CINÉMA

Philippe Bas & Gilles Legardinier en interview pour le film « Complètement cramé ! »

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« Mes personnages ont envie d’aimer et de vivre ! » Gilles Legardinier

 

Si vous avez besoin de vous aérer l’esprit, Complètement cramé ! devrait vous redonner du baume au coeur. D’une élégance rare, cette adaptation du roman éponyme du réalisateur s’impose comme une véritable pause dans le stress et la laideur du quotidien. Fanny Ardant, Émilie Dequenne, Eugénie Anselin, Philippe Bas et John Malkovitch (qui nous fait l’honneur de jouer en français) se partagent l’affiche dans des rôles plutôt inattendus. Prisonniers de leurs peines et de leurs solitudes, ils vont, entre quiproquos et scènes cocasses, se rééduquer à la vie…

 

 


 

 

Le comédien Philippe Bas & le réalisateur Gilles Legardinier, en interview pour le film Complètement cramé !

cinéma / comédie / drame / romance

  • Complètement cramé ! en salle le 01 novembre 2023 / de Gilles Legardinier avec Philippe Bas, John Malkovich, Fanny Ardant, Emilie Dequenne…

 


 

 

Morgane Las Dit Peisson : Venir présenter son film en avant-première s’accompagne de pression ?

Gilles Legardinier : Honnêtement, je ressens surtout du plaisir ! La pression était là au moment de la fabrication car on a tourné en pleine période Covid, avec toutes les difficultés que ça a impliqué, mais maintenant qu’on a réussi à faire le film qu’on voulait, on éprouve un immense bonheur à l’idée de le partager.

Philippe Bas : Le dévoiler au public est une récompense et dans mon cas, c’est une joie de pouvoir montrer une œuvre à laquelle je suis si fier d’avoir participé… Ça vaut le déplacement et le rythme parfois intense entre deux projections ! (rires)

Vous avez déjà pris la température…

Gilles Legardinier : Les gens sont chaleureux, ils passent un bon moment et ceux qui ont lu le livre, nous disent qu’ils s’y retrouvent. C’est quelque chose que j’étais curieux de sonder car souvent, quand on a beaucoup aimé un roman, on est déçu par son adaptation et quelque part, c’est normal puisque le propre d’un ouvrage, c’est de transformer chaque lecteur en réalisateur… Et ce qui est amusant aussi, c’est de voir que des gens se sont fait « traîner » par d’autres qui avaient aimé le roman, passent eux aussi un bon moment et ressortent emballés !

Philippe Bas : Les accompagnants sont en effet très prolixes. On a beaucoup de retours mais ce qui prime à chaque fois, c’est un certain effet de surprise. Ils viennent un peu à leur corps défendant et repartent sans regret, donc ce n’est pas déplaisant à observer ! (rires)

 

 

Vous avez débuté par l’image (clips, pubs…) avant même d’écrire. Vous aviez toujours eu en tête de réaliser un film ?

Gilles Legardinier : L’image n’a pas été ma première vocation mais plutôt un premier moyen d’entrer vers l’émotion… Quand j’étais gamin, j’allais voir comme tout le monde le Disney de l’année, et je me suis aperçu que j’étais autant frappé par ce que je voyais sur l’écran que par l’idée que des gens pouvaient se réunir dans un même endroit, sans se connaître, uniquement pour capter une émotion. Ça m’a véritablement fasciné et ça m’a conduit, modestement, à tendre vers l’idée de participer à ce processus. J’ai tout de suite compris que mon rôle n’était pas d’être « devant » mais d’œuvrer à « fabriquer » ces univers.

