
COUPS DE COEUR
Alexandre Brasseur en interview pour « Un grand cri d’amour » et la série « Demain nous appartient »
« Faire du théâtre, ça permet de ne pas perdre pied » Alexandre Brasseur
Si on peut les retrouver tous les deux, entre autres, dans les quotidiennes de TF1 (Ici tout commence pour l’une et Demain nous appartient pour l’autre), Catherine Marchal et Alexandre Brasseur, comédiens tout-terrain, n’ont pas résisté à l’appel de la scène ! À l’affiche d‘Un grand cri d’amour, ils nous dévoilent la réalité qui se cache souvent derrière la magie du spectacle, en campant deux acteurs excessifs et amoureux malgré eux, qui vont devoir accepter de partager les planches s’ils veulent vraiment pouvoir retravailler…
Interview filmée à retrouver ici dès le 15 juin 2025
Alexandre Brasseur en interview pour la pièce Un grand cri d’amour et la série Demain nous appartient
interview / théâtre / télé / série / festival
Retrouvez Alexandre Brasseur au théâtre :
- ★ 22 juillet 2025 / 21:00 / Les Nuits de Robinson / Mandelieu-la-Napoule / Théâtre Robinson / infos & billetterie ici !
- 24 juillet 2025 / 21:00 / Les spectacles de Clair-Val / Carqueiranne / Auditorium de Clair-Val / infos & billetterie ici !
- ★ 05 août 2025 / 21:00 / Les Théâtrales d’Èze / Èze / Oppidum du Col d’Èze / infos & billetterie ici !
- 06 août 2025 / 21:00 / Festival de Ramatuelle / Ramatuelle / Théâtre de Verdure / infos & billetterie ici !
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Retrouvez Alexandre Brasseur à la télé :
- Demain nous appartient : Du lundi au vendredi à 19:10 sur TF1 et en replay sur TF1+
Comment vas-tu à peine sorti de scène ?
Alexandre Brasseur : Ça va très bien mais je dois avouer que je suis un peu fatigué ! (rires) On fait beaucoup de route en ce moment pour assumer toutes les dates d’Un grand cri d’amour à travers l’Hexagone, la Belgique, la Suisse et le Luxembourg.
Jouer reste une partie de plaisir, mais tous les à-côtés, les transports, les kilomètres abattus, les valises qu’on se traîne, l’attente aux aéroports, les périodes de rush, les hôtels… c’est ça qui pompe le plus d’énergie.
Les gens peuvent trouver ça merveilleux et d’une certaine manière, ça l’est, mais lorsque chaque jour, on doit changer d’endroit et être loin de chez soi, ça épuise un peu. Alors que le travail en tant que tel, lui, n’est que pur bonheur, concentration, joie de retrouver les collègues et le public. Ça, c’est vraiment formidable et quand on va de ville en ville, on prend conscience qu’on a beaucoup de chance !
C’est grâce au public qu’on trouve l’énergie de « subir » le reste…
Complètement ! Le théâtre renvoie énormément d’énergie et d’ondes positives qui nous nourrissent et nous stimulent. Je trouve que ce spectacle, en particulier, est très agréable à jouer parce qu’il offre autant de moments de folie (avec un grand lâcher-prise) que d’autres où l’on est plus sur un jeu intérieur… C’est ce qui fait la force de ce texte, en tous cas, c’est ce qui m’a séduit.
Quand j’ai découvert ce texte de Josiane Balasko, j’ai beaucoup ri en le lisant mais j’ai aussi aimé son fond dramatique…
C’est une histoire d’amour à la peine, ce n’est pas que de la légèreté ni des punchlines. C’est avant tout un récit pétri d’humanité, entre une femme et un homme qui s’aiment mais qui ont tendance à passer à côté de leur idylle. Il y a une tristesse et un fond pathétique agrémenté de gags et de dérision, et c’est ce qui en fait la force.
Pour nous autres comédiens, c’est passionnant parce qu’on est en permanence sur le fil, ça monte et ça descend en intensité, c’est une pièce assez extrême à jouer.
Et alors que le métier d’acteur fait rêver, ça montre l’envers du décor…
En effet, les spectateurs découvrent, à travers l’histoire de ces deux comédiens, ce qui se cache derrière le rideau ! On voit la complexité, les problèmes d’ego, le fait de ne pas avoir de boulot…
Les acteurs sont des gens un peu particuliers qui peuvent connaître une période de gloire qui s’accompagne de certaines prétentions, avant de tomber dans l’oubli pendant 10 ou 20 ans et là, c’est catastrophique ! Parce que sans rôles, on n’est plus rien et il n’y a plus de fric non plus… Et puis, il suffit que le succès revienne pour que toutes les phases de galère soient « enterrées » et on redevient aussi casse-pieds que quand on était des starlettes ! (rires) Il y a beaucoup d’autodérision face à ce métier violent et extrémiste. Les joies sont très puissantes et les peines peuvent être dévastatrices…
Un métier où l’on se fait acclamer, mais où l’on est en réalité très souvent seul…
Effectivement, et c’est quelque chose que je ressens souvent, en particulier à Paris. Les gens viennent, tu as la sensation d’être entouré chaque soir, tu prends une dose incroyable d’amour et, quand tu sors du théâtre, il n’y a plus personne, c’est silencieux, ça retombe comme un soufflé ! (rires) C’est là que tu réalises que tu n’es pas grand-chose… Et c’est très bien d’en prendre conscience.
