COUPS DE COEUR

Max Boublil en interview pour son nouveau one-man « Maximilien »

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« C’est toujours un peu intimidant de raconter sa vie ! » Max Boublil

 

 

Alors qu’on le retrouvera à nouveau au cinéma dans les mois à venir (dans Neuilly-Poissy et Double foyer), Max Boublil n’a pas pu résister à l’appel de la scène en solo ! Après une 1ère expérience théâtrale couronnée de succès en compagnie de son complice Gérard Darmon, le comédien a retrouvé les planches dans Maximilien. Un titre dévoilant son vrai prénom pour signifier dès l’affiche qu’il a opté tant pour la simplicité que pour la sincérité. Dans cette nouvelle création, il a choisi, avec autodérision bien sûr, de partager son quotidien et celui de ses proches.

 

 

 

 


 

Max Boublil en interview pour son nouveau one-man Maximilien

interview / spectacle / humour / théâtre / cinéma / one-man

 


 

 

 

Morgane Las Dit Peisson : Comment te sens-tu juste avant de monter sur scène ?

Max Boublil : Ça va plutôt bien, je suis super content de jouer même si, honnêtement, je suis un peu nerveux de monter sur scène, de partager ce nouveau spectacle avec les gens et de leur parler un peu de moi, de ma vie, de ma femme, de mes enfants, de ma mère, de faire des blagues, de parler de l’enfance… C’est toujours un peu intimidant de raconter sa vie mais je suis heureux.

En pleine tournée de rodage avec Maximilien

On a fait, au moment où l’on se parle, au moins une trentaine de dates, donc le one-man commence en effet à bien se roder… Je ne regarde plus trop le texte car je sens que j’ai un peu plus le spectacle et les chansons dans les pattes.

Avec Maximilien, je passe de moments de pure intimité à des passages plus légers où l’on chante des chansons, et pouvoir travailler, pendant les premiers temps, dans des salles intimes et confortables, c’est hyper agréable.

Et tout au long de son existence, il continuera de toute façon à se transformer…

C’est ça qui est génial avec un spectacle, c’est qu’il évolue tout le temps. Il n’y a jamais un moment précis où tu arrêtes de le travailler et je sais déjà que jusqu’à sa dernière représentation, il changera.

 

 

Tu sais déjà que tu pars pour deux ou trois ans avec lui sur les routes donc il faut que tu l’aimes et que tu te sentes bien avec…

On ne sait jamais ce que l’avenir réserve mais c’est un peu la moyenne généralement. En effet, il faut qu’il te corresponde complètement car partir plusieurs mois avec une proposition artistique, c’est un véritable engagement. Comme Maximilien parle de moi, je prends moins de risques qu’avec un spectacle d’actu par exemple et comme le sujet de fond est ma vie, je ne devrais (normalement) pas trop m’en lasser ! (rires)

Parler de toi aussi sincèrement et ouvertement, c’est une première…

C’est vrai que là, j’y vais plus franchement. Je présente par exemple ma mère dans le spectacle, en racontant (ce qui est la vérité) qu’elle est auteure de contes et de dessins animés pour enfants mais aussi, qu’il y a 2 ans, elle a sorti un roman autobiographique qui s’avère être un peu porno… (rires) J’en lis des extraits sur scène et les gens sont morts de rire parce que c’est vraiment très cul ! (rires) Je parle de mes filles et de leurs différences. Je parle de mon couple. Ça fait 18 ans que je suis avec ma meuf alors que comme je le dis sur scène, c’est normalement le temps de la peine pour double meurtre avec préméditation… (rires) Je me raconte et c’est vrai qu’à ce point-là, c’est la première fois…

Tu ne te serais pas senti prêt avant, il fallait mûrir pour oser te livrer ?