C’est pour ça que je me suis d’abord tourné vers la technique et les effets spéciaux. Ce n’est qu’en travaillant sur les plateaux que je me suis rendu compte que l’émotion naissait à l’écriture. Un jour, je me suis mis à écrire comme on a un coup de foudre, ça m’est tombé dessus, ça a envoyé en l’air tous mes projets mais ça a été pour le meilleur ! (rires)

C’est pour ça que même si j’ai commencé par l’image, adapter un de mes romans n’était vraiment pas une volonté ou un désir secret ! C’est Christel Henon, la productrice, qui est venue me trouver parce qu’elle voulait absolument adapter l’histoire de Complètement cramé !

 

 

Devoir adapter son propre roman, c’est faire des coupes, des concessions, des aménagements…

Gilles Legardinier : Mon parcours m’a permis, je crois, d’avoir le recul nécessaire puisque j’ai été script doctor pour beaucoup d’autres. Je savais avant de commencer qu’on ne s’adresse pas de la même façon à des gens qui lisent, qu’à des gens qui regardent. L’écriture c’est l’intériorité tandis que le cinéma, c’est l’incarnation. Quand vous filmez les gens plutôt que de les raconter, ça change inévitablement la narration.

Et très honnêtement, un auteur sérieux doit savoir autant écrire que couper ce qui ne va pas, donc je suis habitué à l’exercice ! (rires) Ça n’a été ni douloureux, ni difficile. L’évidence qui me guide dans tout ça, c’est l’émotion, c’est cette matière qui sort de moi. Le plus compliqué c’est de l’avoir mais en faire quelque chose c’est juste du travail

Christel Henon a désiré cette adaptation et a œuvré pour qu’elle voie le jour…

Gilles Legardinier : Sans elle, le projet n’aurait jamais pu exister, elle en a été la gardienne. Elle voulait absolument ce roman-là et je n’ai fait que la suivre, c’est pour ça que j’ai voulu qu’elle soit ma coscénariste. Elle avait cet œil extérieur essentiel et tout s’est remarquablement bien passé. Je l’ai « obligée » à devenir comédienne dans le film parce que pour moi, elle avait quelque chose à exprimer et au vu du résultat, je ne pense pas m’être trompé ! (rires) Percevoir un talent ou une facette singulière d’un artiste fait partie du travail du réalisateur… C’est sûr que pour Fanny Ardant, Émilie Dequenne, Philippe Bas ou John Malkovitch, personne ne m’a attendu (rires) mais je les ai tout de même imaginés dans des « costumes » inhabituels…

Philippe Bas : Il faut quand même reconnaître qu’il a un instinct particulier, une certaine fibre, quelque chose d’assez indescriptible qui le nourrit et qui fait une différence…

 

 

Il vous a imaginé dans un autre registre que les rôles dans lesquels on a l’habitude de vous voir, ce doit être plaisant d’inspirer autre chose…

Philippe Bas : Ce qui fait du bien quand on est acteur, c’est déjà d’être choisi. C’est évidemment très rassurant et agréable mais c’est vrai que de savoir que quelqu’un vous imagine suffisamment bon pour sortir de votre zone de confort, c’est aussi gratifiant que motivant. Dès la lecture, je me suis aperçu que mon personnage allait devoir traverser beaucoup d’émotions tout en étant criblé de pudeur, de maladresse et d’incapacité à exprimer ses sentiments !

Je n’ai pas campé beaucoup de rôles avec autant de nuances dans ma carrière donc c’est d’autant plus agréable et touchant de savoir que quelqu’un qui réalise son 1er film, est capable de prendre le « risque » de faire suffisamment confiance à son instinct en me confiant un personnage qui ne ressemble en rien à ce qu’on connaît de moi.

Un personnage inhabituel et une histoire douce, bienveillante et attirante…

Philippe Bas : Dès la lecture, cette histoire m’a fait beaucoup de bien, j’y ai senti quelque chose de profond derrière ces moments assez drôles… Il y avait quelque chose de plus fort derrière la surface et j’ai réellement pris ça comme un cadeau et comme une chance de pouvoir participer à cette aventure. Vous parlez de bienveillance et il y a de ça… Il y a de la bonté et de la noblesse dans ces personnages qui traversent des souffrances et dans leur façon de les exprimer. Pour moi, c’était admirable de pouvoir participer à ça.

