INTERVIEW

Pauline Croze en interview

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Bien que franco-française née en région parisienne, Pauline Croze possède un je-ne-sais-quoi de si ensoleillé et rythmé qu’on l’imaginerait facilement être originaire d’un pays chaud et exotique… Pourtant, si la musique qu’elle compose invite à l’évasion, les textes qu’elle écrit incitent quant à eux une réflexion sur le sens de la vie et sur les émotions. La discrète et délicate interprète de T’es beau et Baiser d’adieu est en effet revenue avec Ne rien faire, un nouvel opus qui expose la complexité et l’amplitude des sentiments que l’on peut ressentir tant lorsque l’on est confrontés aux autres qu’à nous-mêmes.

 

Pauline Croze à Nice le 18 avril, au Pradet le 20 avril, à Aix le 21 avril

 


« J’ai pensé mes chansons un peu comme des profils psychologiques… »


Morgane Las Dit Peisson : Tout a l’air d’aller pour le mieux…

Pauline Croze : La tournée est lancée alors c’est vrai que je ne peux pas être plus heureuse puisque c’est la période que je préfère ! (rires) J’adore être sur la route, voyager, rencontrer de nouvelles personnes et partager du temps avec mes nouveaux musiciens.

Partir en tournée, c’est aussi se réapproprier différemment les morceaux d’un album…

Oui et comme on n’est « que » trois sur scène, il a fallu réadapter les morceaux. Ça demande un gros travail et quelques sacrifices car on est, en concert, obligés de renoncer à certains sons que l’on s’était permis en studio. Mais, comme à toute chose malheur est bon, ça nous a conduits à nous recentrer sur l’essentiel et à être encore plus près du guitare-voix vers lequel Ours s’était dirigé pendant la réalisation de l’album Ne rien faire. C’est une autre phase passionnante du travail d’artiste, peut-être un peu plus artisanale, qui nous pousse à nous surpasser afin que le public n’ait pas l’impression d’écouter l’album tout en en ayant l’entière saveur…

Le dernier album permet une multitude d’ambiances…

C’est vrai qu’avec Tu m’ballades, on exploite un côté assez tonique, nerveux et explosif alors que sur des morceaux comme Fièvre ou Tu es partout, on est plus en retrait, dans la douceur et dans la nuance… Tous ces derniers titres ainsi que ceux de mes précédents albums permettent, grâce aux différents tempos, d’avoir du relief et puis, sur scène, c’est également accentué par nos « participations ». On peut être tous les trois, je peux être seule en guitare-voix, les musiciens peuvent ou non faire les choeurs et ça donne des tableaux qui ne se ressemblent pas… 

Vous êtes attachée à l’écriture et à la création, pourtant le précédent pus Bossa Nova était fait de reprises…

J’ai sorti Bossa Nova car j’avais envie d’une parenthèse… J’ai étrangement ressenti que j’avais besoin, à un moment donné, de n’être qu’une interprète… À ce moment là, j’avais déjà commencé à me pencher sur ce qui est devenu mon dernier album mais j’ai fait quelques blocages et surtout douté de certaines mélodies… J’avais la volonté de me livrer un peu plus sur Ne rien faire mais, il y a encore deux ans de ça, je n’étais pas encore prête à franchir le cap. Bossa Nova m’a en quelque sorte allégée et m’a donné la confiance en moi qu’il me manquait pour mettre sur pied ce projet. Être juste « chanteuse », comme un acteur qui endosse un rôle, sans porter sur ses épaules les choix et les risques inhérents à la composition et à l’écriture, m’a fait autant de bien que de me remettre ensuite à créer ! (rires)

Quand on est sur tous les fronts, ce qu’on livre au public est automatiquement sincère et intime…

C’est, je crois, ce qui me bloquait… Quand j’écris, je m’inspire de ma vie, de celle des gens qui m’entourent alors il faut se sentir suffisamment sûr de soi pour se confronter aux critiques et aux jugements des gens qui, en donnant leur opinion sur des chansons en donnent, sans s’en rendre compte, sur ce que l’on a de plus cher. Écrire est un processus étrange car on cherche juste à s’exprimer et à se libérer tout en sachant – et c’est tout à fait normal -, qu’on sera attendu au tournant… Même si bien évidemment, on ne joue pas son existence en sortant un album, il faut se sentir assez fort et serein pour affronter les réactions des gens. 

La musique brésilienne de Bossa Nova vous allait à merveille…

Je ne sais pas d’où me vient cette attirance pour les musiques chaudes et rythmées… Mes parents écoutaient beaucoup de musique, mais pas celle là. Je suis très curieuse quand quelque chose me passionne et dès l’adolescence, j’ai eu besoin de découvrir de nouveaux sons et de nouvelles vérités. Les voyages aussi m’ont énormément appris et inspirée…

Le thème de l’amour est très présent, les morceaux de l’album le décortiquent…

En effet, on a un panorama des différentes facettes de ce sentiment… Il y a de la rupture, de l’amour tout court, de la déception, de la reconstruction, du regret mais aussi de l’occasion manquée et de l’inaction… On se place souvent du côté de la personne quittée, alors j’ai aussi voulu exprimer la difficulté et la souffrance que l’on peut ressentir quand on est celle qui quitte… J’ai pensé mes chansons un peu comme des profils psychologiques…

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photos Fifou


Interview parue dans les éditions n°391 #1, #2 et #3 du mois d’avril 2018

 

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