CINÉMA

Jonathan Cohen & Alice Vial en interview pour le film « L’âme idéale »

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« Je ne veux surtout pas m’enfermer dans un registre ! » Jonathan Cohen

 


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Dans son 1er long-métrage, Alice Vial a choisi de nous raconter une histoire d’amour impossible entre une infirmière en soins palliatifs ayant la faculté d’échanger avec les morts et un homme ne comprenant pas immédiatement qu’il est décédé… Entre romance, comédie, drame et fantastique, « L’âme idéale » – dévoilé au festival Cinéroman – nous plonge, avec autant de charme que de tendresse, dans une folle quête de sens. Porté par un Jonathan Cohen dont le jeu, tout en retenue et délicatesse, prouve à nouveau qu’il est capable de tout interpréter, ce film nous pousse à regarder en face nos rêves, nos idéaux et nos existences trop souvent happées par le quotidien.

 

 

 

 


 

 

Jonathan Cohen & Alice Vial en interview pour le film « L’âme idéale »

interview / cinéma / comédie / fantastique / romance

  • le 17 décembre 2025 au cinéma
  • d’Alice Vial
  • avec Jonathan Cohen, Magalie Lépine Blondeau…

 

 


 

 

 

Morgane Las Dit Peisson : Présenter un film en avant-première lors d’un festival comme Cinéroman, c’est devenir spectateur des spectateurs dans la salle…

 

Jonathan Cohen : C’est vrai qu’il y a de ça mais le problème, c’est que j’ai beaucoup de mal à me voir sur écran en ayant des gens autour de moi… C’est comme ça depuis toujours, c’est réellement trop dur pour moi, alors je me prive du plaisir d’observer le public…

Alice Vial : Et quant à moi, j’aime bien arriver à la fin de la projection pour tenter de choper l’émotion qui se dégage de la salle. 

Jonathan : Dans tous les cas, on est très excités de cette avant-première à Cinéroman car ce n’est que la 2ème fois que le public va découvrir L’âme idéale. La 1ère s’est déroulée au festival de Porto-Vecchio, c’était génial mais ça ne veut pas dire que c’est gagné d’avance. Selon les régions, la configuration des salles voire l’actu du jour, on ne sait jamais comment les gens réagiront. Même si ce n’est pas un spectacle, il y a quand même cette notion d’alchimie des spectateurs, d’un instant T, d’une humeur… Les gens ne sont pas les mêmes, n’ont pas les mêmes attentes, et c’est aussi ça qui est beau dans cet exercice, c’est que la réception de notre travail n’est jamais acquise.

 

Comment est né ce film ?

 

Alice : C’est Jean-Toussaint Bernard – qui est également producteur du film -, qui en a eu l’idée et qui m’en a parlé. Ensuite, on l’a coécrite…

Jonathan : Puis elle se l’est appropriée et elle l’a réalisée magnifiquement !

 

 

Vous vous êtes rencontrés sur le tournage de La folle histoire de Max et Léon ?

 

Jonathan : Mais oui c’est vrai ! On avait joué ensemble dans La folle histoire de Max et Léon ! En revanche, pour la rencontre à ce moment-là, on repassera ! (rires) On était très nombreux et c’était une scène où je baissais mon pantalon. C’était assez bref mais à première vue, ça a suffi pour qu’elle ait envie de me faire tourner un jour ! (rires)

 

Le véritable lien s’est fait grâce à Jean-Toussaint Bernard…

 

Jonathan : Je connaissais évidemment le travail d’Alice, mais c’est lui – avec qui je collabore beaucoup – qui a eu cette idée brillante de faire appel à elle. Ça date un peu maintenant car l’élaboration du scénario a débuté il y a 4 ans… C’est extrêmement long en général quand on s’attaque à un projet ciné, c’est beaucoup d’implication, mais c’est ça qui est passionnant. Alice a énormément bossé sur ce film et c’est une véritable chance, lorsqu’on produit, de tomber sur quelqu’un comme elle.

Alice : J’ai eu des producteurs exigeants – dans le meilleur sens du terme – qui m’ont poussée et épaulée. On a cherché et on a creusé, sans se « contenter » d’un premier jet. Parfois, on écrit les scénarios un peu vite en se disant qu’on arrangera des détails au tournage, mais c’est très dangereux. Là, on a pris un temps qui était nécessaire sur une histoire comme celle-ci.

 

 

Une comédie « crédible » qui est un savant mélange de drame et de romantisme, avec de la profondeur, de la tendresse, un peu d’humour et du fantastique… 

 

Alice : On a veillé à rester à hauteur des personnages, à trouver la bonne cohérence émotionnelle et à ne pas se faire avaler par le concept. Il fallait vraiment ne pas devancer leur compréhension des faits, et mettre l’accent sur l’isolement dans lequel Elsa est enfermée, pour qu’on adhère dès le début à ce qui va suivre. C’est cet axe-là qui fait rentrer les gens dans le film car la notion de solitude résonne en chacun de nous.

Jonathan : Et puis, la 1ère scène est quand même assez folle ! Elle dure plus de 11 minutes, ce qui est très long au cinéma, mais c’est grâce à elle qu’on passe un peu par toutes les émotions de ce personnage et que l’on comprend le don qu’elle a de voir les morts… Ou malédiction, lorsqu’elle rencontre ses beaux-parents et que – alors que c’est censé être le point d’acmé de sa vie – ces « visions » s’imposent… Là, on est dans une vraie tragi-comédie et c’est un ton qu’on aime beaucoup.