À mes débuts, j’avais plutôt un public de teenagers, adolescents voire étudiants alors qu’aujourd’hui, le public qui vient me voir a à peu près mon âge car il a grandi en même temps que moi. Aujourd’hui ils ont 30 ou 40 ans, ils ont des enfants, donc je peux leur raconter ce qui m’arrive car ils se retrouvent dedans. Mais ce n’est pas pour autant facile de se livrer… Ça demande un petit travail sur soi d’oser aller parler d’histoires personnelles devant tout le monde et de se mettre à raconter des anecdotes sur son enfance… Je confie par exemple comment, ado, j’étais harcelé. Avant de le faire, je me suis évidemment demandé si c’était une bonne idée et puis, une fois que je me suis lancé, je me suis rendu compte que ça intéressait les gens parce que, de près ou de loin, ils étaient concernés.

Quand tu es vraiment sincère, tu réalises que tu n’as pas besoin de faire des blagues en permanence pour combler un quelconque vide. Un spectacle d’humour, ce n’est pas qu’un enchaînement de vannes, c’est une confidence, un récit…

 

 

Ça s’apprend avec le temps de ne pas courir après le rire ou de ne pas avoir peur des silences…

Bien sûr car ça fait super peur quand tu es humoriste de ne pas entendre rire ! D’ailleurs j’avoue que même si je suis à l’aise avec cette évolution, j’ai quand même besoin de faire rire le public tout de suite quand j’arrive sur scène… En revanche, je suis beaucoup plus à l’aise avec les moments « calmes » comme lorsque j’ouvre le bouquin érotique de ma mère par exemple pour livrer quelques citations bien choisies ! (rires) D’ailleurs, elle ne veut pas que je le lise sur scène et ça rend la chose encore plus drôle ! (rires) C’est incroyable, elle est connue pour des contes pour enfants ! Le contexte est tellement hilarant que ça me fait presque oublier que je parle de ma mère ! (rires)

Le fait de raconter des histoires vous fait un gros point commun…

C’est vrai qu’elle m’a toujours poussé vers des métiers artistiques. Quand j’étais petit, j’écrivais des espèces de romans de science-fiction et mes parents ont toujours été hyper bienveillants en me disant que c’était créatif et intéressant, bien que plein de fautes d’orthographe et de conjugaison… (rires)

Sur scène, tu racontes aussi ton rôle de père et on est obligé de réaliser que même si ça ne se voit toujours pas physiquement, tu as comme tout le monde un peu vieilli…

Je voudrais bien te donner le secret de ma jeunesse éternelle mais je ne le connais pas ! (rires) C’est peut-être tout simplement dû au fait qu’inconsciemment, je ne veux pas vieillir… D’ailleurs, plein de gens ne me croient pas quand je leur dis que j’ai 44 ans alors j’en parle dans le spectacle ! En même temps, j’ai le même âge que le président de la République sauf que lui est à l’Élysée et que moi, je fais le guignol sur scène ! (rires) Ce qui fait réaliser que le temps passe, ce sont en effet les enfants car ma grande fille va sur ses 11 ans et la plus jeune a 7 ans. Au début, quand je partais en tournée à 25 ans, dans ma loge il y avait des filles, on fumait et on buvait alors qu’aujourd’hui, je suis seul avec ma meuf en FaceTime pour chanter le générique de l’âne Trotro à mes filles… On a littéralement changé d’ambiance ! (rires)

 

 

Maximilien serait donc un spectacle un peu plus mature que les précédents ?

Ne nous emballons pas ! (rires) Les sujets que je traite correspondent aux questionnements des gens de mon âge et sont peut-être un peu « profonds » mais je le fais toujours avec ma verve, mon adolescence dans le flow, ma bêtise et ma naïveté habituelles ! Les thèmes sont un peu plus matures, mais j’ai vraiment imaginé ce spectacle comme une bulle de légèreté…

Les sujets ne sont pas graves, c’est un pur moment de détente. Avec tout ce qu’il se passe dans le monde et l’actualité qui est chaque jour de plus en plus lourde, j’avais envie d’un spectacle certes sincère mais léger et bienveillant.

