L’Arène des Cœurs, Festival de Tragédies à Nice : un rendez-vous théâtral déjà incontournable

L’Arène des Cœurs, Festival de Tragédies : Plongée au cœur des émotions

Après une première édition en 2024 couronnée de succès, le Festival de Tragédies de Nice revient cet été, du 18 juin au 05 juillet, dans le cocon historique et majestueux des Arènes de Cimiez. Sa créatrice, Muriel Mayette-Holtz – également directrice du Théâtre National de Nice – souhaite à nouveau nous emporter dans la fougue de la tragédie pour nous rappeler ce que « signifie être humain. Fragile, mortel, libre aussi… ». Car l’une des splendeurs de ce genre artistique est bien de faire vibrer en nous la corde sensible de l’émotion. La programmation 2025 est taillée sur mesure pour justement révéler les plus beaux vibratos de l’écriture théâtrale avec autant de grands classiques comme Phèdre et L’Iliade que de créations contemporaines telles que Le professeur ou la pièce Portrait de famille, une histoire des Atrides, en clôture de l’évènement.

En ouverture de ce superbe festival, le public aura la primeur d’une nouvelle adaptation du Vieil homme et la mer. L’un des romans les plus célèbres d’Ernest Hemingway est mis en scène par Muriel Mayette-Holtz et porté par la voix de l’acteur Laurent Prévot, qui se fait ici conteur de cette histoire parue en 1952, relatant le combat épique entre un vieux pêcheur cubain et un monstre marin… Cette allégorie de la lutte de l’homme contre la nature prendra des couleurs méditerranéennes puisque les artistes ont résolument voulu y distiller leur identité niçoise. On retrouvera ainsi sur scène un sobre décor aux accents du sud grâce à une proue de pointu évoquant immédiatement les petits bateaux en bois de nos ports de pêche. Une pièce à découvrir le 18 juin dès 12 ans.

Poursuivons avec une autre pièce au titre maritime évocateur (Conférence des Nations Unies sur l’Océan oblige !) et entouré de mystère et de tragédie : Abysses. Dans un théâtre contemporain, Alexandra Tobelaim a mis en scène les destins tourmentés des réfugiés qui débarquent sur les plages de Lampedusa en Italie, à la recherche d’un avenir meilleur en Europe. Adapté du livre de Davide Enia (La loi de la mer), Abysses est un récit construit à partir des témoignages de ces hommes et femmes qui traversent la mer au péril de leur vie, mais également des sauveteurs, médecins, habitants ou pêcheurs qui racontent leur rencontre avec cette misère à l’état pur. Pas de moralisation, pas de culpabilisation, mais une invitation à repenser notre monde collectif pour qu’il n’y ait plus, d’un côté, les acteurs de tragédies du quotidien et, de l’autre, les spectateurs impuissants et médusés de ce drame désolant. Un théâtre saisissant et conscient à découvrir les 20 et 21 juin (dès 15 ans).

Du 24 au 28 juin, place aux classiques. Phèdre, d’abord. La mise en scène de ce chef d’œuvre de Racine par Robin Renucci redonne vie à l’héroïne tragique par excellence, dont le destin vacille entre amour, rumeur et trahison. L’éloquence du verbe racinien est à son comble dans un décor qui casse les codes puisque le plateau de scène, rond, est entouré par les spectateurs qui ont réellement l’impression d’être au cœur de l’intrigue. Mention spéciale également pour les costumes, grandioses et magnifiques, qui confèrent encore plus de prestance à des acteurs déjà largement habités par la puissance d’un texte qui célèbrera bientôt ses 350 ans de « planches ».

Second classique à faire vibrer les pierres des Arènes de Cimiez : L’Iliade d’Homère. « Revivez la guerre de Troie comme si vous y étiez » pourrait être, très prosaïquement, le slogan de cette adaptation du récit homérique. Cinq comédiens menés par la metteuse en scène Pauline Bayle revisitent les évènements avec ardeur et un peu d’humour (oui, oui !) qui rendent soudainement tout son souffle contemporain à cette magistrale épopée… À découvrir les 27 et 28 juin à partir de 12 ans.

Carole Bouquet en interview pour parler de son vin « Sangue d’Oro »

Le 30 juin, l’émotion risque de monter encore d’un cran avec la pièce Le professeur. Trois femmes rendent hommage à Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie assassiné à la sortie de son collège en 2020, suite à une rumeur. Émilie Frèche, l’autrice, revient sur les 10 jours qui ont précédé et conduit à ce drame. Une élève accuse, des professeurs se désolidarisent de leur collègue, un père menace, les réseaux sociaux relaient et un fanatique s’empare de cette histoire de quartier pour en faire le mobile de son horrible crime… Murielle Mayette-Holtz est à la mise en scène et a choisi la représentation frontale d’une lecture « performance » portée par l’inégalable Carole Bouquet. Prenant, déstabilisant. À écouter à partir de 14 ans.

« Portrait de famille… » au Carré Sainte-Maxime : Une fresque théâtrale et mythologique

C’est une pièce qui a fait couler beaucoup d’encre qui clôturera cette 2^ème édition du Festival des Tragédies de Nice : Portrait de famille, une histoire des Atrides qui revisite des textes d’auteurs incontournables du patrimoine théâtral (Euripide, Eschyle, Sénèque, Sophocle) à la lumière d’un style tragi-comique qui tend à se moquer des outrances de la tragédie gréco-romaine. On y rencontre la famille maudite des Atrides, dont les plus famous représentants sont les rois Agamemnon et Ménélas, protagonistes phares de la Guerre de Troie. On nous raconte comment et pourquoi cette lignée royale semble condamnée à la violence, à la cruauté et aux « pari-fratri-infanti-matri-cides » en tous genres.

Ainsi prendra fin la 2^ème édition du festival L’Arène des Cœurs à qui l’on souhaite tout le succès de l’an dernier avec un record de spectateurs à battre : 3900 dès le 1^er opus !

Bon festival à tous !

© Claire Thiebaut pour Le Mensuel / Photo DR

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