Gilles Legardinier : Je pense que les gens sont souvent malheureux parce qu’ils n’arrivent pas à extérioriser l’affection qu’ils portent en eux et c’est elle, dans le film, qui finit par s’exprimer. C’est toute la valeur de cette histoire-là. Ce sont des gens qui ont envie d’aimer et de vivre parce que c’est leur nature mais que des poids, des héritages, des disparitions et des erreurs ont envoyé dans les cordes… D’un seul coup, dans le film, ils reviennent sur le ring, ensemble.

 

 

Jouer avec des acteurs comme Fanny Ardant et John Malkovich…

Philippe Bas : Évidemment, j’étais ravi en l’apprenant car ils ont un peu un statut de « légendes » bien que ce soient des acteurs comme les autres… D’ailleurs, avec John Malkovich, il y avait une forme de courtoisie, d’accessibilité, de rapport presque amical qui a été très agréable. Ça s’est passé dans la simplicité… C’est un homme incroyablement professionnel alors à côté de lui, j’ai fait ce que j’ai pu ! (rires) Sérieusement, que ce soit lui ou Fanny Ardant, ils ont réussi à ne pas créer de fossé entre nous et si travailler avec eux a été enrichissant, ça n’a jamais été écrasant…

En revanche, c’était amusant de temps en temps de s’extraire du plateau pour, un court instant, observer… On avait des symboles du cinéma français et américain sous nos yeux ! C’était formidable ! On parle de ces deux monstres sacrés du 7ème art mais j’ai eu la même admiration pour Eugénie et Émilie !

Et puis je crois qu’on était tous mus par la même volonté féroce de ne pas décevoir Gilles qui jouait à la fois son 1er film et l’adaptation de son roman… L’enjeu était là. Il fallait que tous on enfile le costume de notre personnage et qu’on lui apporte vie, profondeur et justesse. Ça a été du travail bien sûr mais bizarrement, ça n’a pas été difficile puisque toutes les conditions étaient réunies…

Gilles Legardinier : En les choisissant, je n’avais pas l’intention d’accrocher des stars sur l’affiche. Je venais juste chercher des humanités, des gens que j’avais rencontrés et que je ressentais. Ils sont de puissants réactifs chimiques humains et j’avais envie de les confronter les uns aux autres pour regarder les étincelles. Tous offrent des numéros en duo avec, pour point commun, ce niveau d’engagement, d’implication et cette qualité humaine qui font qu’ils sont tous à leur place, faits du même bois et que c’est si simple de les voir jouer.

 

 

Les comédiens, ont dans leur phrasé, une musicalité très différente…

Gilles Legardinier : C’est tout à fait vrai, Complètement cramé ! est un film de voix. John et Fanny ont ce phrasé un peu plus lent que la moyenne, mais terriblement majestueux, noble et reconnaissable qui, tout naturellement, forme un couple de voix un peu impériales. Et de l’autre côté, Philippe et Émilie ont un débit extrêmement articulé, précis et très cadencé qui symbolise bien le fait qu’ils soient toujours un peu dans le combat tous les deux. Au milieu, il y a Eugénie qui permet de faire le lien, vocalement, entre ces deux binômes. C’est vrai que la musicalité propre à ces comédiens a énormément sublimé et marqué les personnages…

Philippe, vous avez un personnage qui va énormément évoluer et qui – on parlait des Disney tout à l’heure – fait penser à la Bête de La Belle et la Bête… Bourru mais pas méchant, timide au regard tendre, seul et ne sachant pas comment se conduire pour ne plus l’être…

Philippe Bas : Je ressemble donc à une bête ? (rires) Il y a beaucoup de ça en lui, c’est vrai et c’est ce qui le rend si intéressant. Il est drôle malgré lui, un peu « lourd » mais avec une forme de légèreté. Il m’a énormément séduit pour cette tendresse qu’il dégage petit à petit et l’évolution de jeu qu’il exigeait. C’est passionnant pour un acteur.

