COUPS DE COEUR

François-Xavier Demaison en interview pour son nouveau spectacle « Di(x)vin(s) »

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« Je n’aurais jamais été capable de parler de « moi » et de me confier à mes débuts… » François-Xavier Demaison

 

 

Francois-Xavier Demaison que le cinéma tente de s’accaparer ne s’est, malgré le rythme effréné de ses tournages, pas détourné de sa passion pour la scène. Directeur d’ailleurs depuis 6 ans du Théâtre de l’Oeuvre, le comédien et humoriste y a joué son tout nouveau et 4ème seul en scène intitulé Di(x)vin(s) pendant 3 mois sans jamais désemplir ! Dans cette nouvelle création imaginée avec ses deux compères habituels Mickaël Quiroga et Éric Théobald, Francois-Xavier Demaison s’est aventuré dans un nouveau registre, celui de l’intimité… Mêlant son talent d’interprète à un désir de confidence, il a choisi de se livrer à travers 10 moments personnels de sa vie que 10 vins lui permettent d’évoquer.

 


 

spectacle / seul en scène / humour

 


 

Morgane Las Dit Peisson : Vous êtes revenu seul en scène avec un spectacle qui évoque (entre autres) votre passion pour le vin et que vous allez jouer le 22 juillet dans un domaine viticole à Taradeau…

François-Xavier Demaison : Me produire au Château de Saint-Martin pour le festival Rire en Vignes est fabuleux et en plus, ce sera la toute première fois que j’aurai l’occasion de le jouer dans un domaine. Ça l’air d’être aussi classe que champêtre donc j’avoue que j’ai hâte de m’y rendre ! (rires)

Un titre astucieux Di(x)vin(s) mêlant chiffre, nectar et divinité…

François-Xavier Demaison : Je me raconte en effet à travers 10 vins qui ont marqué ma vie et qui sont, en quelque sorte, un prétexte pour parler d’évènements importants de mon existence. Mais aussi l’occasion de voyager dans le temps et dans l’espace. Ces bouteilles me racontent évidemment mais elles nous parlent de nous tous, car elles présentent l’opportunité de parler d’une époque, d’une région, d’un savoir-faire… Ce « vin » est une équation à plein d’entrées finalement et c’est ce que j’ai trouvé intéressant comme fil conducteur.

Il y a aussi, c’est vrai, cette référence au divin, le vin étant le nectar des dieux et la scène étant en elle-même quelque chose de sacré. L’accueil du public et la relation que j’ai avec lui tient d’ailleurs totalement du divin, il n’y a pas d’autre mot tellement c’est fort et extraordinaire à vivre ! 

Vous avez une culture du jeu et du personnage qui, cette fois-ci, se mêle à l’intime…

François-Xavier Demaison : Dans Di(x)vin(s) c’est vrai que j’explore quelque chose d’un peu différent en mêlant ma passion du jeu au fait de me livrer un peu plus personnellement. Ce spectacle nous emmène dans un grand restaurant où mes parents m’avaient invité pour fêter mon BAC – j’avais 18 ans et je goûtais au vin pour la première fois – et nous fait également, par exemple, retrouver mon premier amour autour d’un Morgon… À chaque vin correspond un moment de ma vie, une anecdote et des personnages avec qui j’échange et que j’interprète. C’est un seul en scène très personnel et je m’aperçois que plus c’est proche de l’os, plus c’est sincère et plus les gens apprécient et sont touchés.

 

 

Un spectacle rendu possible grâce à l’expérience ? Il fallait gagner en assurance pour oser se livrer ?

François-Xavier Demaison : Exactement ! Je n’aurais jamais été capable de parler de « moi » et de me confier à mes débuts… Avec l’âge et l’expérience, on s’assume plus et on finit par se dire que monter sur scène pour tricher en étant tout le temps quelqu’un autre, ça n’en vaut pas vraiment la peine. C’est mon spectacle le plus personnel et c’est celui qui a jusqu’à présent les meilleures critiques que ce soit dans Télérama, Le Monde ou Le Figaro… C’est dingue ! (rires) Je pense que c’est dû à cette sincérité mais aussi au temps que j’ai eu « grâce » au confinement qui m’a permis d’aller chercher au fond des choses.

