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COUPS DE COEUR

Éric Serra en interview pour son ciné-concert « Le Grand Bleu » au Palais Nikaïa de Nice

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« C’est très intense et très stressant ! » Éric Serra

 

 

Il aura suffit d’une rencontre à l’occasion d’un court-métrage en 1981 pour que Luc Besson et Éric Serra deviennent un duo d’inséparables. Complices travaillant dans une confiance et une admiration réciproques, les deux hommes n’ont, depuis, jamais arrêté de collaborer sur la quasi totalité des films du célèbre réalisateur… Et si la beauté des bandes originales de Nikita, Atlantis et Léon a valu au compositeur plusieurs prix, c’est indéniablement sa création musicale illustrant Le Grand Bleu qui restera dans toutes les mémoires…

 


 

Éric Serra pour le ciné-concert « Le Grand Bleu »

 

 

  • au Palais Nikaïa de Nice le 17 octobre 2022 (Report du 18 mars 2020 et du 25 novembre 2020 / détails et billetterie dans l’Appli Le Mensuel)
  • au Dôme de Marseille le 17 septembre 2022 (Report du 15 mars 2020 et du 26 novembre 2020 / détails et billetterie dans l’Appli Le Mensuel)

 

 


MORGANE LAS DIT PEISSON : VOUS ÊTES EN TOURNÉE AVEC LE GRAND BLEU

ÉRIC SERRA : C’est un ciné- concert pendant lequel est projeté le film qui a été auparavant dépouillé de sa musique ! Pendant toute la projection, je la rejoue au pied de l’écran avec un groupe de musiciens pour accompagner les images, les dialogues et les bruitages qui eux, sont restés intacts.

UNE SYNCHRONISATION PARFAITE…

Pour arriver à ce niveau d’exactitude, je ne vous cache pas que ça a été très compliqué car en effet, contrairement à un concert « normal » avec des humains qui peuvent s’adapter les uns aux autres, le film, lui, ne pourra ni ralentir ni accélérer sa course… Se caler à la seconde près nous a demandé plusieurs mois de préparation.

 

 

VOUS ÊTES POURTANT HABITUÉ À L’IMPROVISATION…

C’est vrai qu’avec mon groupe, on a tendance à se laisser, sur scène, pas mal de plages de liberté alors que ce projet autour du Grand Bleu est l’extrême inverse ! (rires) On doit jouer strictement ce qui est écrit sur la partition et, pour être parfaitement synchrone à l’image, on a tous une oreillette avec un « clic » qui nous guide tout au long de la projection…

C’EST S’OBLIGER À ALLER À L’ENCONTRE MÊME DU LIVE ?

Exactement et c’est ce défi que j’ai trouvé passionnant ! Le live est imprévisible et surprenant tandis que le film, lui, peu importe nos erreurs, ne s’arrêtera pas une fraction de seconde pour s’adapter à nous. Il n’y a aucun répit donc c’est très intense et très stressant ! (rires) Je me souviens, pendant la première représentation, m’être dit tout en jouant qu’il était hors de question que je le fasse une seconde fois tellement c’était difficile ! (rires)

POURQUOI CETTE TOURNÉE FINALEMENT ?

J’ai souffert pendant les deux heures de concert mais une fois arrivé au bout, j’ai pris conscience de l’effet presque magique que ça avait eu sur le public et surtout, je me suis senti rassuré que tout se soit déroulé sans accroc car au-delà de la question du rythme à respecter, j’avais en tête toutes les installations techniques… Derrière les écrans, c’est la NASA ! (rires) Alors on n’est jamais à l’abri d’une panne quelconque… En fait, j’étais beaucoup trop stressé pour apprécier à sa juste valeur cette première fois…

UN BESOIN DE SE DÉPASSER…

Derrière le projet du Grand Bleu il y avait vraiment cette notion de challenge. Vivre de nouvelles aventures, quelles qu’elles soient, est toujours passionnant et enrichissant…

 

 

LUC BESSON ET VOUS AVIEZ CONSCIENCE, EN 1988, QUE LE GRAND BLEU POUVAIT CONNAÎTRE UN TEL DESTIN ?

En le faisant, franchement non et même quand on l’a vécu, on n’arrivait pas à se l’expliquer… Un succès pareil c’est aussi rare qu’étrange et ça dépasse toujours ceux qui en sont à l’origine mais je pense que c’est sain et rassurant. Si on connaissait la recette du succès, plus rien n’aurait de saveur, il n’y aurait plus d’enjeu…

COMME VISCONTI ET ROTA, LUC BESSON ET VOUS ÊTES DEVENUS UN BINÔME…

Ça ne nous empêche pas de travailler avec d’autres mais c’est vrai qu’entre Luc et moi, il y a immédiatement eu une espèce d’alchimie bien qu’étant cinéaste – pour lui – et compositeur pour moi, on ne parlait pas du tout le même langage… Dès le début, j’ai compris que Luc Besson avait toujours une idée très précise du rôle que la musique allait jouer dans chaque scène alors on s’est habitué à beaucoup échanger nos émotions afin que je perçoive au mieux ses attentes. Par contre, c’est vrai qu’on a eu l’immense chance, un peu comme en amour, de se rencontrer et surtout que ça fonctionne aussi miraculeusement ! (rires)

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson au Bay Star Café de St Laurent du Var • Photos Pierre Hennequin


Interview parue dans les éditions n°411 #1, #2, #3 et #4 du mois de février 2020

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