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INTERVIEW

Les 3 Mousquetaires en interview • Damien Sargue & Brahim Zaibat

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Lors de leur avant-dernière date parisienne, tous les membres de la troupe des 3 Mousquetaires ne semblaient pas réellement réaliser que cette première étape – composée de presque 90 représentations – était déjà sur le point de s’achever… Un peu fatigués physiquement mais portés par l’enthousiasme d’un public qui leur a fait jouer les prolongations pendant plusieurs semaines malgré la très large offre en spectacles musicaux que proposait la Capitale, les artistes – jamais lassés de la scène ni blasés par le succès qu’a remporté ce colossal show – attendaient déjà avec impatience de partir sur les routes. Des rencontres à retrouver chaque mois, dans Le Mensuel évidemment, jusqu’à leur passage dans la région…

À Marseille le 24 juin 2017

À Nice le 01 juillet 2017 > ANNULÉ


« C’est rare en ce moment d’avoir la chance de vivre un tel succès… »


 

Morgane Las Dit Peisson : On est à l’avant-dernière représentation parisienne, est-ce que ces trois mois sont passés vite ?

Brahim Zaibat : C’est passé extrêmement vite ! J’ai à peine l’impression d’être au Palais des Sports depuis un mois alors qu’on va faire le 83ème show ce soir, qu’on jouera la dernière demain et qu’on s’apprête à partir en tournée…

Par rapport à ce que vous imaginiez quand on s’était rencontrés en juin dernier, avant même les répétitions, le spectacle est tel que vous l’espériez ?

Brahim : Ça a même, je pense, dépassé nos attentes ! Déjà, on ne s’imaginait pas que le spectacle se prolongerait de plus d’un mois par rapport aux premières dates prévues… Depuis le début, on kiffe le projet, on s’éclate entre nous, on rigole sur scène et peut-être que les gens le ressentent et que c’est ça qui fait en partie le succès des 3 Mousquetaires.

Damien Sargue : Et puis, on a une grosse tournée qui nous attend et on a hâte de partir en province pour faire découvrir ce spectacle que le public a l’air d’attendre assez impatiemment ! (rires) C’est rare en ce moment d’avoir la chance de vivre un tel succès, c’est exceptionnel alors on le savoure pleinement…

Brahim : On est chaud patate ! (rires)

Le rythme est très intense…

Damien : On tient le choc ! (rires)

Brahim : On s’est entrainé pour et puis, ce n’est pas tous les jours, on est de relâche du lundi au mercredi donc ça nous permet de nous reposer et de récupérer un peu physiquement.

Damien : Mais c’est vrai qu’au tout début, sur les premières dates, c’était un peu plus éreintant car on avait deux séances le samedi mais aussi le dimanche alors il faut avouer que le week-end était assez compliqué ! (rires)

Brahim : Maintenant, avec l’entraînement qu’on a, on pourrait enchaîner facilement dix représentations… Facile ! (rires)

Et tout ça alors que la concurrence a fait rage sur Paris en cette rentrée avec Notre-Dame de Paris, Le rouge et le noir, Les Dix Commandements… 

Damien : J’ai envie de croire qu’on a tiré notre épingle du jeu face à des spectacles de très grande qualité grâce à tout un ensemble de choses… 

Brahim : La production est la même que celle de Robin des Bois et je crois que ça a été une force pour nous mais ça n’a pas été une raison pour se reposer sur nos lauriers. On a tous énormément travaillé et c’est rassurant de voir que le travail paye…

Damien : Et puis je crois que ce que raconte le spectacle parle aux gens… Tout le monde connaît l’histoire des 3 Mousquetaires alors c’est très certainement porteur mais il y a aussi un beau message…

Quand on s’apprête à endosser des personnages historiques et connus de tous, on se prépare différemment ?

