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La Corniche d’or – histoire

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HISTORIQUE DE LA CORNICHE D’OR


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Au début du XIXème siècle Saint-Raphaël n’existait pas et la seule voie d’accès entre Fréjus et Mandelieu était la route de Poste et ancienne voie romaine, qui traversait les massifs de l’Estérel et du Tanneron dont le point de ravitaillement obligé était l’illustre « auberge des Adrets. » mais qui n’a rien à voir avec celle de la célèbre pièce loufoque de cette époque.

A partir du second Empire, l’essor industriel va révolutionner les transports. D’abord avec l’implantation du chemin de fer qui va diviser par dix les durées de voyage et multiplier par cent les charges transportées, puis au XXème siècle avec le développement de l’automobile, si justement nommée « nouvelle plus grande conquête de l’homme  des temps modernes ».

La compagnie ferroviaire « Paris-Lyon-Méditerranée » va entreprendre l’achèvement de sa ligne vers Nice vers la fin du XIXème siècle. La ligne longe déjà la côte et dessert  le port civil de Marseille et la rade militaire de Toulon. Le chemin de fer a l’énorme inconvénient de nécessiter des profils les plus plats possible car seules de faibles pentes et régulières de surcroît sont admissibles. De plus, les courbes doivent être larges et le moins sinueuses possible. Cela explique les très nombreuses constructions « d’ouvrages d’arts », ponts, viaducs, tunnels qui vont proliférer dès lors. Mais bien sûr, les ingénieurs ferroviaires vont d’abord rechercher les tracés les plus faciles nécessitant le minimum de ces ouvrages très couteux.

En partant de Toulon, la voie remontera vers Le Muy et Le Luc pour profiter d’une région assez plate qui traversera la plaine du Reyran pour arriver à Fréjus, autre grand centre régional déjà réputé dans l’Empire Romain comme en témoignent les arènes.

A l’image de Saint-Germain-en-Laye vers 1860 le chemin de fer, en facilitant le voyage des touristes, va permettre la création de lieux de villégiatures nouveaux, comme Le Vésinet et quelques années plus tard on verra se construire de la même façon des lieux devenus incontournables comme Deauville, Le Touquet « Paris-Plage », Cabourg…

C’est avec l’arrivée du chemin de fer que sera créé Saint-Raphaël vers 1880/1890.

corniche-03 h200pxLe PLM a bien compris l’attrait des nouveaux touristes pour les bords de mer et surtout ce décor si déroutant de la Méditerranée pour les riches industriels du nord de l’Europe, donc il lui faut rallier les prochaines grandes plages de Mandelieu à Cannes pour enfin atteindre Nice qui vient d’être rattachée à la France quelques années auparavant, mais il y a l’Esterel difficile à traverser, d’autant que le lieu d’implantation de la toute nouvelle gare de Saint-Raphaël est trop détourné d’un cheminement qui remonterait sur les Adrets en suivant la route de Poste qui de toute façon aurait un profil très tourmenté.

La compagnie va se tourner vers le contournement du massif en longeant plus ou moins la côte. Pourtant le profil n’est pas très évident non plus et il faudra construire quelques ouvrages d’arts assez spectaculaires, comme le viaduc d’Anthéor ou le tunnel qui s’ensuit. Mais les difficultés seront contrebalancées par le décor féérique offert aux voyageurs encore ébahis même de nos jours.

La région de Saint-Raphaël et Mandelieu va connaître un essor fulgurant.

Mandelieu est un petit village dépendant de Cannes et qui possède un lieu-dit La Napoule, petit hameau de quelques cabanes de pêcheurs au bord d’une baie bien protégée du Mistral. De là, part un petit chemin, un « trayas », à peine un sentier qui va vers Théoule, un autre village de pêcheurs puis un dernier hameau qui prendra le nom du chemin.

corniche-04 h200pxAu début du XXème siècle le tourisme est maintenant bien implanté et les « ladies » anglaises viennent passer l’hiver au chaud à Nice en utilisant les services somptueux de la « Compagnie Internationale des Wagons-Lits » et de son fleuron « Le Train Bleu » qui ralliait Londres à Nice sans changer de train, tellement bien décrit par Agatha Christie.

A cette époque on fuit dès le mois d’avril les grosses chaleurs insupportables, d’autant que le bronzage est très mal vu et considéré comme de très mauvais goût ! Heureusement qu’il existe les ombrelles !

Mais surtout apparaît un nouvel engin pétaradant et brinquebalant qui va pourtant prendre un essor fantastique tellement justifié et qui offrira à chacun le moyen d’aller quand il veut, où il veut bien plus vite qu’à pied et sans se fatiguer.

Une nouvelle manière de faire du tourisme va apparaître et se développer doucement d’abord dans la première moitié du XXème siècle pour exploser dès les années 1960.

Le « Touring Club de France », tout jeune à l’époque, en association avec le PLM, aura l’extraordinaire idée, en s’appuyant d’une part sur le chemin du Trayas et sur les quelques restes de voies d’accès abandonnées à la fin de la construction de la voie ferrée d’autre part, sans oublier le chemin de ronde des douaniers, de créer dès 1901 une route côtière pour contourner le massif de l’Esterel.

corniche-05 h200pxCette route sera inaugurée en grande pompe en 1903 par le TCF en organisant un défilé de 200 automobiles suivi de nombreux cyclistes. D’office elle sera surnommée « Corniche d’Or ».

Tout de suite l’Etat Français recensant  les routes et chemins du pays fera de cette « Corniche d’Or » un tronçon de la fabuleuse « Nationale 7 », si bien chantée par Charles Trenet et synonyme de vacances mirifiques pour les tous nouveaux « congés payés » des années trente.

Mais malgré un premier ré-élargissement déjà très difficile à réaliser et à cause du succès trop rapide de cette « RN7 », l’Etat optera pour la restructuration complète d’un tracé proche de l’ancienne  route de Poste pour en faire le tracé définitif de la « RN7 ». La Corniche d’Or, déclassée et rebaptisée « RN98 » en 1938 intégrera la route du bord de mer de Toulon à Menton. Cela durera jusqu’à la très récente refonte du réseau routier français, l’Etat régionalisant les anciennes « nationales » en routes départementales notre route touristique sera cataloguée « D6098 » pour sa partie dans les Alpes-Maritimes entre La Napoule et Théoule, et « D1098 » (ou D98 suivant les cartes) pour sa partie varoise de Théoule à Saint-Raphaël.

 

Gilles Dépé  –  (août 2010)

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