INTERVIEW

Interview filmée de Jérémy Ferrari pour Le Mensuel en 2013 – Sortie livre et DVD Hallelujah Bordel

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Jérémy Ferrari


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en interview 

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JÉRÉMY FERRARI
 
 
  

Spectacle, DVD, Livre illustré Hallelujah Bordel

 

« J’ai envie de refaire un spectacle mais il faudra qu’il soit à la hauteur de celui-ci ! »

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Son prochain passage à Nice avec son spectacle Hallelujah Bordel marquera l’imminente fin de celui-ci. Étrange certes pour son créateur qui a porté ce projet à bouts de bras alors que les portes avaient souvent du mal à s’ouvrir, d’y mettre un terme mais c’était inévitable. Impossible d’imaginer qu’un humoriste comme Jérémy Ferrari qui se passionne autant pour tous les sujets brûlants puisse ne pas mourir d’envie de se lancer dans une nouvelle aventure. Lui qui, d’ailleurs, avait choqué en osant s’attaquer aux religions sur scène, risque fort, avec son prochain one man show, de s’attirer les foudres de quelques institutions qui risqueraient de ne pas voir d’un très bon oeil le choix de son nouveau sujet d’étude…

 

   

jeremy-ferrari-interview-hallelujah-bordel-dvd-bd-spectacle-2013-2014-1Morgane L : Heureux de reprendre ton spectacle après cette pause estivale ?

Jérémy Ferrari : Oui, ça faisait quatre mois que je ne l’avais pas joué donc ça fait du bien de reprendre la route avec Hallelujah Bordel même si je sais que c’est la dernière tournée avec ce spectacle. J’ai un petit pincement au coeur. Au départ, je ne pensais jamais partir en tournée avec ce one man. Quand j’ai fini de l’écrire, j’espérais juste le jouer quelques fois donc une troisième année de tournée, c’est inespéré et à chaque date que je joue, je me dis que c’est un grain de sable que j’enlève dans le sablier qui découle le temps de vie de cette oeuvre ! C’est très beau, hein ? (rires)

C’est difficile d’abandonner ce spectacle pour passer au suivant ?

Oui un petit peu, car il a une vraie histoire. C’est vraiment le spectacle auquel personne n’a cru et qui a eu un réel succès populaire ! J’aime ce terme de populaire. Tout le monde pensait que ce spectacle était réservé à une élite intellectuelle alors qu’il est loin d’être segmentant. Il est vraiment grand public. Et puis surtout, on s’est aperçu qu’on pouvait rire des religions, qu’on pouvait aller très loin et que les extrémistes religieux n’étaient pas une majorité en France. Hallelujah Bordel est la preuve que l’on a encore une liberté de ton si on souhaite se donner la liberté de la prendre.

Le travail de documentation t’a plu ?

Oui, ça m’a surtout donné envie de continuer à faire des spectacles qui requièrent un travail pratiquement journalistique ou universitaire en amont. J’ai envie de refaire un spectacle mais il faudra qu’il soit à la hauteur de celui-ci. Je me suis aperçu que lorsque je fais un spectacle à thème comme celui-ci, je peux aller extrêmement loin dans la réflexion, dans l’humour et dans les propos. Si je peux aller aussi loin avec le thème des religions, c’est que je peux en parler durant une heure et demie. J’ai le temps d’adapter les gens au fur et à mesure. D’ailleurs, le spectacle va crescendo et je durcis le ton petit à petit. J’aime bien prendre un thème qui me permet d’aborder plein de choses différentes. Au final, la religion est un prétexte pour parler du couple, de l’éducation… C’est pour ça que même si on ne s’intéresse pas aux religions, on peut se marrer à ce spectacle.

Tu sais déjà quel thème tu aborderas dans le prochain ?

Oui, le thème de départ sera la guerre. Je vais faire le même travail de recherches et la guerre me permettra de parler de l’humanitaire, d’un peu de politique, même si ce n’est pas un truc qui m’éclate, de la vente d’armes, de la géographie, de toutes ces choses qui auront un impact sur les gens car ils devraient y apprendre pas mal d’informations intéressantes comme le fait que la France soit l’un des plus gros vendeurs d’armes au monde ! Je vais y parler un peu des associations aussi car beaucoup de choses ne sont pas très normales… Pas mal de gens se couvrent derrière le système de l’association, derrière cet organisme très bien pensant, pour faire des choses pas très nettes… Et comme j’aime bien foutre un peu la merde, je devrais me faire plaisir dans ce domaine ! (rires) J’ai déjà eu des appels de gens qui aimeraient que je dévoile certaines informations qu’ils n’ont pas les couilles de rendre publiques eux-mêmes.

Tu as donc des « informateurs » ?

Oui mais je ne peux pas les citer, je protège mes sources… J’ai eu dans les mains des documents surprenants et je commence à stocker pas mal d’informations très intéressantes pour le prochain spectacle. Tu sais, quand j’ai vu le film de Mikaël Moore sur la santé, je me suis dit que c’était ce que je voulais faire, des spectacles très efficaces dans le rire mais qui dénoncent, qui servent à quelque chose. Ce qui m’amuse le plus, c’est de prendre un thème comme la guerre et d’arriver à faire autant rire les ados de 15 ans que les philosophes de 65 ans. Puisque j’ai réussi à le faire avec la religion, je pourrai le faire avec la guerre, ça ne me fait pas trop peur.

Tu penses pouvoir le jouer à partir de quand ?

