COUPS DE COEUR

« Demain la revanche », une création théâtrale surréaliste avec Gaspard Proust et Jean-Luc Moreau

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Demain la revanche de Sébastien Thiéry

théâtre / comédie surréaliste

 

 

Demain la revanche : Vider son sac…

Les inconditionnels du théâtre de Sébastien Thiéry ne s’y tromperont pas et se rueront sur les billetteries pour obtenir le précieux sésame qui leur permettra de découvrir l’une des dernières créations de l’inclassable auteur… Car on entre dans son écriture comme on entre en religion, on y adhère instantanément ou l’on y reste totalement hermétique mais quoi qu’on éprouve, il est impossible d’y rester insensible. Intriguant, attirant, perturbant voire irritant lorsque l’on ne comprend pas ce qui se joue devant nos yeux, l’univers de l’auteur incite à de véritables réflexions sur nos existences, nos habitudes, nos craintes, nos aspirations et nos regrets. Le tout, avec un humour corrosif, décalé et surréaliste qu’il est un des seuls en France à maîtriser avec autant de finesse.

On se rappelle évidemment de Comme s’il en pleuvait, Momo, Deux hommes tout nus, Qui est Monsieur Schmitt ? ou encore Le début de la fin où les personnages imaginés par Sébastien Thiéry se sont à chaque fois vus basculer dans une réalité, presque parallèle, qui leur échappait. Il faut dire que se réveiller constamment nu dans un lit aux côtés de son collègue de travail alors que l’on est marié à une femme, que voir débarquer dans son appartement un homme qu’on ne pense pas connaître mais qui maintient être son fils ou qu’être le seul à voir sa jeune épouse se faner sous ses yeux, ça peut – un temps soit peu – secouer ! Absurdes de prime abord, toutes les histoires qu’il imagine en disent long sur l’âme humaine… Peur de l’inévitable vieillesse, désir de richesse, couples en mal d’enfants, homosexualité inavouée ou acceptation du handicap, tous les questionnements et les peines qui nous habitent servent, dans les pièces de Sébastien Thiéry, à aborder notre inexorable quête d’identité.

 

 

Dans Demain la revanche, même recette, même combat ! Une atmosphère somme toute des plus banales agrémentée d’un fait décontenançant : un fils débarque chez ses parents à 5h du matin, trempé de la tête aux pieds, portant un sac à dos lesté de pierres et surtout (bien qu’il ait retrouvé le chemin de la maison familiale), complètement amnésique. Perdu, exaspéré, sombre et (semble-t-il) désabusé, ce dernier – Matthieu – est campé par un Gaspard Proust que l’on est désormais habitués à retrouver seul en scène. À ses côtés, des parents (incarnés par Brigitte Catillon et Jean-Luc Moreau) bizarrement pas si surpris par la situation qui vont tenter de lui remémorer les éléments marquants de sa vie : un travail pas passionnant à la SNCF et une vie de couple avec Vanessa qui, sur photo, ne trouve pas grâce à ses yeux… Mais ce que cette mère très branchée « psy » et ce père un peu dominé lui dépeignent ne ravive d’une part pas sa mémoire et lui font ressentir d’autre part qu’il est un « raté ». Dépressif ayant essayé de se jeter dans la Seine pour mettre fin à ses jours, véritable amnésique ne réussissant pas à se souvenir de quoi que ce soit ou manipulateur pervers qui tente de tirer un trait sur une existence morne et placide en en profitant pour accabler ses parents et régler ses comptes ? Toutes les pistes sont ouvertes et ne pourront vous mener qu’à votre propre réalité…

© Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel / photo DR / octobre 2023 

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