CINÉMA

Maxime Gasteuil et Édouard Pluvieux en interview pour le film « 14 jours pour aller mieux »

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« On rit avec eux et jamais d’eux… » Maxime Gasteuil

 

 

Coauteur d’entre autres Kev Adams et Anthony Kavanagh mais aussi réalisateur, Édouard Pluvieux accompagne également dans l’ombre Maxime Gasteuil depuis son 1er one-man. Alors que l’humoriste poursuit sa tournée avec son second spectacle Retour aux sources, les deux inséparables débarquent au cinéma avec le film 14 jours pour aller mieux… Inspiré d’une expérience personnelle qui a conduit le comédien plutôt cartésien et impatient à découvrir le monde du bien-être et de la zénitude pendant une cure immersive, ce long-métrage nous invite à suivre son personnage éponyme dans un stage mené d’une main de fer par une Zabou Breitman au franc-parler décapant ! À deux doigts de céder au mal du siècle – le burn-out -, Maxime se laisse embarquer par son futur beau-frère dans cet obscur univers qu’il risque d’avoir du mal à supporter 2 semaines ! Une comédie ultra drôle, rythmée et respectueuse dans laquelle ses créateurs n’ont cédé ni à la facilité ni à la lourdeur qui ont malheureusement tendance à sévir dans ce genre de cinéma…

 

 

 

 


 

 

Maxime Gasteuil et Édouard Pluvieux en interview pour le film 14 jours pour aller mieux

interview / cinéma / film / comédie

 

 


 

 

 

Morgane Las Dit Peisson : Le film promet 14 jours pour aller mieux, est-ce que ça fonctionne vraiment ?

Maxime Gasteuil : Déjà qu’on allait super bien avant, alors depuis ce film et ces avant-premières, on a une forme incroyable ! Il tient donc toutes les promesses de son titre… (rires)

Édouard Pluvieux : Je crois d’ailleurs que ce sont les avant-premières qui nous donnent autant d’énergie parce que quand tu fabriques ton film, automatiquement, tu l’aimes bien et dans le meilleur des cas, tu es assez content de toi. Puis arrive l’étape qui ne pardonne pas : la présentation au public quand il est terminé et que tu ne peux plus rien modifier… S’il ne l’apprécie pas, c’est foutu alors le fait que 14 jours pour aller mieux reçoive un accueil si chaleureux partout en France nous rassure, nous transporte et nous fait, évidemment, aller toujours « mieux » ! (rires)

 

 

Un deuxième film pour toi Édouard et un premier pour toi Maxime, c’était une évidence de travailler ensemble au cinéma comme vous le faites pour la scène ?

Maxime : J’en ai eu très envie dès que j’ai rencontré Édouard ! Je savais qu’il était réalisateur en plus d’être metteur en scène au théâtre mais aussi co-auteur de plein de spectacles et j’aime tellement son travail que je n’attendais qu’une chose, c’était de jouer devant sa caméra… C’était une évidence et surtout c’était sensé car c’était sincère. Au-delà de s’apprécier professionnellement, on est devenus de véritables amis, on a des centres d’intérêt en commun et on se respecte énormément. On travaille tous les deux dans une dynamique où personne ne prend la place de l’autre, on se met au même niveau et je crois que c’est la somme de tout ça qui fait qu’on a pu réaliser ensemble le film dont je rêvais. 

 

 

L’idée de ce scénario…

Maxime : On l’a eue grâce à Benjamin, le troisième larron de la bande qui, accessoirement, produit le film. Il nous a amenés dans ce vivier extraordinaire de personnes complètement accrochées au plafond et tout naturellement, on s’est dit qu’il y avait matière à en faire un film drôle !

Édouard : Avec Maxime, on se ressemble assez sur ce genre de choses, on est plutôt terre à terre… C’est-à-dire que si tu t’approches de nous avec un bâton de sourcier, il va t’arriver des malheurs tandis que Benjamin et son frère, eux, sont vachement dans le bien-être, les émotions et les huiles essentielles… (rires) D’ailleurs, à un moment où la carrière de Maxime ne décollait pas, Benjamin l’avait emmené dans un stage de bien-être du même genre que celui qu’on retrouve dans le film, et c’est de là qu’est née l’idée de 14 jours pour aller mieux. C’était trop marrant pour ne rien en faire !

 

Marrant et en même temps, même si vous vous moquez pour que ce soit drôle, ce n’est jamais méchant ou malveillant…

Maxime : En effet, on rit avec ces gens adeptes de ces stages et avec ceux qui les créent, comme Franck et Vanessa qui avaient animé le stage initial dont on avait fait partie, mais tu as raison de souligner qu’on rit avec eux et jamais d’eux.