Une démarche plus compliquée à mettre en route ?

François-Xavier Demaison : Finalement, ça a coulé de source… Preuve que c’était peut-être le bon moment, dans ma vie, pour l’écrire. Avec mon co-auteur Mickaël Quiroga et mon metteur en scène Éric Théobald, on s’est posé beaucoup de questions et on a vraiment creusé pour que ça paraisse « simple » et évident au spectateur. C’est là qu’on réalise que la simplicité est en général la chose la plus complexe à mettre en forme ! Il y a d’ailleurs toujours énormément de boulot en amont si l’on veut créer l’illusion que tout est naturel et « improvisé » ! (rires)

Des vins liés aux souvenirs donc pas nécessairement une présentation de grands crus…

François-Xavier Demaison : Tout à fait, il y a des Morgon, des grands crus mais aussi de la piquette ! (rires) Il y a un Saint-Pourçain complètement passé – et du coup dégueulasse – que mon grand-père avait mis en bouteille à ma naissance et qui me permet de parler de mon enfance dans la Creuse. J’ai trouvé la symbolique jolie car depuis toujours finalement je suis lié à la vigne… 

Vous êtes devenu vigneron avec le domaine Mirmanda

François-Xavier Demaison : Mon père est un bon vivant et c’est lui le premier qui m’a fait goûter des choses, puis il y a eu les tournées de spectacles dans toute la France qui m’ont permis de découvrir les terroirs, les régions et de lier des amitiés dans le monde du vin un peu partout. C’est vraiment ça qui m’a conduit à en faire. J’ai appris à reconnaître les cépages, les années et les domaines sur le tas. Plus on boit et plus on affûte son palais ! (rires) Et très sincèrement, au delà de l’expérience, ce sont vraiment les rencontres et l’humain qui ont primé et qui m’ont fait avancer dans cette culture du vin jusqu’à la création de Mirmanda que je dois à Dominique Laporte (mon associé) qui été meilleur sommelier de France et meilleur ouvrier de France. C’est vraiment lui qui m’a amené à véritablement découvrir tous ces détails et tout ce processus de vinification.

Un domaine créé de toute pièce…

François-Xavier Demaison : Oui on n’a pas racheté de domaine, on a réellement façonné Mirmanda qui tire son nom d’une légende catalane qui raconte que du temps où Barcelone n’était qu’un pré, là où sont situées nos vignes il y avait des fées et que leur royaume aurait été enseveli par un énorme ouragan. Aujourd’hui, seuls quelques bergers au coeur pur peuvent encore les apercevoir et elles leur apporteraient amour et prospérité ! De là à dire que quand vous buvez du Mirmanda vous voyez des fées, il n’y a qu’un pas… (rires) La légende ne dit pas en revanche combien de bouteilles il faut consommer pour en arriver là ! (rires)

Il y a dans le vin la notion de partage et c’est certain son plus grand point commun avec l’exercice scénique

François-Xavier Demaison : Je ne peux qu’approuver tant les rapports humains prévalent sur tout le reste à mes yeux. Je crois qu’au delà du goût du vin c’est cette notion de partage qui m’a, comme sur scène, séduit. D’ailleurs, Di(x)vin(s), malgré le contexte plutôt difficile, a rencontré un public nombreux pour ce moment de partage. C’est peut-être mon 4ème spectacle mais je ressens toujours le même bonheur que la première fois quand les gens me font l’immense bonheur d’être présents ! C’était bouleversant de les voir dans la salle quand j’ai commencé à le jouer et je ne les remercierais certainement jamais assez… Sans eux, je ne pourrais pas continuer à faire tout ce que j’ai entrepris.

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel / Photos DR

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