Brahim : Dès que j’ai appris que j’allais faire un rôle comme ça, je n’ai pas arrêté de regarder Troyes car j’adore les films d’époque et je voulais faire comme Brad Pitt ! (rires) Et puis j’ai regardé aussi des adaptations des 3 Mousquetaires pour voir comment étaient traités, justement, nos personnages. Pour moi, la préparation a été très différente de ce que j’avais fait jusqu’à maintenant car jusque là, je n’avais fait que danser sans réellement interpréter de rôles. Du coup, j’ai feuilleté pas mal de trucs, fait des recherches, lu le roman de Dumas… Pas jusqu’à la fin mais une bonne partie… (rires)

Damien : Je me suis replongé un peu dans toute la matière qui existait déjà sur Les 3 Mousquetaires sans trop exagérer non plus car je n’aime pas tellement trop m’inspirer de ce qui a déjà été fait… J’aime au contraire prendre le temps de trouver mon propre personnage tout en suivant ce que les metteurs en scène attendent. Pour Aramis par exemple, on n’a pas du tout mis en avant le côté religieux alors chercher à copier ce qui avait déjà été fait sur le traitement de ce personnage aurait été complètement hors sujet.

Brahim : On a eu également la chance que Roberto Ciurleo ait fait un très bon casting et nous ait finalement confié des rôles qui ressemblaient à chacun. Aramis va comme un gant à Damien, Olivier Dion qui vient du Québec a ce point commun avec D’Artagnan qui débarque à Paris de sa Gascogne natale, David Bàn a la joie de vivre de Porthos et moi aussi, je me retrouve énormément dans la personnalité d’Athos. 

Quand on enchaîne autant de représentations, on a l’occasion de peaufiner son rôle…

Damien : C’est vrai que là où les gens s’imaginent que ça peut être lassant d’interpréter pas loin de 100 fois le même rôle, nous, on y voit l’occasion de l’affiner et de l’explorer continuellement. C’est primordial d’aller chercher le petit truc en plus, ce petit rien qui fera toute la différence pour nous chaque soir… On est conscient qu’on a une chance extraordinaire de pouvoir être autant sur scène, d’avoir pu prolonger d’un mois sur Paris et de pouvoir faire cette tournée mais surtout de pouvoir vivre de notre passion alors il nous serait impossible de nous plaindre devant des gens qui n’ont pas tous le privilège de faire toute la journée quelque chose qu’ils aiment… C’est pour ça qu’on est très vigilant chaque soir et qu’on recherche continuellement une nouvelle façon de bouger et de conduire notre personnage.

Brahim : Il faut absolument lutter contre la routine mais ça se fait assez naturellement. Sans même nous en rendre compte, on a fait évoluer nos jeux, on s’est amusé et surtout on s’est donné à 100% !

À part les « ultra fans », un public ne voit qu’une seule représentation…

Damien : Oui et ça aussi c’est un point essentiel. Il faut garder à l’esprit, même le jour de la dernière – qui réserve en général quelques surprises… (rires) – que les gens qui s’offrent des places pour Les 3 Mousquetaires ne verront le spectacle qu’une seule fois alors on se doit de l’interpréter avec la même fraicheur et la même envie qu’au tout début.

Brahim : Bien qu’on connaisse désormais certains fans qui sont venus nous voir une bonne quinzaine de fois si ce n’est plus ! (rires) 

Pour rentrer dans le Palais des Sports, on a eu du mal à se frayer un chemin dans la foule qui attend devant l’entrée…

Brahim : Il y a des soirs où très franchement, on est fatigué et on a juste envie de rentrer chez soi, de prendre une bonne douche et de dormir mais quand on sort et que l’on tombe sur toutes ces personnes qui ont fait l’effort de nous attendre dans le froid, on ne peut être que touché et prendre un peu de temps pour elles.

Damien : C’est vrai que ce sont des comportements qui peuvent apparaître parfois étranges surtout que par logique, nous, on ne s’estime pas suffisamment extraordinaires pour mériter ce genre de marques d’affection ! (rires) Mais on a choisi de faire des métiers qui sont publics alors ça va de pair et puis, c’est toujours gentil et bienveillant… 

Certains spectateurs viennent parfois pour vous personnellement avant même de venir pour le spectacle…

Brahim : C’est hyper plaisant et gratifiant du coup, c’est un vrai plaisir d’échanger avec cette partie du public qui connait bien notre travail… C’est toujours un kif et je les remercie sincèrement !

