COUPS DE COEUR

Anne Sila en interview et en tournée à Nice, Marseille, La Grande-Motte et Sanary-sur-Mer

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« La rupture, c’est le secret absolu de la réussite ! » Anne Sila

 

En pleine tournée avec son album À nos cœurs, Anne Sila s’apprête à livrer – le 25 novembre finalement – le suivant, intitulé Madeleines. Composé de reprises (ses « madeleines de Proust » à elle), la chanteuse au sourire éclatant y revisitera tant Tombe la neige que J’aurais voulu te dire, Qui saura ou… Le chanteur, évidemment ! Dévoilée dans l’émission La boîte à secrets sur France 3 le 28 octobre dernier, celle-ci a déjà fait couler beaucoup d’encre ! Puissante, respectueuse, émouvante et singulière à la fois, l’interprétation d’Anne Sila confirme toute l’étendue de son talent, empreint d’autant de maîtrise que de liberté vocale…

 

 


 

Anne Sila pour sa tournée de concerts et son nouvel album « Madeleines »

concert / variété française, pop & jazz

  • 23 novembre 2022 / 20:30 / Marseille / Le CEPAC Silo
  • 24 novembre 2022 / 20:30 / La Grande-Motte / Le Pasino
  • 25 novembre 2022 / 20:30 / Sanary-sur-Mer / Théâtre Galli
  • 27 novembre 2022 / 18:00 / Nice / Acropolis

 

 

 


 

Morgane Las Dit Peisson : Un 1er album médiatisé mais un long parcours…

Anne Sila : À nos coeurs est, c’est vrai, mon 3ème album même si énormément de gens pensent que c’est le 1er… C’est un peu l’effet The Voice mais je ne regrette pas du tout d’y avoir participé car sans cette émission, je ne ferais peut-être pas une telle tournée ! Ça a mis mon travail en lumière à un moment donné et il n’en tient qu’à moi de faire découvrir tout le reste de mon univers au public ! Il n’y a rien de plus idéal que la scène pour ça alors j’en profite pour distiller dans le spectacle d’autres morceaux, moins pop… J’essaye d’emmener les gens sur des chemins un peu inattendus afin de leur montrer par quoi je suis passée – dont le jazz – avant d’arriver jusqu’à eux. 

C’est aussi ça la beauté et le but de l’art, c’est de faire tomber les a priori et d’inciter à la découverte… 

 

 

Tu as le courage d’être multiple musicalement…

Anne Sila : On retrouve au fil de mes morceaux, tout ce que j’ai aimé depuis mon enfance. J’ai débuté comme violoncelliste donc très axée musique classique et après m’être pliée à cette rigueur, j’ai évidemment eu envie de sortir du cadre ! (rires) Je me suis tournée vers le jazz car j’avais un grand besoin de liberté mais la chanson française et la pop n’ont jamais été absentes de ma vie. Mon rêve a toujours été de mélanger tout ça car on peut avoir une préférence pour un style mais être touché par n’importe quoi, que ce soit du rap ou de la musique tzigane. À mes yeux, le but c’est l’émotion, pas l’étiquette…

J’ai attendu le printemps et son impression de montagnes russes est totalement inclassable…

Anne Sila : Ça représente bien ma vie les montagnes russes ! (rires) Je l’ai écrite en partant du scat (jazz vocal improvisé), sans aucune parole au début, en montant par pointe dans les aigus et ça donne cette sensation de pics et de dégringolade, ça apporte une grande vivacité au morceau…

 

 

Tu écris et composes…

Anne Sila : Je sais que certains auteurs sont capables de se mettre à leur ouvrage en suivant un emploi du temps précis mais chez moi, ça ne fonctionne pas du tout comme ça ! (rires) C’est très inégal, je peux ne rien faire de bon pendant 2 mois et tout à coup, avoir une fulgurance et écrire 3 chansons d’affilée… L’inspiration c’est vraiment un mystère ! C’est ça qui rend nos métiers si fragiles et donc certainement si beaux. Ce qu’il faut réussir à faire en revanche, c’est apprendre à être patient et à se « tenir prêt » car quand les idées affluent, il faut vite les immortaliser, surtout quand il s’agit de la composition.

Pour les paroles, c’est un peu différent car c’est moins « abstrait ». Elles découlent généralement de ce qu’on vit ou de ce qu’on voit donc il y a déjà, aussi inconsciente soit-elle, une base quelque part dans notre tête. 