J’aime que des gens viennent me voir à la fin de ce spectacle pour me dire que ça leur a fait du bien de rigoler, tout simplement, pendant 1h30.

Les enfants sont une source d’inspiration constante ?

Ah oui, les enfants, ça influence énormément ! Déjà, il faut savoir que mes filles m’avaient fait promettre de ne pas parler d’elles dans le spectacle, ce qui a été impossible ! (rires)

Elles sont super inspirantes, je ne peux pas passer à côté de ce qu’elles me servent sur un plateau ! (rires) La petite veut être humoriste et ne fait que des conneries alors que la grande est plutôt du genre hyper brillante… Comment tu veux qu’en écrivant un spectacle sur moi et sur ma vie, je laisse de côté ce qu’il y a de plus intéressant dans mon existence ? Ce sont deux personnages incroyables qui déambulent autour de moi et qui m’inspirent au point que je pourrais sans problème ne faire un spectacle que sur elles, tant elles sont différentes l’une de l’autre et surtout, différentes de moi ! (rires) J’ai d’ailleurs souvent l’impression qu’elles ont hérité de l’intelligence de leur mère…

Sérieusement, c’est une source inépuisable de petits soucis du quotidien et de nouvelles rencontres. Elles vont à l’école alors, en tant que parent, tu es aussi confronté à un nouvel environnement avec des parents d’élèves qui ne te ressemblent pas nécessairement… Où elles sont, il n’y a que des bobos que je soupçonne d’avoir voté Hidalgo… (rires) Il y a les anniversaires pour enfants, les couchers, les débriefs de leurs journées, leur façon de voir la vie, leur point de vue et le tout est sans filtre. C’est curieux car il y a une certaine candeur dans leurs propos bien qu’elles soient très perspicaces. Parfois, j’ai la sensation qu’elles m’aident à prendre du recul par rapport aux choses.

Tu as piqué des idées à tes filles mais tu as quand même pas mal bossé pour mettre Maximilien sur pied…

Écrire un one man show, même si les gens ont parfois l’impression que c’est facile de faire des petites chansons entrecoupées de blagues, ça exige du travail et de la rigueur. Heureusement, je ne suis pas seul, j‘ai des coauteurs qui sont très bons mais clairement, ça demande beaucoup d’efforts et de concentration. Et puis, une tournée de rodage, c’est génial mais pas de tout repos non plus ! On est tout le temps sur la route, on essaye de nouvelles choses tous les soirs, on repeaufine pour le lendemain en fonction des réactions du public… Il y a beaucoup de travail derrière un spectacle d’humour pour qu’il ait l’air simple, fluide et improvisé.

 

 

Avant de revenir seul en scène, tu étais au théâtre avec Gérard Darmon et une troupe…

Ça a été une expérience super enrichissante ! Avec Une situation délicate, j’ai vécu des moments extraordinaires ! On a commencé à Paris dans un théâtre qui faisait 500 places et on a fini dans des Zénith, partout en France ! C’était dingue pour une première pièce de théâtre… Et puis, donner la réplique à Gérard Darmon ça ne peut que te faire progresser ! Il a un tempo de comédie de fou, tout ce qu’il fait sur scène est drôle que ce soit dans ses inflexions, ses ruptures, ses intentions… Je suis un peu arrivé les mains dans les poches mais il m’a tout de suite mis au boulot ! (rires)

Je sais que si je refais du théâtre un jour, je n’aurais probablement pas le même succès car ça n’arrive certainement qu’une fois dans une carrière mais ça restera un moment incroyable ! Peut-être même qu’on essayera de la reprendre pendant un temps. Les producteurs étaient évidemment partants mais ce qui a coincé ça a été nos emplois du temps respectifs. Moi, j’avais mon one man à écrire et Gérard avait un agenda de dingue avec tous les films qu’il avait à tourner.

