INTERVIEW
Natasha St Pier en interview
Séduite par le projet de Grégoire, Vivre d’amour, auquel elle avait participé, Natasha St Pier n’a pas hésité à se plonger à nouveau dans les poèmes de Sainte Thérèse de Lisieux afin d’élaborer – en compagnie du groupe Glorious -, un second volet intitulé Aimer c’est tout donner… Ne prônant aucun message dogmatique, la douce québécoise rappelle tout simplement que des valeurs telles que l’amour, le partage et la tolérance ne sont l’apanage d’aucune religion…
NATASHA ST PIER en concert avec « Thérèse de Lisieux, Aimer c’est tout donner » à l’Église de la Nativité de La Garde le 20 décembre 2018
« J’ai besoin d’aborder des choses qui me touchent…. »
Morgane Las Dit Peisson : On va vous retrouver en concert mais pas dans une salle habituelle…
Natasha St Pier : Ce projet là est particulier alors avoir la chance de pouvoir le présenter dans des églises permet d’augmenter la portée des mots et de toucher les gens d’une façon un peu différente… Ce sont des lieux chargés d’Histoire et de spiritualité qui invitent les spectateurs à vivre un concert autrement, peut-être plus sereinement et en étant plus à l’écoute. C’est étrange mais que l’on soit croyant ou non, lorsque l’on pénètre dans un lieu de culte, un calme s’impose…
Une acoustique spéciale…
La sonorisation d’une église est réellement une tâche complexe mais j’ai le privilège d’être très bien accompagnée techniquement du coup, je ne ressens pas de contraintes particulières et il me suffit de chanter normalement. La chose qui diffère énormément pour moi par contre, c’est que je ne suis pas sur une scène mais, à deux ou trois marches près, à la même hauteur que le public… Je me sens moins « chanteuse en représentation » ! (rires) Ce n’est pas la même façon de donner ni de vivre ce moment là…
La rencontre de Thérèse de Lisieux a eu lieu grâce à Grégoire…
Quand on m’a proposé le projet de Grégoire, j’ai tout de suite aimé tout ce que l’on m’a fait écouter sans savoir qui était à l’origine des textes. J’ai accepté et ensuite, seulement, je me suis renseignée sur Thérèse de Lisieux. Plus je faisais des recherches sur elle et plus elle m’attirait mais pour être tout à fait honnête, le fait qu’elle ait été une religieuse m’a, au tout début, fait un peu peur… Je me suis demandée comment les gens, et surtout les médias, allaient recevoir l’album Thérèse, vivre d’amour. Mais tout a été d’une telle évidence que je n’ai finalement plus eu une seule crainte en préparant le second, Thérèse de Lisieux – Aimer, c’est tout donner.
La religion est presque devenue taboue…
Aujourd’hui, la foi est réellement devenue de l’ordre de l’intime alors qu’il est arrivé, au cours de l’Histoire, qu’elle soit quelque chose de publiquement important et qu’une absence à la messe suffise à faire jaser tout un village ! (rires) À l’heure actuelle, beaucoup d’entre nous ont une spiritualité qu’ils ne savent pas exprimer tant la laïcité – oh combien essentielle pour maintenir une égalité – a fini par la gommer. J’aime l’aspect spirituel des choses car ça éveille notre conscience et ça nous permet d’être un peu moins individualistes et un peu plus attentifs aux autres.
Les textes de Sainte Thérèse sont abordables…
Ça paraît presque incroyable mais les textes de l’album datent de plus de cent ans et n’ont pas été modifiés pour cet album ! Thérèse de Lisieux était très jeune lorsqu’elle les a écrits alors ils ne sont pas alambiqués, ne sont pas chargés de fioritures et surtout n’ont pas pour but d’évangéliser. À travers ses poèmes, elle a certes dévoilé son amour pour Jésus mais elle s’exprime comme n’importe quelle adolescente au sujet de son amoureux et ça permet à chacun d’interpréter ces mots-là comme il le souhaite.
Vous avez la foi…
Je l’ai toujours eue même si je n’en parlais pas beaucoup… La foi, lorsqu’on l’a, aide à se sentir moins seul et plus en sécurité… Quand, par exemple, j’ai dû accepter de confier mon fils à un chirurgien, j’ai pris conscience que je le mettais certes dans les mains d’un homme magnifiquement expérimenté mais d’un homme tout court, avec ses failles… Avoir la foi m’a permis d’avoir un peu plus confiance…
L’alphabet des animaux…
J’ai eu l’idée de cet album pour enfants après la naissance de mon fils car, pour bien chanter, j’ai besoin d’aborder des choses qui me touchent et me reflètent au fur et à mesure de ma vie. Étant jeune maman d’un premier enfant, mon univers était l’enfance à ce moment là alors je me suis lancée dans le projet sans me préoccuper de mon image ou de ce que les gens allaient en penser ! En 25 ans de carrière, je ne me suis arrêtée que pour me consacrer à mon fils et quand j’ai décidé de revenir dans le monde du travail, j’ai voulu le faire en conservant encore un peu ce lien si particulier entre lui et moi…
© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photos Maxine Ankevis
Interview parue dans les éditions n°398 #1, #2 et #3 du mois de décembre 2018
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