Kintsugi en tournée : la poésie du cirque contemporain par la Machine de Cirque

Kintsugi : Entre acrobaties et philosophie japonaise

« Kintsugi ? » Ah mais oui, bien sûr, je connais ! J’ai vu ça sur les réseaux… Des artistes, incroyablement habiles de leurs mains, qui réparent des objets en céramique brisés à l’aide de poudre d’or. C’est beau, c’est délicat, c’est fascinant.

Le Kintsugi, cet art ancestral japonais qui consiste à sublimer les fissures plutôt que de les dissimuler, inspire désormais bien au-delà de la poterie. Et lorsqu’il se métamorphose en spectacle vivant porté par l’excellente compagnie québécoise Machine de Cirque, ce sont les corps tout entiers des artistes eux-mêmes qui deviennent habiles et hypnotiques.

La création Kintsugi, acclamée à travers le monde depuis 2 ans, sera en tournée dans toute la Région Sud jusqu’au printemps prochain, un évènement à ne manquer sous aucun prétexte !

Sur scène, 8 personnes attendent un bus… qui n’arrive jamais. Alors, elles patientent, immobiles, suspendues à cette promesse d’un ailleurs. Et puis, à force de rester là, c’est l’ailleurs qui vient à elles. Soudain, un monde parallèle s’ouvre sous leurs pieds : un univers « sans gravité », où trapèze, mât pendulaire, bascule ou tissu deviennent autant de portes vers le rêve.

La scénographie se fait aérienne, les corps s’élèvent, et le spectateur – happé par la beauté du geste – retient son souffle. La prouesse technique des acrobates, au service d’une narration sensible, transporte petits et grands dans une bulle suspendue, à la frontière entre réel et imaginaire.

Au-delà de l’éblouissement visuel, Kintsugi pose une question universelle : que reste-t-il quand tout se brise ? Et surtout, que choisit-on de conserver ? Dans cette odyssée minimaliste, chaque personnage ne peut emporter qu’un seul bagage. Certains privilégient l’utile, d’autres, le sentimental. Cette réflexion donne une dimension intime à la performance, interrogeant notre attachement aux objets, à la mémoire, à l’essentiel.

La compagnie de la Machine de Cirque réussit un tour de force : conjuguer l’émotion brute, la poésie visuelle et l’humour avec une grâce rare. C’est un cirque humaniste qui se dévoile ici, loin des paillettes, ancré dans son époque, mais toujours tourné vers le rêve. 

© Claire Thiebaut pour Le Mensuel / Photo Machine de Cirque

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