CINÉMA

Stéphane Guillon en interview pour « Inconnu à cette adresse » & « Fini de rire »

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« Je ne me suis jamais défini comme quelqu’un de méchant ! » Stéphane Guillon

 


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Après s’être prêté au jeu de la lecture cet été pour le « Festival des Mots » des Alpes-Maritimes, Stéphane Guillon est désormais en tournée – en compagnie de Jean-Pierre Darroussin – dans une version théâtralisée du récit épistolaire « Inconnu à cette adresse« . Passionné par les histoires et par la portée des mots, le comédien (que l’on espère retrouver prochainement dans le rôle de réalisateur) s’illustre également, depuis une vingtaine d’années, en librairie… L’occasion de revenir sur son dernier ouvrage – « Fini de rire » – qui, bien qu’étant une véritable autobiographie, se lit comme un roman, plein d’esprit, de tendresse, d’autodérision et de remises en question.

 

 


 

 

Stéphane Guillon en interview pour « Inconnu à cette adresse » & « Fini de rire »

interview / théâtre / autobiographie

 

 


 

 

Morgane Las Dit Peisson : Amoureux du Sud et d’un charme qui s’estompe…

 

Stéphane Guillon : Malheureusement, le processus de défiguration est bien engagé car la Côte d’Azur qui a été massacrée par les promoteurs ! Et ça continue… C’est terrible parce que, finalement, en exagérant un peu et en étant très méchant, pourquoi aller passer ses vacances à Sarcelles ?

 

« Méchant », malgré ce que l’on pourrait croire, n’est pas tellement l’adjectif qui vous caractérise le mieux… L’œil est aiguisé et vous dites ce que vous pensez, mais ce n’est jamais gratuit… Et surtout, vous aimez les chats !

 

Je vous rejoins assez… (rires) Peut-on vraiment être mauvais quand on aime les chats ? Il y a une phrase comme ça qui dit qu’un homme qui aime les animaux et les enfants ne peut pas être foncièrement méchant… Mais en effet, je ne me suis jamais défini comme quelqu’un de méchant, bien que certains aient tenté de me ranger dans cette case… C’est la chose la plus bête et la plus réductrice qui puisse qualifier mon travail !

Je ne me suis jamais levé en me disant que j’allais défoncer quelqu’un pour le plaisir, j’ai toujours essayé qu’il y ait du fond, quelque chose à raconter et que ça ne soit jamais gratuit. Il m’est arrivé quelques fois d’être maladroit mais je l’ai très volontiers reconnu moi-même…

 

 

On vous connaît humoriste, comédien et chroniqueur, cet été, pour le Festival des Mots du Département des Alpes-Maritimes, vous êtes revenu en lecteur… Un exercice de funambule où il faut capter l’attention…

 

Ça fait plus de 10 ans que j’ai quitté les plateaux télé et radio pour me consacrer et me confronter au jeu, sur scène et face caméra. C’était d’ailleurs mon premier métier, mon premier amour !

L’époque de chroniqueur, que je ne renie absolument pas, c’était un accident. Il s’est trouvé qu’on m’a proposé de le faire et que j’y ai pris goût. Je me suis beaucoup amusé. Ça a été une parenthèse, refermée maintenant. La lecture n’est pas quelque chose dont j’ai particulièrement l’habitude mais j’aime les textes et j’aime les mots… D’ailleurs, dans Inconnu à cette adresse, que j’ai joué en compagnie de Pascal Elbé et de Jean-Pierre Darroussin (avec qui je vais prendre la route), il s’agit d’une lecture, bien qu’elle soit incarnée et interprétée. C’est un exercice difficile qu’il faut essayer de rendre vivant, sans dénaturer le texte ni le surjouer.

Il ne faut pas faire du Lucchini (rires), il faut servir le texte avant de se servir soi-même…

 

 

Au Rouret, cet été, c’était des textes de Sylvain Tesson et Olivier de Kersauson…

 

C’est Frédéric Garnier, l’heureux organisateur de cet évènement qui les a sélectionnés puisqu’il fallait des récits sur la mer, en cette année spéciale. Il a donc essayé de trouver un navigateur qui ait mauvais esprit comme moi et il est tombé sur Kersauson ! (rires) 

Je ne connaissais pas ce texte, alors je l’ai travaillé pour l’occasion sans en faire trop non plus, afin de garder une certaine spontanéité…

 

Vous ne faites pas que lire des textes, vous en écrivez aussi…

 

Fini de rire est l’histoire d’un deuil amoureux que j’ai traversé et qui m’a donné l’idée de raconter ma vie à travers mes histoires de cœur, pour essayer de comprendre pourquoi j’en étais arrivé là… Pourquoi je me retrouve à habiter avec un chat à 61 ans ? (rires) C’est ce processus qui m’a intéressé…

 

 

Une réelle autobiographie non romancée ?