Gilles Legardinier : Vous avez raison de le souligner, les personnages de Philippe et Émilie auraient pu être des caricatures. Émilie parce qu’elle ne doit pas être, de prime abord, sympathique. Elle est dure et il fallait qu’elle soit crédible tout en étant capable de dégager une humanité suffisante afin qu’on la soupçonne d’autre chose. Pour Philippe, c’était pareil. On le découvre au départ avec un fusil, de nuit, dans une espèce de caricature de garde forestier et malgré tout, il dégage un truc qui va laisser présager ce qu’il va être en mesure de développer dans le reste du film…

 

 

Ce 1er long-métrage semble avoir été une parenthèse presque enchantée…

Gilles Legardinier : Je pense que ce qui m’a apporté le plus de plaisir sur ce film-là, ça a été les gens avec qui je l’ai fait. Ce sont des métiers particuliers qui dépendent énormément de la matière humaine et il y a eu, en effet, pendant ce tournage, quelque chose de fluide, d’évident et d’enchanteur qui a vraiment débordé du pur « cadre du travail ». On a vécu quelque chose qui, humainement, m’a parlé et m’a rempli de bonheur et de satisfaction. Si jamais l’occasion se représente un jour, si le public l’autorise et si les producteurs le souhaitent, pourquoi pas repasser derrière la caméra mais je n’ai pas de plan de carrière dans ce domaine ! (rires) Je suis un auteur heureux, j’ai l’immense chance que ça se passe bien, je rencontre des gens, je leur raconte des histoires qui me touchent…

Que ce soit sur un plateau ou en signature, dans un entretien comme maintenant ou à la terrasse d’un café, échanger et communiquer est le seul véritable intérêt, pour moi, de la vie. Peu importe le moyen que j’utiliserai à l’avenir, tant que je ferai ça, je sais que je serai comblé.

Pour une 1ère réalisation, se retrouver face à des mastodontes du cinéma n’effraie pas un peu ?

Gilles Legardinier : Je n’étais pas intimidé par eux car j’avais envie d’eux, je rêvais d’eux et je les ai tellement voulus, que je me suis simplement retrouvé dans la peau d’un gamin qui déballe à Noël le cadeau qu’il désirait par-dessus tout ! (rires) On ne peut pas être intimidé par ça, on ne peut qu’avoir envie de jouer avec, de le garder et d’en prendre le plus grand soin. C’est ce rapport là que j’ai entretenu avec eux. Et c’est peut-être ça qui m’a permis de faire le film que j’avais vraiment en tête…

Philippe Bas : Et puis il ne faut pas oublier qu’on s’est tous lancés dans l’aventure parce qu’on aimait l’histoire. John Malkovich n’a pas de temps à perdre, il croule sous les propositions donc il ne se serait jamais impliqué dans un film si l’histoire lui ne lui avait pas plu ! Fanny Ardant, c’est pareil et honnêtement, on était tous animés par la même volonté. Je crois qu’il y a moins de pression pour le réalisateur quand les acteurs sont présents uniquement parce qu’ils ont véritablement aimé le scénario…

 

 

Ce qui ne gâche rien, c’est aussi la beauté des décors…

Gilles Legardinier : Ce lieu existe vraiment… En Bretagne ! Les décors se devaient d’être somptueux car je pense qu’aujourd’hui, si on souhaite proposer un film au cinéma, il faut qu’il propose une dimension d’image qui justifie la taille de l’écran… Dans Complètement cramé !, il y a une beauté qui émane des personnages dans ce lieu, dans cette lumière, dans ces saisons et c’est vraiment quelque chose qui nous tenait à cœur.