 

 

Mais plus j’y réfléchis et plus je m’aperçois qu’il n’y a pas de schéma… Je peux être en train de marcher dans la rue et avoir des notes qui jaillissent sans aucune raison particulière. Je les chantonne sur mon téléphone pour y revenir plus tard ou alors, ce qui marche plutôt bien pour moi, c’est quand je me fais larguer ! (rires) La rupture, si je peux donner un conseil à tous ceux qui vivent le syndrome de la page blanche, c’est le secret absolu de la réussite ! (rires) 

J’essaye de dédramatiser la création en la considérant plus comme un exercice de style qu’un défi de vie. Quand on prépare son tout premier album, on a l’impression de jouer son existence alors que le vrai défi, sur le long terme, c’est de continuer à faire les choses comme on les aime. 

Le seul « problème » avec un album, c’est qu’il fige les choses pour longtemps donc ça pousse à tergiverser et à ne pas faire n’importe quoi ! (rires) Mais ça a aussi l’avantage de nous apprendre à assumer nos erreurs. Un album c’est un peu comme une émission en différé… Entre le moment où l’on y pense, celui où il sort et celui où l’on part en tournée avec, il y a souvent un fossé qui s’est creusé. À nos coeurs date du 1er confinement et il est sorti, en exagérant, deux ans plus tard. C’est-à-dire qu’en promo ou sur scène, il y a un temps de décalage qui nous oblige à « défendre » notre passé. C’est assez étrange comme manière de fonctionner, ça nous pousse à être dans le doute en permanence et c’est pour ça qu’il est important d’apprendre à se pardonner…

 

 

Sur scène, un « vrai » concert, sincère…

Anne Sila : Dans la direction artistique de cette tournée, on a vraiment fait le choix de travailler les morceaux de façon très acoustique et très réelle. Habituellement, dans un concert, les sons sont pré-enregistrés à plus de 90% et les musiciens jouent par dessus. On n’avait pas envie de ça. On désirait quelque chose de vrai, peut-être d’imparfait parfois mais de vivant ! Aucun des concerts que l’on donne n’est identique à celui de la veille et c’est ça que j’adore !

Une envie de liberté qui te vient du jazz ?

Anne Sila : Peut-être… Mais je crois surtout que je suis allée vers le jazz car je ne supporte pas que les choses soient figées. J’aime l’inattendu, la réaction d’une personne dans le public, le fou rire sur scène… Pour moi, le manque de respect vis à vis des gens, c’est de leur reproduire l’album qu’ils ont déjà. S’ils font le déplacement jusqu’à nous, c’est qu’ils ont envie de plus et ça tombe bien, parce que ce qui me fait vibrer, c’est d’être à 100% avec eux, d’échanger et de partager des émotions avec eux. J’aime l’idée que nous repartions tous chez nous avec des souvenirs uniques et authentiques. 

 

 

La scène te rend pétillante…

Anne Sila : Je sais que la musique me coule dans les veines parce qu’il n’y a pas un jour où elle ne fait pas partie de ma vie, ça a toujours été une évidence pour moi… La scène, le verdict tombe la 1ère fois où tu t’y confrontes ! (rires) Et ce qui te confirme que tu es fait pour ça, en dehors des émotions incroyables que les spectateurs te donnent, c’est quand tu as un problème avant de jouer. Quand tu arrives en retard, qu’il te manque un instrument ou que tes bagages ont été perdus pendant le trajet, si tu montes sur scène en étant empli d’un sentiment d’urgence, de survie et que tout ce que tu as en tête, c’est jouer coûte que coûte et faire de la vraie musique, c’est que c’est plus fort que tout et surtout plus fort que toi…

D’ailleurs, j’ai la sensation d’être plus vraie sur scène qu’ailleurs. Les gens pensent que c’est le contraire pourtant, je suis beaucoup plus timide et je joue vraiment plus un rôle dans ma vie de tous les jours. Sur scène, je ressens une certaine « tranquillité » car je « maîtrise » ce que j’y fais tout en lâchant prise complètement. Je n’ai jamais sauté à l’élastique mais j’ai l’impression que ça doit ressembler à ça. Une fois que tu t’es préparé avec rigueur et que tu sais ce que tu vas faire, tu peux risquer de te lancer… 

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel / Photos Boby Allin / interview dans Le Mensuel de novembre 2022

 

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