INTERVIEW

Kid Francescoli en interview

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Si certains doutaient encore que les mélanges et les partages étaient d’inépuisables sources de richesse, le travail du marseillais Mathieu Hocine – alias Kid Francescoli – a achevé de les convaincre… Dans son dernier album – Play me again, sorti en mars dernier – qu’il partage à nouveau avec l’américaine Julia Minkin, l’artiste à l’accent délicieusement méditerranéen prouve que la mixité des genres peut être d’un esthétisme sans faille. Ayant conservé en étendard la notion de jeu et d’amusement dans sa composition, celui-ci nous livre des morceaux inclassables mais irrésistibles…

« PLAY ME AGAIN »

À Marseille au festival Marsatac le 24 juin

À Antibes au festival Les Nuits Carrées le 29 juin

 


« La naissance même d’une musique tient de la magie… »


 

Morgane Las Dit Peisson : Jouer « à domicile » crée une ambiance différente ?

Mathieu Hocine : Ça ne change pas le travail de préparation du concert mais en effet, on l’appréhende un peu différemment… Même si on sait que les gens qui viennent nous aiment et nous soutiennent, ça ajoute un stress supplémentaire de se dire qu’on va être jugé par sa famille, ses amis et des gens qu’on croise régulièrement ! On a peut-être encore plus peur de les décevoir… Et en même temps, il y a un petit côté festif qui devient très émouvant, c’est un peu un grand huit émotionnel de jouer dans le sud et en particulier à Marseille où je vis.

Julia Minkin est de nouveau présente sur l’album Play me again…

C’est vrai qu’à l’origine, Kid Francescoli était un projet que j’apprivoisais plus en solitaire… Même si j’ai collaboré avec plusieurs compositeurs et différentes chanteuses dès mon premier album, je restais le seul maître à bord. Tout a changé lorsque je suis tombé sur Julia… Cette rencontre a été un véritable choc inspirant et, après l’opus précédent With Julia, il ne m’est même pas venu à l’esprit de faire le dernier avec ou sans elle, ça a juste été de nouveau une évidence. Avant que Play me again ne voit le jour, on continuait tout naturellement à échanger des idées et développer des complicités musicales.

Et vous partagez également la scène ensemble…

Oui et c’est un immense soulagement ! Julia est américaine et si elle n’était pas venue s’installer sur Marseille, cette tournée n’aurait peut-être pas existé. Sur scène, on est tous les deux en compagnie d’un batteur de jazz très talentueux – Matthieu Chrétien -, Julia chante, danse et est aux claviers et quant à moi, je suis aux machines et à l’orchestration tout en chantant également. Je suis sincèrement ravi de cette formule scénique car elle reflète bien l’esprit de notre travail avec autant d’electro que de pop et d’acoustique… 

Preuve que la musique n’a pas à être uniforme…

C’est quelque chose que je dois en grande partie à la découverte des États-Unis… Au départ, comme beaucoup de gens, j’avais en tête les « niches » et les étiquettes qu’on attribue aux différents styles musicaux mais en me baladant dans les rues de New-York, j’ai croisé des dizaines d’univers différents qui se côtoyaient sans complexe et c’est là que j’ai compris que tout pouvait se mélanger à merveille. La musique est tellement partout là bas qu’on entend tous les styles à longueur de journée et on finit par les apprécier ! Et puis, évidemment, Internet et le large choix qu’il propose, m’a ouvert – comme beaucoup d’autres artistes -, l’esprit… Le secret, c’est la curiosté.

C’est difficile de s’inspirer de ce que l’on entend sans, inconsciemment, le reproduire ?

J’avoue que l’inspiration reste encore aujourd’hui pour moi un mystère ! (rires) C’est vrai que, quand on y pense, c’est très étrange de réaliser que la base de la musique tient en sept notes et qu’avec elles, on crée constamment de nouvelles mélodies depuis la nuit des temps ! Les arrangements et la production permettent bien sûr de varier les plaisirs à l’infini mais la naissance même d’une musique tient de la magie…

C’est un peu comme la conception d’un enfant…

C’est une jolie comparaison et en effet, c’est exactement ça ! Avant qu’un enfant n’arrive, on ne peut pas imaginer ce qu’il héritera de son père, de sa mère ou de leurs familles respectives. Il n’y a qu’une fois qu’on le tient dans ses bras que l’on peut dire à qui il ressemble… Pour un morceau, c’est pareil… À force d’écouter Ennio Morricone, Gorillaz ou les Beatles, il finit par se créer des associations inconscientes dans notre cerveau qui donnent un résultat unique et imprévisible…

 

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo Hawaii and Smith

Interview parue dans Le Mensuel de juin 2017 n°382 éditions #1 et #2

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