Édouard : Lorsqu’on a fait ce stage « pour de vrai », on s’est aperçu que des gens y venaient parce qu’ils avaient réellement de grands problèmes de vie et qu’ils avaient tout épuisé – psychanalyses, médicaments etc. – avant de s’y inscrire. Ils allaient mal en arrivant et on a pu observer que ces stages leur faisaient énormément de bien. Donc tu ne peux pas ressortir de là en étant méchant, ce serait vraiment trop irrespectueux. En revanche, tu peux effectivement décider de proposer de se marrer ensemble de la situation, de l’inconnu, des techniques parfois curieuses mais aussi des gens ultra cartésiens comme Maxime et moi avons tendance à l’être !

 

 

Un film qui n’est pas une adaptation d’un de tes spectacles mais une création pure. On retrouve votre savoir-faire en termes de vannes et d’énergie mais l’écriture est différente… 

Maxime : C’est vrai que même si on bosse ensemble sur mes spectacles, le travail a été bien différent. Édouard s’est évertué à faire un film de cinéma et non pas un film à sketches ou une parodie, donc il y a un véritable scénario. On entend souvent qu’un bon film, c’est avant tout une bonne histoire et travailler pour la première fois au cinéma m’a prouvé que c’était vrai.

Quand on a un thème à défendre, on embarque les gens et, quand on peaufine bien les personnages, les spectateurs réussissent à s’identifier. Dans 14 jours pour aller mieux, ils sont nombreux, tous très différents les uns des autres et ce sont en grande partie eux qui nous permettent de nous approcher au plus près de la vérité. Grâce à ces rôles à la fois drôles et attachants, on s’immerge dans cette histoire et on a presque l’impression de faire partie de la « bande ».

Édouard : Dans le dernier spectacle de Maxime, on a un passage sur le bien-être qui ne ressemble pas du tout au sujet du film qui était d’ailleurs déjà écrit. On en parle également sur scène parce qu’on s’est aperçu que c’est une préoccupation qui touche énormément nos générations. Mais en effet, 14 jours pour aller mieux n’est pas du tout un ersatz de spectacle filmé, c’est un long-métrage à part entière. En revanche, il faut reconnaître que bien que la façon d’écrire soit différente sur un scénario (travaillé avec un super scénariste : Lionel Dutemple), on y retrouve notre « patte » et notre habitude de la vanne sèche et du tac au tac.

Maxime : Une fois que les situations et le « squelette » du scénario étaient prêts, que les décors et le lieu de tournage étaient choisis, on s’est affairé à travailler les dialogues parce qu’on adore ça et qu’on voulait que ce soit le plus marrant possible. On s’est vraiment amusé à imaginer et à réaliser ce vrai film de comédie…

 

 

C’est ciselé, drôle sans être lourd ou graveleux… On n’est pas sur une comédie potache…

Maxime : Eh bien ça nous fait super plaisir parce que c’était exactement ce qu’on voulait faire… C’est aussi ce que le public nous renvoie donc ça veut dire que tout ce qu’on a voulu y mettre a été identifié. On est pourris gâtés ! (rires)

 

Ce film n’est pas encore sorti qu’un second se prépare déjà…

Maxime : J’avais envie de faire des films donc j’ai travaillé ces longs-métrages en amont pendant quelques années mais Édouard et Ben, entre le Covid et la crise dans l’industrie du cinéma, ont rencontré pas mal de difficultés pour mener nos projets à bien. Vu de l’extérieur, ça semble s’accélérer tout à coup mais c’est uniquement parce qu’en ce moment, les portes sont grandes ouvertes donc on en profite pour montrer de quoi on est capables. On a plein d’histoires à raconter, plein de choses à filmer alors tant qu’on nous laisse faire, on continue ! (rires) Dès qu’on avait du temps libre, au lieu de se dire que ça ne fonctionnerait jamais, on écrivait des scénarios… Ce qui explique qu’à l’heure actuelle, on en ait cinq « de côté » dont 14 jours pour aller mieux. Bien sûr, ils ne sont pas tous aboutis mais le second est fini et est en train d’être financé pour être tourné, normalement, en juin et juillet. 

 

 

Un film choral qui réunit beaucoup de personnalités différentes et surtout de vrais talents pour donner corps à ces portraits…

Édouard : On a eu la chance d’avoir Zabou Breitman (un véritable chef d’œuvre de comédienne) et que tous nous fassent confiance sur la foi du scénario et sur la connaissance des spectacles de Maxime. Que ce soit Chantal Lauby, Michel Boujenah, Bernard Farcy, Romain Lancry, Anne Serra, Nader Boussandel, David Salles, Rosa Bernstein, Estéban ou Tatiana Gousseff, c’est un privilège incroyable d’avoir pu réunir tous ces génies du jeu…

C’est une vraie comédie chorale qui s’est distinguée des autres dès le tournage du film car c’est très rare qu’autant de rôles d’égale importance tournent tous ensemble en même temps. Souvent, beaucoup ne se croisent même pas tandis que là, pour que ça ressemble à un véritable stage de bien-être, il fallait que la quinzaine de personnes qui y participaient soient présentes et vivent ensemble tout le temps. La difficulté a été de trouver des solutions dans l’écriture et dans le cadrage pour qu’aucun des personnages ne soit effacé.

