
COUPS DE COEUR
« 38, rue de Londres » : Un thriller historique de Philippe Sands
38, rue de Londres de Philippe Sands
lecture / histoire / thriller
- paru le 27 août 2025 chez Albin Michel / 544 pages / 23.90€ / à commander ici !
38, rue de Londres de Philippe Sands : Thriller historique
Philippe Sands, avocat international, est également enseignant et désormais écrivain. Dans ce nouvel ouvrage, il nous entraîne dans une enquête qui se lit comme un thriller historique, sans aucune fiction, uniquement fondée sur des faits authentiques et des témoignages réels.
Le titre fait référence au 38 rue de Londres, à Santiago du Chili, où se trouvait une villa réquisitionnée par la DINA – la police secrète du régime Pinochet -, calquée sur le modèle des SS allemands. C’est là que l’on « interrogeait » les opposants, un lieu qui rappelle tristement le 93, rue Lauriston à Paris, siège de la Gestapo française…
Tout commence le 11 septembre 1973 – date encore gravée dans les mémoires -, lorsque le gouvernement de Salvador Allende (qui se donnera la mort), est renversé par le coup d’État du général Augusto Pinochet. Aussitôt, une chasse impitoyable est lancée contre les dissidents, en particulier les communistes.
Sands remonte alors la piste d’un personnage clé : le colonel Walther Rauff, ancien SS responsable des « camions de la mort » sous Hitler. Réfugié au Chili, il y mène une vie paisible en dirigeant une conserverie de crabe royal. Tout porte à croire qu’il a conseillé la DINA, aussi bien dans les méthodes de torture que dans l’organisation des disparitions forcées. Certains indices laissent même penser qu’il a inspiré la construction du camp de prisonniers de l’île Dawson, réplique des camps nazis. Pourtant, si de nombreux Chiliens l’ont reconnu sur des photos, rares étaient ceux qui connaissaient son nom.
Après sa chute en 1990, la Constitution chilienne accorde à Pinochet une immunité totale en tant qu’ancien président. Mais en 1998, venu à Londres pour des soins médicaux, il est arrêté à la demande de l’Espagne, dont un ressortissant a disparu au Chili. Assigné à résidence, il fait l’objet d’une procédure d’extradition. Mais la pression politique finit par l’emporter. Pinochet simule une dégénérescence mentale et, après 18 mois, il est renvoyé sur ses terres natales. Il y mourra finalement d’une crise cardiaque, le 10 décembre 2006 (le livre mentionne 2005), sans jamais avoir été jugé. Quant à Rauff, il s’était éteint quelques années plus tôt, tranquillement, dans son lit.
Le récit de Philippe Sands n’est pas seulement haletant et digne d’un roman policier : il s’agit aussi d’un ouvrage historique majeur. En annexe, l’auteur réunit plus d’une centaine de pages de références : documents officiels, dates, auteurs, lieux de conservation, liste précise des témoins rencontrés – certains toujours vivants -, ainsi que des archives visuelles. Un puzzle reconstitué qui fera date et qui servira sans nul doute de point de repère pour les générations futures.
© Textes Jean-Louis Las Dit Peisson pour Le Mensuel / Photo DR
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