INTERVIEW

Haroun en interview

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Frappé d’insatisfaction constructive, Haroun ne semble pas supporter de faire du surplace… En recherche perpétuelle de nouveauté et de « mieux », l’humoriste, en pleine ascension, n’économise jamais ses forces ou ses idées… sur les planches avec son stand-up Internet etc., Haroun a également marqué les esprits en n’hésitant pas à le retransmettre en direct sur internet ; en créant un spectacle inédit pendant la période des Présidentielles  ou encore en partant dans une tournée des barbeuks directement chez ses spectateurs, désacralisant ainsi la position de l’artiste… Abordable, avide de connaissances et lucide, Haroun dresse le portrait d’une société en pleine mutation.

 

 

HAROUN dans « Internet etc. » à Vitrolles le 06 février • à Marseille le 07 février & le 30 novembre • à Sanary-sur-Mer le 29 mars • au festival Performance d’Acteur de Cannes le 15 avril • à Sainte Maxime le 19 avrilà Aix en Provence le 09 novembre

 


« Je ne suis qu’un « bouffon » qui livre ses pensées… »


MORGANE LAS DIT PEISSON Un emploi du temps qui se charge de plus en plus…

Haroun : C’est un premier spectacle alors c’est important d’aller dans un maximum d’endroits pour le faire découvrir mais c’est vrai que c’est un peu étrange de voir que des dates se calent plusieurs mois à l’avance quand on n’est pas encore habitué ! (rires) Elles s’enchaînent, les salles se remplissent et c’est aussi merveilleux que terriblement stressant car on a peur de décevoir les gens qui ont choisi de faire le déplacement pour venir nous voir « nous »… On a envie de plaire tout en restant soi-même et on espère qu’il y aura une suite… C’est exactement comme un premier rendez-vous ! (rires)

Jouer régulièrement permet de s’améliorer sans cesse…

La scène, c’est du pur artisanat… On retouche et on s’exerce constamment dans l’espoir de faire toujours mieux la fois suivante. Les gens pensent souvent à l’apprentissage du texte mais c’est surtout l’évolution rythmique qui est importante… C’est un peu comme une partition de jazz, on peut jouer sur le même thème tout en prenant différentes libertés, on peut moduler en fonction de l’humeur du soir et plus on joue, moins on a besoin de repères. C’est passionnant de s’affranchir des contraintes car ça permet de repousser les limites toujours un peu plus loin… 

Avant l’humour, il y a eu la danse… 

La danse est, d’une certaine manière, toujours présente dans ce que je fais. Mon metteur en scène est danseur et avec lui, on travaille à ce que chaque geste, même le plus insignifiant, ait toujours un sens… La danse est très utile car elle permet d’être en pleine conscience de tout ce que l’on fait quand on est sur scène et mine de rien, c’est essentiel car une gestuelle mal maîtrisée peut venir parasiter le texte.

Pour la gestuelle, le micro main est une contrainte… 

En effet, le micro est une contrainte donc paradoxalement, il est une aide puisqu’il devient source de créativité ! (rires) J’ai la sensation qu’il me pousse à être minimaliste physiquement et puis, il permet facilement de s’adonner aux variations de sons et aux bruitages. Je peux le mettre très près de ma bouche, l’éloigner, m’en servir pour avoir une voix caverneuse ou tout simplement chuchoter… Ce sont des nuances très intéressantes.

Sur scène, vous touchez à tout : religion, politique, réseaux sociaux, actu… C’est un travail quotidien…

Scruter l’info fait en effet partie aujourd’hui de mon travail mais j’ai toujours été intéressé par ça. Je suis assez curieux alors quand je me penche sur un sujet comme celui d’Internet, je le fais avec grand bonheur. Ça me plaît de faire des recherches et de me renseigner et je crois que mon humour s’est finalement construit autour de ça.

Observer plus que critiquer… 

En réalité, je ne suis qu’un « bouffon » qui livre ses pensées mais qui n’a pas la prétention de détenir une quelconque vérité. Quand je parle des start-up ou des « hapiness managers », je ne critique en effet pas, je soulève un fait ou j’exprime un questionnement mais je laisse le public se faire sa propre idée, y compris le « happiness manager » en question… 

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo Benjoy


Interview parue dans les éditions n°400 #1, #2 et #3 du mois de février 2019

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