En juillet 2015… Je pense pouvoir le démarrer en Avignon 2015. Le roder dans une petite salle de 80 places en le jouant une ou deux fois par jour avant de programmer une tournée en province dans de toutes petites salles. J’aimerais ensuite le faire grandir à Paris à la rentrée 2015 dans une salle de 300 ou 400 places et monter en puissance (j’espère) au fur et à mesure.

Détail qui signe la fin d’Hallelujah Bordel, le DVD…

Oui mais en même temps c’est ce qui l’immortalise. J’en suis vraiment fier et heureux. C’est bizarre mais j’ai une histoire avec ce spectacle. Je l’ai tellement porté, on m’a tellement dit qu’il ne marcherait jamais et encore plus quand j’ai commencé à être connu… On m’a affirmé que c’était du suicide, que j’avais du monde qui arrivait en salle, qu’il ne fallait pas montrer ce spectacle là, qu’iljeremy-ferrari-interview-hallelujah-bordel-dvd-bd-spectacle-2013-2014-2 était trop segmentant, trop différent… Malgré tout, j’ai désiré qu’il marche, j’ai vraiment voulu qu’il me ressemble, je ne voulais pas mentir au public. Je savais que si j’arrivais à m’imposer avec celui-ci, j’aurais de toute façon gagné quelque chose. On verra si les gens me suivent sur le prochain… (rires)

Des surprises dans ce DVD ?

Oui car je ne voulais pas qu’on se moque des gens. La plupart du temps, les bonus d’un DVD d’humoriste se déroulent dans les coulisses du fameux Olympia ! Ça me fait rire car ça ne veut plus rien dire. Des tas d’artistes ne font l’Olympia que pour la captation et remplissent la salle d’invités ! Ce n’est pas représentatif et je ne voulais pas faire ça. Alors on y a tout de même fait une interview qui passera gratuitement sur Internet mais pour le DVD, j’ai voulu que l’on fasse un vrai bonus. Calculs faits, je crois que je n’aurais pas beaucoup de bénéfices sur la vente des DVD vu le budget que j’ai mis dans le bonus ! (rires) Il y a carrément un avion ! Mais je m’en fous, je voulais faire plaisir aux gens ! On a fait un bonus de 21 minutes ! 7 minutes sont consacrées à chaque grande religion monothéiste où j’essaye de me convertir à l’une d’entre elle. Youssoupha m’explique la fête de l’Aïd que je vais tenter de faire, Jean-Marie Bigard m’explique le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle que je vais faire et Raphaël Mezrahi me parle de la fête de Souccot, la fête des cabanes que je vais faire également. C’est très provocateur mais très drôle ! Même si je sais que ça ne va pas faire rire tout le monde…

Et il y a également un livre illustré ?

En fait quand j’ai eu fini d’écrire le spectacle, il me restait beaucoup de matière car même après trois ans de recherche, j’ai continué à étudier le sujet. Je me suis donc retrouvé avec des piles de trucs super drôles inexploités. Du coup, j’ai réfléchi et cherché quel support je pouvais utiliser jusqu’au jour où j’ai eu la chance de rencontrer Michel Onfray qui m’a fait connaître un éditeur qui ouvrait sa maison d’édition Le Passeur. Il a trouvé l’idée super. Ensuite je suis tombé sur un dessinateur, Ludovic Sevin, qui dessine superbement dans un univers à la Tim Burton. On a opté pour un seul dessin par page avec le texte à côté. C’est très jouissif de créer un texte et de l’expliquer à un dessinateur qui t’envoie exactement le dessin que tu imaginais.

Il y a toujours la radio…

Oui, sur Europe 1. J’étais avec Ruquier avant et maintenant avec Cyril Hanouna. Ça se passe très bien, je ne regrette pas du tout. J’ai eu plusieurs choix mais je crois que j’ai fait le bon et surtout je m’amuse énormément avec Cyril ! Je suis content car je suis en train de choper un autre public, des gens qui ne me connaissaient pas spécialement. C’est un succès, les gens attendent vraiment mon passage et me réclament quand je ne suis pas là. Ça fait plaisir car ce n’était pas gagné, c’est un exercice vraiment très difficile. Débarquer sur un plateau de talk show, casser le rythme et imposer le sien en faisant ses vannes, c’est très dur. C’est énormément de travail, ça me prend un temps incroyable ! Les gens pensent que j’écris cinq vannes pour les cinq jours de la semaine mais une seule chronique peut me prendre jusqu’à trente heures de travail ! (rires)

Et tu suis toujours Constance et Guillaume Bats en parallèle…

Avec Constance, on a fait un joli travail de co-écriture qui a bien fonctionné et remporté un vrai succès. Guillaume Bats, c’est autre chose, c’est mon petit frère. Je lui fais sa mise en scène, je le réveille le matin pour aller bosser. Il y a un vrai travail professionnel et affectif avec lui. Il y a autant de coaching psychologique que d’écriture et de mise en scène. J’essaye de l’aider à éviter ce que j’ai pris dans les dents pendant une dizaine d’années. Ça a l’air de bien se passer, son spectacle marche bien, il y a du monde. Pour l’instant on a pas encore « lâché les chiens » comme on dit entre nous, mais dans quelques mois, on va faire de la promo et on va vraiment le lancer. C’est le moment d’aller le voir car il est en laboratoire et on teste plein de choses avec lui. Après, dans trois ou quatre mois, il n’aura plus besoin de moi et il m’oubliera… De toute façon, il vivra à peine un an après tout ça, donc ce n’est pas grave ! (rires)



Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel
Montage vidéo réalisé par Aurélien Didelot
Interview parue dans l’édition n°344 de Janvier 2014
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