Tous avaient une petite boîte à outils qu’on avait écrite ensemble afin de façonner chaque rôle, y compris dans les moments où le spectateur ne se concentre pas sur lui. Son attitude, ses manies, ses regards… Je leur ai demandé d’être comme une troupe de théâtre d’impro dès que les caméras tournaient, sans jamais se demander si l’une d’elles allait s’arrêter sur eux. Il fallait qu’ils vivent leurs personnages en permanence.

 

 

Chaque comédien a contribué à alimenter son propre personnage ?

Édouard : Absolument, on a écrit une histoire à chacun et ensuite, ça a été à eux de les défendre avec leurs personnalités.

Maxime : Tatiana Gousseff par exemple, a fait énormément de propositions sur sa manière de parler, sur les objets qu’elle devait tenir tout le temps ; Romain Lancry a aussi été très précautionneux là-dessus ; Nader Boussandel idem…

Édouard : Je leur ai demandé s’ils avaient une particularité ou une passion dans la vie pour que le moindre geste de leur personnage soit naturel. Tatiana, par exemple, fait tout le temps des photos en argentique donc je lui ai demandé de prendre son appareil sur le tournage. Ce sont des petits trucs mais je crois qu’une fois cumulés, ils participent grandement à la véracité de tous ces protagonistes…

 

 

L’expérience du tournage vous a plu, pas de regret ?

Maxime : J’avais déjà joué au cinéma mais je n’avais pas participé à un tournage au long cours, comme ça, sur 25 jours. C’est une véritable expérience mais ça a été un plaisir grâce au travail d’Édouard qui, en chef d’orchestre, a su nous guider et nous driver – techniciens et acteurs – tout en créant une ambiance fédératrice. Tout le monde avait envie d’en être et de s’éclater tous les matins. Ça a véritablement été un tournage serein et bienveillant où personne ne criait ni était irrespectueux. Tout le monde était impliqué, se mélangeait et était au service de l’autre pour le bien du film, ça a été assez magique.

Édouard : Il n’y avait qu’un seul patron : le film et quand on a toute une équipe qui œuvre dans ce sens-là, ça ne peut que bien se passer…

Maxime : On s’amusait des conneries qu’on faisait tous les jours pour essayer d’être le plus près de la vérité et le plus pro possible pour qu’Édouard soit satisfait de ses séquences et ait moins de choix à faire pour le montage.

Édouard : Ma méthode, c’est d’essayer de faire aimer le film aux comédiens pour les pousser à s’investir. Ils m’écoutaient mais pas parce que c’était moi ou quelqu’un d’autre, uniquement parce qu’ils sentaient qu’on était tous au service du film. Je n’ai pas eu besoin de me battre pour les faire avancer et c’est une situation ultra confortable.

 

 

Tenir un rôle au long cours ressemble un peu à l’artisanat du spectacle ?

Maxime : Ça reste quand même différent surtout parce que le spectacle, c’est immédiat et ça, je m’aperçois que c’est vraiment mon plus grand plaisir. Un peu comme sur scène, je me suis retrouvé de nouveaux repères pendant le tournage, en guettant les rires des techniciens. Sur un plateau, il y a entre une vingtaine et une cinquantaine de personnes tous les jours donc c’est un public. Surtout, c’est un public de professionnels qui a l’habitude de voir des acteurs défiler. Quand je les voyais rire, ça me réconfortait et surtout, ça me poussait à faire encore plus et encore mieux ! Je crois que la grosse différence entre les deux exercices a été, pour moi qui suis assez impatient, d’apprendre à gagner en patience… Je suis du genre à en avoir plein le cul au bout d’un quart d’heure alors qu’on m’a calé une répétition d’une heure et demie mais au cinéma, j’ai compris qu’il fallait un peu plus de rigueur pour pouvoir réenchaîner, refaire, attendre que le mec règle son optique, qu’un autre change une ampoule ou retouche le décor… Je suis un peu comme un gosse de quatre ans et demi qui a besoin que ça aille vite mais Édouard était là pour me pour me tenir un peu ! (rires) 

 

 

C’est rassurant de travailler « en famille » ?

Maxime : Oui parce que c’est confortable et parce qu’on est en confiance. Je sais qu’Édouard ne va pas malmener mon image ou mon jeu dans le film. Son bonheur, c’est de me mettre en avant et moi, le mien, c’est d’être le meilleur acteur possible pour lui, pour son montage et pour sa réalisation. Ben n’avait qu’une envie aussi, c’était de produire un super film.

Édouard : Et ce qui est très pratique aussi c’est qu’il n’y a pas de filtre, quand on a des trucs à se dire, on se les dit franchement. C’est efficace, rapide et surtout, c’est un bonheur de travailler tous les trois…

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson au Novotel Suites Nice Airport à l’occasion de l’AVP à Pathé Nice pour Le Mensuel / Photos Las Palmeras / mars 2024

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