INTERVIEW

Lucien Jean-Baptiste et Edouard Montoute en interview

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Il y a huit ans sortait La première étoile, un tout premier long-métrage de Lucien Jean-Baptiste qui, en tant que comédien et réalisateur, a su transformer l’essai avec succès et ce à plusieurs reprises… Tout particulièrement attiré par la comédie, c’est dans ce registre – beaucoup plus exigeant et ardu qu’il n’y paraît – qu’il s’est illustré avec ses films DieuMerci ! et Il a déjà tes yeux avant de nous proposer une nouvelle aventure neigeuse… Imaginée comme un conte de Noël, La deuxième étoile, qui réunit les mêmes personnages que ceux qui découvraient la montagne pour la première fois il y a presque une décennie – tout en enrichissant son casting d’un Roland Giraud dans la peau d’un grand-père acariâtre -, s’impose comme une véritable comédie familiale. Si cette dernière entraîne les spectateurs de tous âges à suivre les péripéties d’une famille lambda qui s’offre un Noël certes blanc mais mouvementé dans l’esprit et le rythme effréné de Maman, j’ai raté l’avion, Lucien Jean-Baptiste et sa bande nous rappellent avant tout combien les rapports humains et le partage sont essentiels.

 

en salles le 13 décembre 2017

 


« Être à la fois acteur et réalisateur reste un exercice quasi schizophrénique ! »


Morgane Las Dit Peisson : Le planning semble assez chargé avant la sortie du film La deuxième étoile…

Lucien Jean-Baptiste : On est en effet en pleine tournée de présentation alors ça prend du temps mais ça fait un bien fou d’aller à la rencontre du public un peu partout en France ! Surtout que l’accueil que reçoit ce film est vraiment impressionnant… Ça valait le déplacement ! (rires) Beaucoup de gens ont vu La première étoile et sont véritablement heureux de retrouver tous les personnages qui composent cette petite famille alors pour moi, comédien mais aussi réalisateur, c’est un réel bonheur !

Le premier volet est sorti il y a un peu plus de 8 ans, ça fait du bien de pouvoir prendre son temps ?

Lucien : Oui ! Beaucoup de gens ont l’impression que ça a été long mais déjà, je n’étais pas spécialement parti pour faire une suite à proprement parlé… J’ai réalisé d’autres films comme DieuMerci ! ou Il a déjà tes yeux entre deux et j’ai attendu d’avoir une vraie nouvelle histoire à raconter concernant cette famille. Il était hors de question pour moi de me lancer dans un projet mercantile ou marketing avec des sorties de films automatiques…

Édouard Montoute : Le fait, justement, que du temps se soit écoulé entre ces deux chapitres nous a permis aussi à nous, acteurs, d’être profondément heureux de nous retrouver autour de ce projet commun… Un peu comme les membres d’une famille qui ne se sont pas vus depuis longtemps et qui du coup, ont plein de choses à se raconter.

Faire ce film de façon naturelle a permis d’échapper au stress du « jugement » et de la comparaison ?

Lucien : Il y a beaucoup de ça c’est vrai… J’ai d’abord eu une idée d’histoire à raconter, ensuite seulement, je me suis demandé quels personnages pourraient la faire vivre et il s’est avéré que c’était Suzy, Bonne Maman, Jean-Gabriel et leurs proches… Je n’ai rien voulu calculer et c’est peut-être pour ça que les gens qui l’ont vu en avant-première adhèrent. J’ai besoin de faire les choses avec humanité et sincérité alors quand certains m’ont demandé, par exemple, par qui j’allais remplacer Bernadette Lafont après sa disparition, j’ai été estomaqué, choqué… J’ai trouvé horrible que quelqu’un puisse se poser cette question là ! Mais en même temps, ce n’est pas la faute du spectateur mais celle de la logique de consommation dans laquelle on vit puisque l’on a habitué – dans les films à suite – à faire ses comédiens une matière rentable et interchangeable… C’est quelque chose d’impensable pour moi ! La première étoile, c’était une histoire vraie et autobiographique alors j’avais envie de retrouver cette authenticité là… C’est d’ailleurs pour cette raison que, comme une vraie famille qui a ses petites habitudes, on est retourné tourner aux Gets.

Les personnages ont un peu changé avec les années…

Lucien : Dans la fiction comme dans la réalité, les personnages ont évolué… Jean-Gabriel, le père de famille que j’incarne, va mieux, il a moins de problèmes d’argent et d’alcool d’ailleurs, alors il décide d’emmener toute sa famille fêter Noël à la montagne… Mais puisque les enfants ont grandi, ils sont, comme la plupart des jeunes d’aujourd’hui, accros à leur smartphone et plus intéressés par des soirées entre potes que par des vacances avec leurs parents. Noël est une fête où tout semble possible, une date qui arrête les guerres alors il se dit que c’est peut-être le bon moment pour réunir les siens, apaiser les tensions et renouer des liens plus forts. C’est d’ailleurs en communiquant par SMS avec mon fils que j’ai eu cette idée tant notre époque est dingue ! (rires)

Un peu comme Une famille formidable, on voit les enfants grandir, les adultes vieillir ou « mûrir »…

Lucien : La prochaine fois, je serai grand-père placé dans une maison de retraite appelée Les Edelweiss ou Le Chamois d’Or ! (rires) Ça a été très touchant de revoir tout le monde pour le tournage même si on avait presque la sensation de s’être quittés la veille ! Ces retrouvailles ont été magiques… Jimmy Woha Woha est presque devenu adulte, Loreyna Colombo et Ludovic François sont des ados talentueux… C’est émouvant pour nous, adultes, de les voir évoluer.

Être sur tous les fronts, devant et derrière la caméra doit être assez intense…

Lucien : Sans chercher à faire plaisir à qui que ce soit, la première chose à faire pour se « soulager » un peu, c’est de choisir de bons comédiens qui sauront être efficaces rapidement et ensuite, de s’entourer d’une équipe aussi professionnelle que soudée. Mais c’est vrai qu’être à la fois acteur et réalisateur reste un exercice quasi schizophrénique qui demande à bien se charger en énergie avant d’attaquer ! Peut-être d’ailleurs que dans mes prochains films, je me donnerais des rôles moins « importants » afin de profiter un peu plus de la réalisation.

Édouard : Pour moi, par contre, qui joue dans le film, c’est un bonheur de travailler avec un réalisateur qui est également un comédien car en général, il sait parler aux acteurs, il sait les diriger, il connaît leurs envies et leurs doutes, il a le même vocabulaire qu’eux, c’est très appréciable et ça aide beaucoup.

C’est une comédie familiale qui fait du bien et à notre époque, ce n’est pas superflu…

Lucien : Ça fait plaisir d’entendre ça car on m’a parfois reproché de faire des films « trop » pleins de bons sentiments alors que pour moi, c’est un compliment… Le jour où j’aurais envie de traiter d’autres sujets on verra mais pour le moment, ça me plaît d’offrir une petite bouffée d’air frais aux gens. Je n’ai pas la prétention de défendre de grandes idées dans ce film mais juste d’aider les gens à passer un bon moment et pourquoi pas en famille surtout en cette période de Noël… C’est un moment très particulier Noël… Je comprends d’ailleurs que certains le détestent car si on est seul ou malheureux, cette date ne fait qu’empirer la situation. Chez nous, aux Antilles, Noël est une extraordinaire fête où personne n’est laissé de côté, où l’on boit un peu (rires) et où l’on s’adonne au « Chanté Nwel »… C’est cet esprit là que j’espère transmettre aux gens à travers La deuxième étoile…

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo droits réservés

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