 

Un mélange de genres qui offre une richesse de jeu…

 

Jonathan : J’ai réellement besoin de ça, je ne veux surtout pas m’enfermer dans un registre ! Grâce au film Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan, j’ai pu embrayer sur ce tournant-là et j’en suis heureux car j’ai envie de ça. J’aime justement la tragi-comédie, parce que c’est ce qui ressemble le plus, à mon goût, à l’existence. À moins que ce soit elle qui ressemble à une tragi-comédie permanente… Elle nous fait vivre toutes les émotions tous les jours… On rit et parfois, la seconde d’après, on est bouleversé par une chose et tamponné par une autre. C’est pour ça que ce style, au-delà de ce que ça offre au comédien comme palette de jeu, me plaît autant.

 

 

L’âme idéale évoque nos « qualités » et nos choix de vie…

 

Jonathan : Le personnage d’Oscar et ses questionnements me touchent énormément… Est-ce qu’il a assez vécu, assez aimé, est-ce qu’il n’est pas passé à côté de sa propre vie ? On se pose tous ces questions, je me les pose tous les jours… Est-ce que je vis assez ? Est-ce que je ne passe pas à côté de l’essentiel ? 

Et vous avez raison, c’est une grande partie de la ligne du film… J’ai envie que le message qui reste dans l’esprit des gens soit « n’oublions pas de vivre malgré tout, essayons d’être plus proches de ceux qui comptent, aimons le plus qu’on puisse aimer »… C’est en ça qu’il me plaît ce film, vraiment… C’est pour le coup assez philosophique, mais avoir la sensation de partir avant d’avoir vécu, c’est un de mes pires cauchemars !

 

Ça traite aussi de la place de l’art et de la trace qu’on laisse à travers lui… Elsa va se battre pour que la musique d’Oscar lui survive…

 

Alice : Oui carrément ! Je pense que, chez les créatifs, la question de la mort et la peur de ne rien avoir à « transmettre » est forcément – même si c’est inconscient – toujours là. Humblement, quel héritage va-t-on laisser derrière soi ? Ce que j’ai aussi trouvé beau dans l’histoire de ce personnage, c’était qu’il se demande s’il avait assez communié avec les gens, assez partagé sa musique. C’est du reste un peu ce qu’on fait en ce moment, en venant vous présenter le film. Quand on est artiste, on ne crée pas que pour soi…

Jonathan : C’est marrant, ça me fait penser à Foster Jenkins, cette cantatrice qui chantait ultramal, mais que tout le monde allait voir ! (rires) C’était une riche héritière américaine – qui a d’ailleurs inspiré deux films : un avec Meryl Streep et l’autre avec Catherine Frot – qui m’a passionné parce qu’elle a sorti une phrase qui m’est toujours restée : « On pourra dire que j’ai mal chanté, mais on ne pourra jamais dire que je n’ai pas chanté »… Cette réflexion est pleine de sens car ça signifie qu’elle a fait ce qu’elle avait envie de faire, qu’elle est allée au bout de son désir, de sa démarche, de sa passion… Qu’importe le résultat, qu’importe ce qu’on a pu dire d’elle, elle l’a fait ! Elle a chanté devant un public, elle s’est moquée du regard des autres bien qu’elle savait que les gens la raillaient. Et même si L’âme idéale est une tout autre histoire, il y a un peu de ça dedans…

Alice : Et puis, l’échec ne survit pas à la mort. Mon angoisse, ce serait de me dire que le jour de mon départ, il ne resterait que des regrets.

Jonathan : En effet, le succès, ce n’est pas la réception, c’est le fait d’avoir entrepris… Après, on est partis sur des sujets profonds, mais le film est « cool » aussi ! (rires) Je crois qu’on en ressort surtout avec beaucoup de force et qu’on a envie, après l’avoir vu, de vivre plus pleinement. Je suis fan de ce genre-là ! Dans cette veine, j’ai adoré Soul des studios Pixar. Je l’ai regardé en plein confinement et alors qu’on était tous enfermés chez nous, il m’a reboosté et donné envie de vivre plus !

 

 

Est-ce que ce n’est pas ce qui se cache derrière le travail de comédien ? Essayer de vivre plus et plus intensément, de rôle en rôle…

 

Jonathan : Je pense que vous avez raison, il y a une volonté de vivre plus quand on joue à être plein de gens différents… Il y a une envie de ne pas se mettre de barrières pour ne pas avoir de regrets. On est dans des sociétés où c’est compliqué de faire plein de choses, on est très vite cantonnés à une place. Et avant d’en sortir, dans l’esprit de beaucoup, c’est assez complexe ! Mais au final, ce n’est pas grave, on s’en fiche, il faut continuer sa « musique », son chemin et faire ce qui nous semble vital pour essayer de vivre pleinement, de vivre à sa mesure… Ce n’est pas évident mais ce n’est pas impossible non plus !

 

Et puisque rien n’est impossible, il y aurait un projet d’Astérix

 

Jonathan : Ce n’est pas encore tout à fait officiel mais je travaille dessus avec une super team… Dans tous les cas, on verra, la vie réserve toujours des surprises ! (rires)

 

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson au Negresco de Nice pendant le festival Cinéroman pour Le Mensuel / Photo Marie-Camille Orlando – Les Films entre 2 & 4

 

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