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COUPS DE COEUR

Antoine Duléry en interview pour son livre « Imitacteur »

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En novembre dernier, Antoine Duléry s’apprêtait à endosser un nouveau rôle, celui d’auteur ! Pour la première fois en effet, le comédien que l’on connaît – entre autres – pour ses rôles ultra populaires de Paulo Gatineau dans les différents chapitres de Camping et du commissaire Larosière dans la série Les petits meurtres d’Agatha Christie, s’est lancé dans l’écriture d’un ouvrage dans lequel, avec autodérision, il se livre tout en étant littéralement incapable de ne pas dresser le portrait de quelques-unes des nombreuses personnes qui ont croisé sa route ! Généreux, curieux, observateur et profondément passionné par « l’autre », Antoine Duléry réalise avec Imitacteur le défi de proposer un ouvrage aux allures cinématographiques qui se lit avec autant de gourmandise que de simplicité… Une véritable bouffée d’air frais et d’une bienveillance trop rare à notre époque que l’on vous propose de découvrir en plusieurs « chapitres » d’interview car l’homme, généreux, n’a été avare ni de son temps ni de ses anecdotes…

 

Imitacteur d’Antoine Duléry disponible aux éditions du Cherche-Midi à partir du 05 novembre 2020


« Mon ambition principale était de laisser une trace à mes enfants… »


« Un livre, c’est très intime »

Morgane Las Dit Peisson : Auteur d’un tout premier livre…

Antoine Duléry : Vivre la « première » d’un livre, c’est assez différent des autres premières que j’ai pu connaître au cinéma ou sur scène par exemple… Un livre, c’est très intime car même si dans Imitacteur, je parle beaucoup des autres, je parle également de moi ! Je m’y « livre » beaucoup plus que ce que j’ai l’habitude de faire alors j’ai la sensation qu’attendre sa sortie, c’est un peu comme attendre la venue d’un bébé ! (rires)

Avec mon seul en scène, j’avais déjà un peu ressenti ça mais même s’il venait de moi, il avait été co-écrit… Cette fois-ci, c’est moi, tout seul qui ai fait le grand saut ! J’ai tenu à le faire seul, sans aide extérieure, peut-être pour être le plus sincère possible… En tous cas, ce que je peux déjà vous confier, c’est que c’est curieux et émouvant de recevoir les premiers retours des lecteurs qui, sans me connaître personnellement, rentrent dans mon univers !

Un livre, c’est vraiment le fruit d’un travail intime, d’une introspection… La première personne qui l’a lu, c’est une de mes tantes, une femme formidable qui m’a toujours dit tout ce qu’elle pensait, que ce soit bien ou non et là, elle a adoré ! Ça m’a évidemment touché mais aussi beaucoup rassuré ! (rires)

Écrire, une envie de toujours ou une occasion ?

Je crois que c’est dû à un mélange des deux… Il y a quelques années, le Cherche-Midi m’avait demandé de présenter un recueil de répliques très drôles du cinéma français. C’était simplement un travail de recherches mais ça m’avait beaucoup plu ! Plus tard, le directeur de la maison d’édition m’avait lancé l’idée d’écrire quelque chose moi-même mais sur le moment, je ne savais pas vraiment sous quel axe aborder la chose et puis, j’étais dans mon spectacle à ce moment là. Finalement, l’idée a germé et je me suis dit que, comme dans mon seul en scène, je n’avais qu’à partir de mon enfance et m’amuser, sans pression, à dérouler mes souvenirs pour en faire un livre… Le seul objectif que je me suis fixé était d’aller jusqu’au bout ! L’air de rien, si on veut que ce soit à peu près bien écrit, il faut une certaine rigueur ! (rires)

Je me suis plongé dans ce projet avec, pour ambition principale, de laisser une trace à mes enfants en leur transmettant cet émerveillement d’un petit garçon qui, un jour, arrive à jouer dans la cour des grands !

Si, quand j’avais 16 ans, on m’avait dit que je serais devenu intime avec quelques-uns de mes héros comme Johnny ou Belmondo, jamais je n’aurais pu y croire ! J’ai vécu de grands moments à leurs côtés, souvent très drôles et c’est ça que j’avais envie de partager avec les gens car avant tout, j’ai imaginé Imitacteur comme un livre de divertissement.

« Je ne voulais pas qu’on me prenne pour un imitateur… »

Des débuts d’imitateur précoce…

Je crois qu’en effet, j’avais ça en moi ! À 8 ans, j’imitais déjà tous les gens autour de moi, de mes grands-parents à leurs cousins en passant par le mec qui livrait le vin ! (rires) Mais au-delà du fait de savoir les refaire, je crois que ce qui m’a immédiatement séduit, c’est le pouvoir de faire rire ! Ça a vraiment été l’arme qui m’a permis de camoufler – puis de lutter contre – ma grande timidité.

Au début du récit, petit Louis est surpris d’entendre sa propre voix dans votre bouche…

Mais les premières fois que j’ai imité des gens, ça m’a surpris aussi ! (rires) Et puis, rapidement, j’ai pris conscience de ce don et je m’en suis servi, par exemple, pour amuser mon grand-père en imitant petit Louis ! Encore aujourd’hui, je ne travaille pas vraiment mes imitations… J’ai fini par les « exploiter » dans mon spectacle et dans le film de Lelouch Tout ça pour ça mais avant ça, je les « cachais », je ne voulais pas qu’on me prenne pour un imitateur…

Je faisais un peu de « contrebande » ! (rires) Ce sont mes potes qui m’ont poussé à dévoiler cette facette de moi en me disant que j’étais assez « connu » comme acteur pour ne pas avoir à craindre que les gens s’y perdent…

J’aurais pu devenir un vrai imitateur mais ce que je voulais le plus, c’était jouer et surtout incarner des personnages…

« Je suis souvent plus dur avec moi-même qu’avec les autres ! »

Vous portez un regard très tendre sur les autres mais parfois très dur sur vous, au point de « renier » un peu ce don qui vous semble trop facile à utiliser, pas assez « mérité »…

Je crois qu’il y a du vrai là-dedans… Je suis souvent plus dur avec moi-même qu’avec les autres ! (rires) Je me suis toujours un peu méfié de ce que je savais faire sans avoir fourni d’effort alors inconsciemment, je n’y ai pas prêté tant d’importance que ça et je me suis tourné vers le jeu qui m’attirait, me passionnait et qui me demandait un réel travail. Je crois qu’avec le recul, ça remonte une fois encore à l’enfance, à l’éducation mais aussi à un grand-père, que je n’ai pas connu, mais qui était acteur… Dans le travail accompli, il y a une quête, un dépassement de soi et une fierté lorsque l’on atteint le but que l’on s’est fixé…  

Interview précédente pour son spectacle « Antoine Duléry fait son cinéma » en 2017 à retrouver ici !

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photos Pascal Ito


Interview parue dans Le Mensuel n°419 d’avril 2021


 

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