COUPS DE COEUR

Stéphane Blancafort en interview à Canneseries pour la série « Ici tout commence » sur TF1

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« Depuis tout petit, j’ai besoin de ce regard-là… » Stéphane Blancafort

 

 

À force d’enchaîner les projets théâtraux, les participations à des unitaires et à des séries télé, Stéphane Blancafort s’est tout naturellement imposé comme l’un des visages préférés des amateurs de fictions françaises. Passé par Candice Renoir et Cassandre, c’est Tandem qui l’élèvera définitivement au rang de star du petit écran ! Pendant 7 saisons et plus de 80 épisodes, c’est en effet dans la peau de Paul Marchal qu’il s’est installé – aux côtés d’Astrid Veillon – dans le cœur de téléspectateurs charmés tant par la fraîcheur de son personnage, que par sa simplicité et son regard bienveillant. Alors que le duo de comédiens avait décidé d’arrêter en plein succès afin de ne pas lasser le public, Stéphane Blancafort s’est vu offrir le rôle du chef étoilé Marc Leroy dans la quotidienne de TF1, Ici tout commence… Le seul bémol, c’est qu’en matière de cuisine, la magie ne semble opérer que devant la caméra…

 

 

 

 


 

 

Stéphane Blancafort en interview à Canneseries pour la série Ici tout commence sur TF1

interview / séries / télé / téléfilm

 

 


 

 

 

Morgane Las Dit Peisson : Jouer dans une série comme Ici tout commence oblige à s’intéresser à la cuisine ?

Stéphane Blancafort : Forcément, parce qu’on découvre des tas de choses pendant les tournages sur la gastronomie française. En revanche, de là à reproduire ce qu’on voit, c’est une autre affaire ! (rires) On a réellement des chefs exceptionnels en France mais aussi dans les cuisines d’ITC… C’est beau à l’image mais en plus, c’est vraiment très très bon ! (rires)

 

Incarner un Chef oblige à adopter une gestuelle précise et minutieuse… 

On a parfois du coaching en amont pour adopter une gestuelle réaliste. Il faut être crédible quand on doit, par exemple, lever des filets ou faire des découpes bien particulières. Et lorsque l’on n’arrive pas à faire un geste très précis, on est doublé par un vrai Chef. Mais ce qui est passionnant, c’est qu’on a le temps d’apprendre. Personnellement, je fais aussi ce métier pour découvrir des trucs que je ne ferais jamais dans la vie de tous les jours. 

On m’a beaucoup vu en flic et c’est également pour me frotter à un autre univers et d’autres métiers que j’ai eu envie d’accepter ce rôle de Chef. Ici tout commence a été une belle invitation avec un personnage qui, en plus, détonnait d’entrée de jeu…

 

 

Un personnage que tu peux façonner petit à petit…

C’est une réelle aubaine d’être choisi sur des séries qui durent longtemps ou qui se travaillent quotidiennement. C’est un exercice à part entière qui nous permet de plonger dans un univers et de composer un personnage. Quand je sais que l’aventure va durer un peu, j’essaie de m’approprier mes personnages en les rapprochant de moi grâce à de toutes petites choses qui vont les caractériser. 

À l’inverse, je vois le travail colossal qu’a fait Catherine Davydzenka sur son personnage et j’en suis très admiratif. Elle l’a composé de A à Z et elle le tient depuis le début de la série bien que ce ne soit pas sa voix, ses expressions ou ses mimiques. C’est une vraie performance sur la durée et c’est souvent un « piège » dans lequel j’évite de tomber…

Je mets généralement beaucoup de moi-même, même quand je joue un rôle de méchant… C’est ma méchanceté à moi ! (rires) C’est celle que je retiens au quotidien, c’est un exutoire ce métier finalement ! (rires)

 

Les acteurs sont un peu des tueurs en série dans l’âme…

Exactement ! (rires) Ce sont ceux qui ne sont pas en taule parce qu’ils n’ont jamais eu le courage d’aller au bout de leurs envies ! Et en plus, les acteurs sont payés pour ça, c’est formidable, je le recommande ! (rires) Plus sérieusement, « pour de vrai », c’est assez libérateur de camper autant un salaud qu’un un mec extraordinaire ou un super cuistot parce que quand on le joue, tout le monde autour met tout en œuvre pour que nous-mêmes on y croie ! Dans la vie, je ne sais même pas faire cuire des pâtes ! J’adore avoir l’impression, grâce au jeu, d’être un super-héros… C’est magique ! Ça te porte jusqu’à ce que tu rentres à la maison, que tout revienne à la normale et que tu fasses cramer tes plats ! (rires) 

 

 

Tourner dans une quotidienne est un véritable engagement personnel…  

C’est vrai que c’est un rythme intense et un véritable investissement personnel. Contrairement à d’autres comédiens qui sont là depuis le début et qui ont des arches principales, mon personnage ne nécessite pas pour le moment d’être en tournage tous les jours. Donc ça me laisse le temps de vivre, de respirer, de m’occuper de ma famille et de me retrouver face à moi-même… Ça évite de devenir schizophrène… (rires) 

 