Ça fait partie du métier et de l’appréhension qui l’accompagne. Il faut aussi savoir gérer ça. Mais le travail est tellement enrichissant et fait tellement de bien qu’il en vaut la peine ! Personnellement, je n’ai pas à me plaindre, j’ai la chance de beaucoup tourner en ce moment, et faire du théâtre, ça permet de ne pas perdre pied car c’est vraiment un retour aux fondamentaux. C’est une autogestion, c’est de l’adaptation aux lieux et à l’acoustique, c’est de l’interrogation, de la recherche, de la débrouillardise et c’est très nourrissant.
J’avais interprété mon seul en scène à Paris, dans un théâtre remarquable, au Petit Saint-Martin où j’étais dans une espèce de confort, puis j’ai adoré l’emmener en Avignon, parce que tout autour, c’était un joyeux bordel ! (rires)
En lieu et place de concentration, il y avait 15 personnes qui jouaient un Molière avant, c’était le bazar, on n’avait même pas le temps de dire ouf qu’il fallait monter son décor et jouer dans la foulée, sans filet ! Ça m’a fait un bien fou !
Je n’aime pas tellement que tout soit trop bien « rangé » et d’ailleurs, c’est pour ça que, quand je le peux, j’arrive au dernier moment. J’aime venir faire mon métier, mais pas passer trois plombes dans les théâtres. Les loges, ce n’est pas mon truc.
L’essentiel, c’est de retrouver le public « en vrai »…
Il n’y a que ça qui compte ! Les gens font l’effort de venir nous voir et nous, on voyage pour les rencontrer. C’est encore plus particulier pour Catherine et moi qui faisons beaucoup de télévision car d’une part, quand on tourne, on ne les voit pas et d’autre part, ça fait de nous des acteurs « populaires ». On le ressent dans l’accueil des spectateurs qui regardent nos quotidiennes car c’est comme s’ils nous connaissaient déjà un peu, même si c’est à travers des personnages. Se retrouver nous permet d’échanger et d’avoir un petit moment privilégié.
La télé a encore un pouvoir assez incomparable…
On s’invite chez les gens tous les soirs, donc oui, forcément, il y a une forme d’intimité, de promiscuité, un lien qui s’établit. Ils finissent par nous appeler par le nom de nos personnages – j’ai de la chance, le mien se prénomme Alex (rires) – et je pense que c’est dommage que des comédiens se braquent sur ça. D’une certaine manière, ça veut dire qu’on fait un peu partie de leur famille, ou, en tout cas, de leur vie.
On n’a pas vocation à faire grand-chose, en tant qu’artistes, si ce n’est divertir et alléger un petit peu le quotidien des gens… On offre juste des petits moments d’évasion. L’existence est compliquée, alors j’aime l’idée qu’un film, une série ou une pièce puisse aider à l’adoucir un peu.
Au théâtre et dans Demain nous appartient, tu façonnes tes rôles petit à petit…
Il y a quelque chose de commun entre les deux car en effet, on vit longtemps avec nos personnages mais sur scène, on a toujours le même texte, les mêmes déplacements et surtout, on sait vers quoi on tend et comment ça se finira. Sur la série, c’est autre chose parce qu’on ne sait pas vraiment où l’on va, on a une vision à moyen terme. Dans l’absolu, je ne sais pas ce qui arrivera à mon personnage dans 6 mois… En ce moment, il a une tumeur, donc, potentiellement, les scénaristes peuvent le faire mourir… Comme il peut tout aussi bien guérir et rester, mais pour faire quoi et aller où ? Je n’en sais rien !
La série est finalement le format qui s’apparente le plus à la vraie vie…
C’est vrai que, contrairement à un film dont la fin est écrite dans le scénario, la quotidienne, pour les rôles récurrents, est une aventure ! On ne sait jamais où notre personnage va nous emmener, c’est plein de surprises et ça donne à cet exercice un charme incroyable. On peut être amenés à tout jouer en fonction des arches et des intrigues, c’est magnifique pour un acteur !
En revanche, quand on se lance dans ce type de projet, il faut toujours garder à l’esprit le parcours, aussi long soit-il, du personnage. C’est également essentiel de le rappeler aux gens avec qui on travaille, car ils sont nombreux. Certains, parfois, arrivent sans trop maîtriser l’historique du rôle et, bien que je n’aie pas la prétention d’en être le garant, je le connais bien. Il est inscrit en moi, donc je sais quand on ne peut pas se permettre de l’emmener sur certains terrains…
© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson à l’Espace Victor Hugo de Puget-sur-Argens pour Le Mensuel / Photo Stéphane Kerrad
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