On a conçu dès le départ, avec mon directeur de la photo Stéphane Le Parc, quelque chose qui soit de l’ordre de la fable, de très ancré dans le réel, mais avec ce tout petit rien qui nous sauve de la vulgarité du quotidien. Une réalité non pas augmentée mais idéalisée ! (rires)

Jouer dans des décors réels permet de « devenir » plus facilement le personnage qu’en studio ?

Philippe Bas : Ça y participe énormément car ça vient s’ajouter à nos costumes, à l’histoire et au texte dont on s’imprègne. Évidemment, le travail du comédien est de pouvoir donner vie à un personnage n’importe où, n’importe comment et à n’importe quelle heure puisque ça doit venir de l’intérieur, mais il faut reconnaître qu’un tel lieu ne peut pas ne pas nous transcender ! Jouer dans des conditions aussi optimales offre une vibration incroyable et surtout permet d’enrichir toutes les sensations. L’air, la nature, les parquets qui grincent ou les graviers qui roulent sous nos pieds apportent du vrai et inconsciemment, on s’en sert…

La petite maison dans les bois de mon personnage par exemple a été construite pour le tournage et elle a correspondu en tout point à ce que je m’étais imaginé. Je ne sais pas pourquoi ça m’a autant interpellé mais j’ai trouvé ça touchant, c’était presque comme si elle était vraiment à moi et je crois que ça a inconsciemment enrichi mon jeu. En effet, à un moment, j’ai eu l’impression de ne plus « jouer » mais « d’être ».

 

 

Vous connaissiez le roman avant le tournage ?

Philippe Bas : Je n’avais pas lu Complètement cramé ! et pour ne pas perturber mon travail sur le scénario, j’ai préféré en lire d’autres qui m’ont permis de comprendre encore davantage toute l’émotion, toute l’authenticité et toute l’humanité que Gilles distille dans son travail… Il est rigoureusement vrai et ça, ses lecteurs le savent et le ressentent à travers son écriture. J’ai dévoré Un instant d’éternité qui me plaît beaucoup et j’ai entamé son dernier roman – Mon tour de manège – qui vient de sortir…

 

 

Un peu de trac pour la sortie de Mon tour de manège ou on finit par s’habituer ?

Gilles Legardinier : Là encore, je n’ai pas eu peur de le publier, j’ai juste eu profondément envie de le partager. Le jour où je ne ressentirai plus ça, le jour où je n’aurai plus envie, j’arrêterai. Il y a tellement de gens qui savent écrire qu’il faudrait être fou pour en empiler un livre de plus juste par obligation ou par ego ! Ce qui me motive toujours c’est un désir de parler de sentiments qui me touchent et me bouleversent, à travers des situations qui me font rire. Le malheur est le meilleur terreau pour la comédie et la plupart des monuments qu’on arrive à construire dans nos vies sont façonnés sur les ruines de nos échecs et de nos regrets. Quand on arrive à en rire, on va déjà un peu moins mal et c’est ça qui m’intéresse. Je suis profondément réaliste et pragmatique, c’est ma nature et c’est ça que j’ai envie de partager avec le plus grand nombre. Je ne sais pas si je suis très optimiste mais en tous cas je ne suis pas à l’aise dans cette époque où l’on a tendance à ne regarder que le pire. Bien sûr il existe, mais quand on voit ce dont les humains sont capables lorsqu’ils croient en quelque chose, on a, je pense, toutes les raisons d’espérer que ça puisse aller mieux.

Philippe Bas : Gilles a une forme d’enthousiasme qui nous réunit tous. Il a une énergie très forte et sur un plateau de tournage, ça sonne comme une évidence. Je l’ai vu travailler et j’ai trouvé ça incroyable de réussir à tenir et à diriger les gens uniquement en les encourageant et en les portant…

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson au Cinéum Cannes pour Le Mensuel / novembre 2023

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