
COUPS DE COEUR
Douce menace de Léa Simone Allegria : Quand le mystère du Caravage se mêle à l’amour et au crime
Douce menace de Léa Simone Allegria
lecture / roman / littérature française
- paru le 20 août 2025 chez Albin Michel / 256 pages / 20.90€ / à commander ici !
Les mystères de l’art
Léa Simone Allegria – jeune autrice qui, depuis 2017, en est déjà à son 3ème ouvrage -, signe, avec Douce menace, un roman à mi-chemin entre l’intrigue policière, le documentaire sur l’histoire de l’art et la romance.
Un peu comme dans la série L’art du crime, on suit Alba accompagné de Nino (son amant marié) plongés dans une enquête hors du commun. Après avoir acheté par hasard un tableau ancien chez un antiquaire, notre héroïne – spécialiste en la matière – se met en tête qu’il s’agit d’une œuvre de Michelangelo Merisi, alias Le Caravage : le Petit Bacchus malade (peint en 1593 ou 1594), considéré comme un autoportrait de l’artiste, alors marqué par la maladie.
À partir de là, le récit oscille, de chapitre en chapitre, entre notre époque et le XVIème siècle en faisant revivre les protagonistes… La prouesse de Léa Simone Allegria repose sur sa capacité à s’appuyer sur de solides connaissances pour façonner un conte mystérieux qui entremêle des faits historiques d’une précision remarquable et une fiction folle, mais vraisemblable. On y retrouve la trajectoire tourmentée de Caravage, peintre révolutionnaire dont les œuvres, longtemps décriées, furent souvent oubliées ou spoliées. Ce Petit Bacchus malade aurait d’ailleurs été confisqué en 1607 par Scipion Borghese et serait resté ignoré jusqu’en 1833, avant que Roberto Longhi ne le ressorte en 1927, l’intégrant ainsi à sa nomenclature. Aujourd’hui, il est exposé à la Galerie Borghese de Rome.
Dès lors, la fiction peut s’enclencher : y aurait-il deux toiles ? L’une authentique, l’autre fausse ? Si deux modèles existent, lequel est l’original : celui du couple ou celui de Rome ? Là-bas, ils vont découvrir – au prix d’un scandale – que le tableau officiel porte la même référence de Longhi que le leur. Vrai, faux, double, copie ? Il n’était pas rare que les peintres effectuent deux versions identiques pour gagner un peu plus d’argent et, dans l’atelier du Cavalier d’Arpin – où Caravage travaillait -, des élèves réalisaient régulièrement des copies sur commande…
Léa Simone Allegria connaît son sujet sur le bout des doigts : tout ce qu’elle cite est juste et documenté, ce qui lui permet d’inventer des intrigues annexes si crédibles qu’on les croirait réelles. Ne ratez pas ce roman palpitant qui donne sans cesse envie de vérifier les références historiques, afin de distinguer le vrai de la fiction.
© Textes Jean-Louis Las Dit Peisson pour Le Mensuel / Photo DR
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