Sur ITC, il y a la gastronomie mais aussi des paysages à couper le souffle… 

C’est assez exceptionnel en effet ! D’une part on est entouré de gens passionnés et passionnants, qui adorent leur métier et qui nous sortent des saveurs nouvelles du chapeau presque tous les jours ! Et comme si on n’était pas assez chanceux, on a en plus le privilège de tourner dans un vrai château et de magnifiques décors naturels. La région nous offre des paysages vraiment fabuleux ! On avait déjà ça dans Tandem… On crapahutait autour de Montpellier dans des endroits comme le Pic Saint-Loup, le Pont du Diable ou des villages incroyables entre mer et montagne qui permettaient de jouer dans des décors très différents les uns des autres. C’est peut-être aussi ce patrimoine qui nous a aidés à nous dépasser pendant 8 ans…

 

 

Arrêter Tandem après autant d’années, même si c’est normal pour un comédien de passer à autre chose, c’est un peu comme quitter une famille ?

C’est drôle parce que tout le monde a ressenti beaucoup de nostalgie… Je sais qu’Astrid avait un gros pincement au cœur même si on avait pris ensemble la décision d’arrêter depuis la saison 5. On s’était dit qu’on ne dépasserait pas la 7ème Tout passe toujours très vite mais quelque part c’est déjà long 8 ans pour un rôle. Un comédien, c’est un peu comme un ado de 17 ans qui a envie de partir de chez ses parents non pas parce qu’il ne les aime plus mais parce qu’il a besoin de vivre d’autres choses. Par définition, un acteur a besoin de renouveau, de découvertes et d’expériences. D’ailleurs, je n’avais pas de projets précis à ce moment-là, juste l’envie d’être disponible pour d’autres opportunités.

Avec Tandem, je n’ai que de bons souvenirs donc aucune nostalgie, ni aucune tristesse. En plus, prendre cette décision nous a permis de partir la tête haute car rien ne s’écroulait, il n’y avait pas de manque d’audience. Ça n’a pas été un choix par dépit…

 

 

Ça demande un certain courage de se stopper quand tout va bien…

C’est ce qu’on nous a dit… Et c’est sûrement un peu vrai car on aurait pu faire durer le plaisir pendant 15 ans en nous installant bien confortablement dans nos rôles, sauf que « s’installer »dans nos métiers, c’est l’erreur à ne pas commettre !

Il faut se redécouvrir à chaque fois et c’est ce qu’on a fait jusqu’à l’unitaire. On avait certainement fait le tour, je crois…

 

C’est l’instabilité de ce métier qui le rend aussi angoissant que savoureux…

C’est en effet très curieux à vivre car un cocon comme ITC, par exemple, a quelque chose de très rassurant et en même temps, on cherche toujours l’aventure quand on choisit ce métier… Il y a une espèce de dualité qui reste toujours en nous… Ça fait tout juste un an que je suis sur la série donc je ne pense pas du tout à en partir pour l’instant mais j’imagine que ceux qui sont là depuis 4 ou 5 ans commencent à y songer, surtout s’ils ont des rôles qui demandent une présence quotidienne… Ça ne leur laisse pas de temps pour d’autres tournages ou des projets de théâtre par exemple mais en même temps, c’est extrêmement rassurant de savoir que tu vas travailler. J’ai tellement de potes qui galèrent dans ce métier et qui sont obligés de faire de la figuration ou d’autres petits jobs à côté pour se nourrir… Les gens l’oublient quand ils nous voient à l’écran mais c’est difficile de vivre de cette passion alors on peut facilement être tiraillé entre le privilège de bosser et l’envie d’essayer autre chose. Il ne faut pas non plus rester dans un rôle pour les mauvaises raisons… C’est tellement compliqué que j’ai choisi de me laisser porter, c’est encore le mieux !

 

 

Qu’est-ce qui pousse à avoir autant envie d’endosser une peau qui n’est pas la sienne ? Le challenge de savoir si on va y arriver ? Découvrir ce que ce personnage va nous apporter ?

Il y a de tout ça… Mais encore une fois, je ne réfléchis pas longtemps et pas pleinement à ça… C’est vraiment l’instinct qui me guide et puis aussi, le seul fait d’être choisi par quelqu’un, te pousse dans une direction… Tu t’enorgueillis vachement de ça, il faut être honnête ! Quand on te dit qu’on a pensé à toi pour un rôle, tu ressens une certaine fierté et l’ego, on le sait, est très important chez les acteurs… 

Tout le monde a un ego mais le comédien aime particulièrement se montrer. C’est un peu plus assumé que chez la plupart des gens ! (rires) Depuis tout petit, j’ai besoin de ce regard-là, de cette reconnaissance-là, des applaudissements… C’est pour ça que j’ai énormément fait de théâtre avant de basculer vers la télé. Je pense que ceux qui disent l’inverse ne sont pas francs, on est galvanisé par les gens et par leur amour. 

Et puis, bien sûr, on campe des personnages avant tout par passion du jeu, de la découverte et de la rencontre ! Je crois d’ailleurs que c’est le côté aventureux de la chose qui m’attire avant tout vers un rôle. C’est rempli de surprises à chaque fois !

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson à Canneseries pour Le Mensuel / Photo Nicolas Lefevre / Capa Pictures / ITC / TF1 / mai 2024

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