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COUPS DE COEUR
Rudy Milstein en interview pour « C’est pas facile d’être heureux quand on va mal »
« On ne nous incite pas à sublimer nos erreurs…« Rudy Milstein
En pleine écriture de sa 4ème pièce, Rudy Milstein poursuit sa tournée avec « C’est pas facile d’être heureux quand on va mal », couronnée de 2 Molières ! Reconnaissable entre mille par le large sourire qui s’affiche naturellement sur son visage, l’auteur et comédien a pourtant fait de ses « malheurs », de ses exaspérations et de ses angoisses son fond de commerce ! Depuis sa 1ère comédie « Les malheurs de Rudy » à son 1er film « Je ne suis pas un héros », il rend grâce aux loosers du quotidien en décortiquant, avec autant d’humour que de tendresse, leurs faiblesses, leurs lâchetés et leurs souffrances. Afin de poursuivre son étude du genre humain, il nous invite cette fois-ci à rencontrer une bande d’amis quadragénaires et parisiens, névrosés à souhait…
Rudy Milstein en interview pour sa pièce C’est pas facile d’être heureux quand on va mal
interview / théâtre / comédie
- 07 janvier 2026 / 20:00 / Toulon / Le Liberté / infos & billetterie ici !
- ★ 07 février 2026 / 20:30 / Mandelieu-la-Napoule / Espace Léonard de Vinci / infos & billetterie ici !
- 26 mars 2026 / 20:00 / Monaco / Théâtre Princesse Grace / infos & billetterie ici !
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Morgane Las Dit Peisson : Il y a eu Les malheurs de Rudy et maintenant C’est pas facile d’être heureux quand on va mal. Comme Beaumarchais, tu te presses d’en rire avant d’avoir à en pleurer ?
Rudy Milstein : Moi, je vais citer Camille Chamoux que j’adore ! (rires) Elle m’avait dit que le titre du premier truc qu’on écrit définit autant la personne que l’on est que ses combats. Et en ce qui me concerne, ça colle à merveille ! (rires) Ce qui m’inspire, c’est ce qu’il y a de pire en moi, chez les autres et dans le monde. Je crois que c’est aussi le propre de la comédie : savoir rire de tout ce qui ne va pas pour essayer, au passage, de faire en sorte que ça aille un peu mieux…

Dans tes pièces comme dans ton film, tu cultives l’art des antihéros…
C’est vrai qu’avec Je ne suis pas un héros, j’ai affiché la couleur dès le titre de mon 1er film ! (rires) En réalité, je ne parle que de ce que je suis. Je me considère globalement comme un looser qui vit de temps en temps de super moments, mais je crois que c’est ce qu’on est tous. On en parle peu car la société actuelle recherche une certaine perfection et ne nous incite pas à sublimer nos erreurs, pourtant, ça me semble important de le faire, histoire que personne ne se sente seul et en marge !
Maintenant, la pression sociale s’exerce sur les réseaux où tout le monde exhibe une image erronée de sa réalité…
Ça fait partie, évidemment, de mes inspirations parce qu’en effet, on passe notre temps à essayer de donner la meilleure version de nous-mêmes… En fait, on se vend constamment, on affiche des performances, on devient un produit et on a beau le savoir, on ne peut pas s’en empêcher, tant on a peur d’être oublié. C’est pour ça que je crois qu’il est important de se rappeler qu’on est tous des merdes ! (rires) Il faut qu’on fasse preuve d’un peu plus d’humilité car on va tous mourir et globalement, sauf cas extrême, personne ne vaut vraiment mieux que son voisin !

C’est naturel de rire du pire ou ça te demande un effort particulier ?
Dans mon « malheur », j’ai la chance que ce soit assez naturel. Tout ce qui me révolte, tout ce qui m’enrage chez les autres comme chez moi, tous mes agissements mesquins ou frontalement égoïstes passent facilement par ce filtre. Le fait d’en rire, ça concentre sûrement tout ce que j’aimerais dire aux gens qui se comportent mal et tout ce que j’aimerais me dire à moi-même pour aller mieux.
Quand je commence à écrire, je ne sais pas où je vais, je parle juste de ma rage, de ma colère, de mes pulsions, de mon agacement sur le monde, puis les personnages arrivent, s’emparent des propos et dessinent le vrai sujet de la pièce…

Donc là, tu n’avais pas en tête d’écrire sur 5 Parisiens ?
Pas du tout ! Mais quand je me suis aperçu qu’ils étaient tous égoïstes et extrêmement névrosés, je me suis dit qu’ils seraient parfaits en quadras Parisiens ! (rires)
Parmi eux, on retrouve par exemple une personnalité un peu toxique qu’on n’a pas tellement envie de fréquenter et qui m’a été inspirée par des potes. L’un d’entre eux lui ressemblait et les autres souffraient d’être à son contact sans parvenir à s’en défaire. Ça m’a donné envie de me venger en créant un binôme de personnages : le prédateur et – mon rôle – le manipulé. Ce sont deux névroses qui peuvent se marier à condition que mon personnage accepte cette situation… Par là, je voulais aussi souligner que les relations sont rarement manichéennes, on a tous en nous du bon et du mauvais… On est parfois nous-mêmes responsables des schémas dans lesquels on se retrouve enfermés. Mais ça, pour le comprendre, il faut des années de thérapie ! (rires)

D’ailleurs, cette pièce vient énormément du travail que j’ai fait avec ma psy... On a également la femme qui croule sous la charge mentale à force de vouloir tout gérer sans demander d’aide ; celle à qui il arrive quelque chose de vraiment grave alors qu’elle passe sa vie à être la meilleure personne possible ou bien le psy, qui va encore plus mal que ses patients ! (rires)
Dans la réalité, ça nous semble être une tornade, alors que, quand on est spectateur de tout ça, ça devient très drôle…
© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson au Théâtre Anthéa pour Le Mensuel / Photo DR
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