Brahim, c’est la première fois que tu as un rôle attitré dans un spectacle musical…

Brahim : On va dire que ça m’a fait devenir comédien-danseur par contre, je ne chante pas vraiment ! (rires) Juste un peu et pas trop fort… (rires) Mais être au contact de vrais chanteurs, ça m’incite automatiquement à essayer un petit peu plus qu’avant. Et puis, c’est aussi pour ça que ça m’a plu d’incarner Athos, je savais que ça m’obligerait à passer une nouvelle étape en apprenant à jouer la comédie, à parler sur scène et à chanter. Je n’avais jamais fait tout ça auparavant, je ne m’exprimais jusqu’à maintenant qu’à travers la danse et donc l’utilisation de mon corps. Je prends vraiment mon pied et j’espère renouveler ce genre d’expériences.

Et grâce à des spectacles comme Les 3 Mousquetaires et certaines émissions de télé, le danseur devient désormais l’égal du chanteur…

Brahim : C’est vrai que l’état d’esprit a changé petit à petit ces dernières années en France et le danseur peut désormais occuper une place à part entière sur scène. Il n’est plus qu’un simple accompagnateur positionné en arrière-plan et ça, c’est en grande partie grâce à des spectacles musicaux comme Les 3 Mousquetaires. D’ailleurs, on n’appelle plus ça une comédie musicale mais un spectacle et ça prouve à quel point les producteurs ont tenu à mettre l’accent sur tous les arts du spectacle. On est de plus en plus dans l’optique d’un show à l’américaine dans lequel le danseur chante et vice versa.

En parlant danse, Damien, le fait d’être passé par Danse avec les stars a changé quelque chose dans ton travail par rapport aux expériences de Notre-Dame de Paris et Roméo & Juliette ?

Damien : Danse avec les stars m’a surtout appris à travailler dans l’urgence et exercer ma mémoire beaucoup plus rapidement mais dans l’ensemble, c’est sûr que ça m’a aidé à préparer le rôle d’Aramis un peu différemment. Je dirais même que c’est une expérience qui a influé sur beaucoup d’autres domaines comme celui des concerts… J’ai la sensation que ça m’a apporté une rigueur, un maintien et une certaine réactivité. En même temps, quand en trois jours, tu dois être capable de faire croire que tu es un professionnel du paso doble, ça laisse des traces ! (rires)

C’est la magie de ces métiers car quand on vous voit sur scène, tout a l’air prodigieusement simple…

Damien : Et c’est le but alors que ça exige un boulot monstre en coulisses ! (rires) Il faut, c’est vrai, constamment travailler, s’entraîner, ne pas se relâcher…

Brahim : C’est ça qui est stressant, il faut que tous nos efforts ne soient pas visibles par le public et en même sans ce trac et cette montée d’adrénaline, je crois qu’on ne prendrait pas autant de plaisir à être sur scène…

Damien : Ce sont des métiers qui sont passionnants grâce à ces challenges permanents et puis ils nous permettent de travailler avec des artistes, comme Brahim, qui viennent d’horizons différents tels que la danse, le trix ou le combat à l’épée. À l’époque de Notre-Dame de Paris, je me rappelle avoir découvert les Yamakasi… C’est un enrichissement continuel…

Et puis il y aura des rencontres sur la tournée…

Damien : Oui et malheureusement, on sait d’avance que ça va passer trop vite ! Ce qui nous console, c’est qu’on sait qu’on finira en beauté, sous le soleil et sur la plage, à Nice le 1er juillet ! (rires) On a hâte de passer par toutes les autres villes mais pour le coup, Nice étant la dernière date, elle aura une saveur assez particulière… Et puis, surtout, on a hâte de rencontrer tous ces gens qui nous soutiennent et nous attendent depuis de longs mois ! 

 

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo Cyril Moreau / Bestimage

Interview n°992 parue dans Le Mensuel de mars 2017 n°379 éditions #1 et #2

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