 

Absolument, tout est vrai ! J’aurais bien aimé que ce soit romancé et ne pas avoir vécu toutes ces histoires, mais c’est bien réel ! (rires) Effectivement, quand on lit le truc, on se dit que je suis allé très loin et que j’ai peut-être exagéré quelques souvenirs, mais malheureusement non…

 

 

Dès les premières pages, le ton, l’esprit et l’humour qui se dégagent donnent une impression de roman…

 

Je crois que ça vient du fait que cette démarche d’écrire quelque chose d’autobiographique m’est apparue prétentieuse, car en soi, pourquoi ma vie captiverait les gens ? Je n’ai pas inventé le vaccin contre le paludisme, j’ai fait des chroniques chez Thierry Ardisson… Je me suis dit que ma vie n’intéresserait personne à condition de la rendre drôle. J’ai voulu transformer le récit pour qu’il distraie les gens, qu’il les fasse rire à chaque page, même – et surtout – quand c’est dur, voire tragique…

C’est le principe de l’humour juif, c’est de rire de soi et de ses malheurs, c’est de l’autodérision.

J’avais été très séduit par l’autobiographie de Woody Allen qui faisait marrer avec sa vie sentimentale et ses déboires ! Il y avait toujours cette pirouette et j’ai vraiment tenu à ce que ce soit présent dans le livre, sinon j’aurais trouvé la démarche présomptueuse…

 

 

C’est une nature de voir la vie sous cet angle ou ça vous demande un effort ?

 

C’est profondément ma nature… Je ne sais pas écrire autrement. Là, je viens de terminer l’écriture d’un film et c’est drôle, enfin je crois ! (rires) Je n’arrive pas à voir les choses différemment que par ce prisme, en tous cas via l’écriture. Je suis comme tout le monde, au quotidien, j’encaisse le coup ! Tous les humoristes que j’ai connus, même les plus hilarants, étaient de grands dépressifs. J’ai croisé Coluche une fois et je peux vous dire qu’il n’avait pas l’air de se marrer tout le temps… Pourquoi les gens montent seuls sur scène ? Est-ce que ce n’est pas aussi une incapacité à être avec les autres ? Pourquoi on veut faire rire à tout prix ? Je ne vais pas me lancer dans une psychanalyse de bas étage, mais ça questionne… J’ai eu également la chance de côtoyer Guy Bedos pendant de longues années et ce n’était pas forcément un boute-en-train tous les jours, c’était quelqu’un qui avait de véritables angoisses… Sylvie Joly aussi…

 

 

On va vous revoir dans « Inconnu à cette adresse », un texte que vous connaissez bien…

 

Le principe de ce texte était qu’il y ait une alternance entre les comédiens, c’est pour ça que beaucoup de duos s’en emparent, que je l’ai déjà porté avec Pascal Elbé et que je vais remettre ça avec Jean-Pierre Darroussin… On va partir en tournée avec une véritable mise en scène signée Jérémie Lippmann et on passera par Cannes, Monaco, Sainte-Maxime… J’en suis très heureux parce que c’est un spectacle puissant et absolument magnifique !

 

 

Donc rendez-vous au théâtre et, prochainement, au cinéma…

 

Je viens de finir l’écriture du scénario, donc c’est malheureusement trop tôt pour en parler mais – à condition qu’elle aille au bout -, ce sera une très belle aventure dans laquelle je ne serai que derrière la caméra. C’est la seule chose dont je sois sûr : je ne jouerai pas dans mon film car c’est déjà assez de travail comme ça et surtout, j’adore les comédiens et j’adore les diriger…

 

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson au Festival des Mots du Département des Alpes-Maritimes pour Le Mensuel / Photo Pascal Ito – Léane Le Meur

 

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