INTERVIEW

Slimane en interview

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Conscient – après la dizaine d’années de travail qui a précédé sa victoire à The Voice en 2016 -, de la chance qu’il a d’avoir réussi à rencontrer un public qui adhère autant à sa personnalité qu’à ses textes et à sa voix, Slimane ne semble pas avoir très envie de s’accorder ne serait-ce que quelques minutes de répit ! Créant sans cesse autant pour lui que pour des pontes tels que Patrick Fiori ou Florent Pagny, l’artiste est devenu en quelques mois à peine un auteur qui compte dans le paysage musical français… Gorgés de sensibilité, de profondeur et de pudeur, les textes de son second opus – Solune sorti en début d’année -, reflètent autant la personnalité que les doutes, les rêves, les craintes et les questionnements d’un jeune homme à qui le succès n’est pas parvenu à tourner la tête…


SLIMANE EN CONCERT

À Salon de Provence le 24 juillet

À Fréjus pour le festival « Les Nuits 2 Fréjus » le 03 août

À Marseille le 08 novembre



« Je suis content que ce succès ne me soit pas tombé dessus à 20 ans ! »


Morgane Las Dit Peisson : J’ai la sensation qu’il n’y a pas eu de pause entre la précédente tournée et celle-ci…

Slimane : Et ce n’est pas qu’une impression ! (rires) Je n’ai pas fait de pause entre les deux car le 2ème album s’est un peu imposé à moi… J’avais envie et surtout besoin d’écrire des chansons alors tout s’est enchaîné assez naturellement. Du coup, pas de pause mais étant donné que je vis un rêve éveillé, mon organisme tient le choc ! (rires) Je suis si heureux que tout se passe aussi bien que j’en profite vraiment au maximum !

Le 2ème album fonctionne aussi bien que le 1er

Pouvoir continuer, trois ans après The Voice, à vivre de mon métier et remplir les salles est quelque chose de littéralement magique que je n’aurais jamais pu imaginer… Avant cette expérience, j’ai travaillé pendant une dizaine d’années et, avec le recul, je dois reconnaître que je suis content que ce succès ne me soit pas tombé dessus à 20 ans ! Je crois que tout arrive, dans la vie, au moment opportun… Si je n’avais pas connu quelques galères avant, je n’aurais certainement pas su apprécier tout ça à sa juste valeur. 

Solune, c’est avoir les pieds sur terre et la tête dans les étoiles ?

Il y a de ça dans ce titre… Solune, c’est accepter nos multiples facettes, c’est admettre sa part d’ombre, sa part de lumière, et sa part de féminité quand on est un homme… Accepter le paradoxe que représente l’être humain dans son ensemble permet d’être vraiment libre.

Solune parle beaucoup du temps qui passe…

C’est vrai que c’est un sujet qui m’obsède un peu mais qui, bizarrement, ne me fait pas vraiment peur… Je trouve ça beau d’avoir le privilège de pouvoir observer que le temps passe. Solune est un album nostalgique mais optimiste à la fois et je crois que le titre qui exprime le mieux cette idée, c’est Je veux être vieux… Si un jour je deviens vieux, c’est tout simplement que j’aurais eu la chance de vivre, de faire plein de choses, d’avoir eu, peut-être, des enfants et de les avoir vu grandir… Il faut essayer de garder à l’esprit que certains partent beaucoup trop tôt alors rien que pour eux, on se doit de se réjouir d’être en vie… Réfléchir au temps qui passe et s’en inquiéter, c’est un véritable luxe que nous offrent nos sociétés occidentales car il y a des endroits dans le monde où la seule préoccupation est de survivre au jour le jour !

Saisons parle aussi de vieillir mais à deux…

C’est ce qui est, à mes yeux, beau dans l’amour… Ma mère – qui est certainement ma meilleure amie – m’a un jour dit qu’après l’amour fou des débuts, apparaissaient, petit à petit, de nouveaux sentiments au sein d’un couple. Je trouve ça magnifique d’imaginer qu’il n’y a qu’en vieillissant main dans la main que ceux-ci peuvent surgir et j’espère sincèrement avoir la chance de vivre ça à mon tour…

Le titre Solune ouvre l’album et dresse un bilan de ce 1er chapitre de carrière…

C’est exactement ça, je crois que j’en avais besoin pour passer sereinement à la suite… À l’intérieur de ce morceau, il y a un condensé de ce que je suis, de ce que je ressens et de ce que j’ai vécu pendant toute cette extraordinaire aventure ! Je m’explique, je m’excuse, je remercie, je m’énerve, je pleure…  Quand on a la chance de vivre quelque chose d’aussi hors normes, ça laisse inévitablement des traces sur la personne concernée mais aussi sur un entourage qui doit souvent s’armer de patience et de compréhension ! 

Quand je serai grand

Pour une fois, ce n’est pas moi qui l’ai écrite, elle m’a été proposée par Emilie du groupe Madame Monsieur. J’aime tellement écrire que je n’avais pas très envie de collaborer avec d’autres auteurs sur mon album mais, en écoutant Quand je serai grand, je n’ai pas pu résister ! (rires) Déjà car ses mots étaient pleins de pudeur et de douceur et parce qu’après avoir beaucoup parlé de moi dans le 1er album, j’avais besoin de raconter d’autres histoires que les miennes… Ce texte raconte, à travers les yeux d’un enfant, le calvaire de sa mère battue par son mari… C’est essentiel, quand on a une tribune, de pouvoir parler de sujets aussi forts…

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson à l’Hôtel Aston de Nice pour la Fête de la Musique de France 2 • Photos droits réservés


Interview parue dans les éditions n°394 #1, #2 et #3 du mois de l’été 2018 • 100 000 ex

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