres qui m’intéressent, qui m’enrichissent… Tout ce qui n’est pas « moi » m’attire et c’est vrai que j’aime représenter les minorités, quelles qu’elles soient…

©Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel aux Nuits Auréliennes de Fréjus / Photos droits réservés & Fabienne Rappeneau / interview dans Le Mensuel d’octobre 2022

 

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