INTERVIEW

Franck Thilliez en interview

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Auteur prolifique de polars, Franck Thilliez que le public a découvert il y a une dizaine d’années grâce à son best-seller adapté au cinéma – La Chambre des morts -, sort ce mois-ci son nouveau roman, Le manuscrit inachevé… Et, contrairement à ce que l’on peut s’imaginer des écrivains en général et des auteurs de thrillers en particulier, l’homme est tout ce qu’il y a de plus normal, agréable et souriant ! Plus intéressé, heureusement, par la compréhension de ce que l’on a tous de pire en nous que par le mal en lui-même, il fait partie de ces auteurs ravis de pouvoir échanger avec sa « matière première »…

 

FRANCK THILLIEZ pour son nouveau roman « LE MANUSCRIT INACHEVÉ » paru le 03 mai chez Fleuve éditions 

En rencontre et dédicaces à Saint Raphaël le 26 mai à 14h59

 


« J’aime aller à la rencontre des lecteurs… »


Morgane Las Dit Peisson : Après la solitude de l’écriture, ce doit être curieux de rencontrer le public ?

Franck Thilliez : Certains de mes confrères ont beaucoup de mal à parler en public et préfèrent rester un peu à l’écart. Moi, par contre, j’aime aller à la rencontre des lecteurs car l’écriture est un travail tellement long et solitaire qu’on finit par vivre un peu seul avec nos histoires… Quand le livre paraît, j’ai envie de communiquer tout le vécu que j’ai pu emmagasiner en moi durant l’écriture, c’est une sorte de libération que de pouvoir expliquer ce que j’ai traversé ! Et j’ai de la chance car on observe que les gens sont assez passionnés par ce métier même s’ils ont parfois en tête certaines images d’Epinal un peu fausses ! (rires) 

C’est rassurant de voir que le livre n’est pas mort…

Oui et parfois, des gens me surprennent à venir de très loin ! Ça prouve qu’il y a toujours autant d’effervescence autour de l’écrit et du livre. Les salons du polar accueillent d’ailleurs de plus en plus de visiteurs chaque année, c’est le signe que les gens sont toujours là et pour nous, auteurs, c’est très encourageant !

La lecture est essentielle au développement de l’imaginaire…

Lire permet de développer son imaginaire, de se couper un peu de ce monde qui va trop vite et de réapprendre à prendre du temps. On nous a tous raconté des histoires quand on était enfant alors le livre devient aussi un moyen de renouer avec notre passé et nos souvenirs. Grâce à la littérature dite populaire, des gens reviennent à la lecture après des années d’interruption et ça, ça donne un sens à notre métier. 

Vous écrivez mais avant ça, vous êtiez mathématicien…

Paradoxalement, c’est très lié ! (rires) Je suis petit à petit venu à l’écriture car ça me fascinait de voir que des gens savaient créer des histoires. J’ai essayé à mon tour à mes heures perdues et du coup, mon temps s’est partagé entre ces deux univers qui semblent si éloignés… Et puis, j’ai trouvé dans le polar un moyen d’accomplir les deux, raconter des histoires tout en gardant ce rapport à la science. Ce sont des histoires complexes qui demandent une très grande construction alors c’est un atout d’avoir un esprit logique et cartésien pour réussir à s’en sortir à la fin. Mon métier me sert vraiment à chaque page que j’écris. 

Le polar est un numéro d’équilibriste… Il faut du fond, du suspense et des indices pour le lecteur…

C’est complètement ça ! (rires) Il y a effectivement plusieurs paramètres extrêmement complexes dans l’écriture, j’ai appris ça en écrivant et surtout en discutant avec les gens. Dans le domaine du roman policier, du thriller et du suspense, on doit vraiment être dans la tête du lecteur pour capter ce qu’il a compris et ce qu’il attend… C’est vraiment un numéro permanent d’équilibriste pour faire avancer l’histoire sans trop en dire et sans perdre l’attention des gens qui ont choisi l’ouvrage avant tout pour le plaisir. Et puis, il y a la touche scientifique à bien maîtriser pour qu’elle soit assez réaliste et invisible pour ne pas devenir indigeste ! (rires)

Écrire des polars demande de s’intéresser au pire de l’humain…

C’est une sorte de fascination pour tout ce qui sort des rails, tout ce qui va du côté obscur… L’acte criminel n’est heureusement pas anodin alors je suis intrigué par ces gens qui franchissent les barrières du bien, de l’autorisé et du convenable. Écrire et lire un thriller permet de façon morale et sécurisée de transgresser des lois sans jamais passer à l’acte… C’est pour ça, je crois, que c’est un genre littéraire qui fonctionne autant… 

Le manuscrit inachevé sort le 03 mai…

C’est l’histoire d’une romancière de thrillers dont la fille a disparu quatre ans plus tôt et qui va subir d’étranges évènements à la sortie de son nouveau roman. Ça va la ramener où elle a vécu dans le passé… C’est compliqué de faire un résumé qui n’en dise pas trop mais qui soit intéressant ! (rires)

 

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photos droits réservés


Interview parue dans les éditions n°392 #1, #2 et #3 du mois de mai 2018

 

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