La différence entre théâtre et one-man, c’est que tu ne peux pas t’adresser au public ni même le regarder…

Oui, c’était spécial les premières fois ! (rires) Surtout que par moments, sur des délires, on se faisait tellement rire avec Gérard que c’était très dur de rester en face de lui. Il est plutôt facétieux, il va te dire des saloperies à voix basse pour te déstabiliser un peu et moi, il ne me faut pas grand-chose pour partir en fou rire ! (rires) J’avais envie de déconner avec les gens, de partager ça avec eux comme je l’ai toujours fait et c’est là que je me suis rendu compte que ce n’était pas facile de gérer ce fameux 4ème mur ! Ça m’a fait réaliser que j’avais besoin de retrouver les gens en one-man pour échanger directement avec eux…

On se nourrit de chaque expérience, tu sens que le théâtre a changé quelque chose dans ton jeu ?

Je ne sais pas si ça a changé beaucoup de choses, je manque de recul pour m’en rendre vraiment compte mais ça m’a appris à travailler différemment, plus précisément afin que le jeu soit impeccable. J’aurais dû faire influenceur, c’est quand même moins de taf ! (rires)

 

 

Et puis il y a le cinéma avec Neuilly-Poissy, à venir prochainement…

Neuilly-Poissy est une comédie sur un petit gars de Neuilly qui, du jour au lendemain, se retrouve en prison. Donc il passe de 300m2 à 9m2… Il y a Gérard Darmon qui est venu faire le juge, Gérard Jugnot qui a joué le rabbin de la prison et plein d’autres acteurs magnifiques, comme Steve Tientcheu qui était dans Les Misérables. Mon personnage est terrorisé de se retrouver dans une cellule de prison avec des cailleras et finalement, des amitiés vont se créer entre eux. C’est un film qui a un joli message – surtout en ce moment – sur la fraternité, la tolérance, les religions, sur le fait de ne pas trop juger l’autre… Ça résonne encore plus aujourd’hui. Je ne sais pas encore quand il va sortir mais j’ai hâte que les gens le voient.

Double foyer aussi, qui sortira en salles le 21 février 2024…

C’est une petite comédie romantique avec Émilie Dequenne… Un très joli film qui raconte l’histoire d’un couple qui, pour continuer à s’aimer, ne veut pas vivre ensemble.

On suit un peu leur vie et leurs pérégrinations… C’est drôle et délicat, avec un petit côté comédie musicale. C’est une proposition assez « film d’auteur » mais accessible, très originale et musicale avec des compositions d’Aldebert.

On retrouve d’ailleurs l’aspect musical dans Maximilien

Ah oui dans ce spectacle, il y a des chansons (des nouvelles bien sûr) et puis, à la fin, les « tubes » qui m’ont fait connaître. C’est très dur de trancher car tu veux apporter des créations sur scène mais tu risques de décevoir une partie du public si tu ne lui joues pas ce qu’il connaît et attend. Il y a vraiment une partie stand-up et une partie chantée.

 

 

Sous tes airs et certaines paroles plus ou moins « poétiques », on sent bien qu’il y a une grande sensibilité…

Probablement… (rires) C’est dur de dire que Ce soir tu vas prendre est une chanson sensible, mais quelque part, c’est une déclaration d’amour… (rires) Avec ma façon de chanter et ma voix un peu fluette, ça apporte de la douceur c’est vrai… Et puis, c’est du second degré, heureusement ! Mais c’est drôle de voir que pendant des chansons comme J’aime les moches, des filles vont allumer des briquets et chanter avec moi. C’est étonnant et assez drôle mais ça prouve que le public a compris qu’on était vraiment sur de l’autodérision… Mais aussi que les filles ont beaucoup plus d’humour que les garçons !

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson au Théâtre de la Cité de Nice pour Le Mensuel / décembre 2023

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