CINÉMA

Valérie Lemercier en interview pour son nouveau film hommage à Céline Dion, « Aline » !

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« C’est une évocation de Céline, surtout pas une imitation ! »

 

Si Valérie Lemercier n’en est pas à son coup d’essai au cinéma, elle n’avait jamais mis la barre aussi haut tant en termes de jeu que de réalisation ! S’attaquant au destin de l’une des 5 plus grandes voix au monde et sans nul doute la plus populaire, la comédienne a pris des risques incommensurables… Et le plus incroyable dans tout ça, c’est qu’elle a réussi à relever ce défi sans la moindre fausse note ! Avec autant de talent que de soin apporté à chaque détail, Céline Dion prend vie à travers les traits d’une Aline qui, à aucun moment ne tombe dans la moquerie, la caricature ou la facilité. Dans un juste équilibre de respect, d’humour et d’admiration, Valérie Lemercier rend un magnifique hommage à la chanteuse en devenant, « tout simplement », Aline

 


 

🍿  Valérie Lemercier dans « Aline » au cinéma le 10 novembre 2021

 


 

 

Morgane Las Dit Peisson : Trois ans de travail ont été nécessaires pour donner vie à Aline

Valérie Lemercier : Je dois avouer que je ne les ai pas vu passer tellement on s’est pris au jeu et on s’est amusé à le faire ! On préparait le film dans des bureaux où l’on avait à la fois la fabrication des costumes et des perruques mais aussi l’administration ou encore la technique ! J’ai vraiment aimé ces préparatifs car il y avait quelque chose de très artisanal et collectif. Dès qu’un costume était terminé, tout le monde sortait des bureaux pour le découvrir, il planait une réelle excitation à l’idée de fabriquer ce film tous ensemble.

 

 

Vous représentez Céline Dion à tous les âges…

C’était très amusant à faire car je pouvais avoir 10 ans le matin, 50 ans l’après-midi et 25 le lendemain ! (rires) Sur scène, j’ai toujours aimé incarner des hommes, des femmes, des vieux, des jeunes, des enfants mais au cinéma, ça ne s’y prête pas ou ça fait démonstration de performances ! Ce qui m’a plu dans cette idée de camper un seul et même personnage tout au long de sa vie, c’est que c’est un incroyable défi pour un comédien mais que ce n’est pas « gratuit ». La performance se met au service d’une histoire.

 

 

Prouesses de jeu mais aussi de technique…

Il existe des effets spéciaux spectaculaires aujourd’hui qui ont permis de me resizer comme on dit… Ce que vous voyez à l’écran n’est pas ma tête redimensionnée puis posée sur un corps d’enfant, c’est réellement moi avec mes mains, mon corps, mon visage… J’ai tourné sur des fonds verts pour qu’on me rapetisse et, dans certaines scènes comme à l’école, on a fait beaucoup plus « simple » en jouant dans des décors démesurés pour que j’ai l’air d’être petite. J’aurais été incapable de faire ça autrement car quand je joue, j’ai besoin de tout mon corps pour être vraie et crédible.

 

 

Vous voir enfant a dû être curieux…

Totalement ! (rires) Le plus curieux c’est que je voyais une enfant sans trop me reconnaître dedans. D’ailleurs, je suis très impatiente de savoir si un public qui ne me connaît pas du tout, comme au Québec, va réaliser que c’est moi qui assure tous les âges. S’il ne voit qu’une petite fille sans essayer de comprendre comment elle a été « fabriquée », j’aurais tout gagné !

 

Un tournage qui a permis de voyager dans le temps…

Ça a été l’occasion de revisiter des décennies ; de jouer la carte de la démesure dans les décors entre la petite maison des grands-parents d’Aline et cette demeure somptueuse dans laquelle elle se perd ; de retracer un pan de notre histoire musicale et d’incarner, bien sûr, une magnifique histoire d’amour avec tout ce qu’elle comporte de romanesque ! Je dois avouer que ça n’a pas été simple à faire mais je me suis vraiment fait plaisir avec ce film ! J’aime que le cinéma soit « plus » que la vie normale donc là, j’ai été servie…

 

 

Un travail très complet et complexe d’interprétation…

Je n’ai pas abusé sur l’accent québécois pour qu’il ne sonne pas trop faux mais ça a fait partie de « la » job comme ils disent là-bas ! (rires) Je ne voulais pas tomber dans la caricature donc j’ai préféré qu’on fasse « petit ». Ça évitait aussi de devoir ajouter des sous-titres. J’ai passé beaucoup de temps avec les québécois pour adapter les dialogues, qu’ils soient acceptés par eux et compris par nous. J’ai aussi volontairement évité tous les clichés donc il n’y a pas de sirop d’érable ni de tabarnak ! (rires)

 

Victoria Sio en interview pour son projet « FMLP » et le film « Aline »

 

Céline Dion est une légende vivante…

C’est pour ça que j’ai tout fait pour être la plus respectueuse possible. Elle est connue dans le monde entier mais pour le Québec, c’est la Tour Eiffel, c’est une icône ! Je n’ai d’ailleurs pas osé tourner les scènes de shows là-bas devant un public québécois, j’avais trop peur de ne pas être assez juste et naturelle face à lui. De la même manière, j’ai été incapable d’accepter de tourner dans la vraie maison de son enfance et de réellement marcher dans ses pas. Aline est pour moi un hommage, une évocation de Céline, surtout pas une imitation. Je la respecte et je l’admire trop pour ça.

 

 

Avoir l’aval de la famille Dion a dû vous rassurer…

Céline Dion a tellement d’humour et d’autodérision que je suis persuadée qu’elle se foutrait royalement qu’on se moque d’elle dans un film mais puisque ce n’était pas du tout le but recherché, c’était important pour moi que sa famille lise et valide le scénario.

 

Se glisser physiquement dans sa peau…

Ça a été presque facile… Elle a une gestuelle tellement singulière qu’à force de la regarder, de lire des ouvrages et de l’écouter, c’est venu tout seul. De toute façon, quand on est comédien, si on s’amuse vraiment, le personnage vient naturellement. Parfois, il arrive que j’aie envie qu’un tournage se décale un peu pour me laisser plus de temps de préparation alors que pour Aline, je n’avais qu’une hâte : que ça commence !

 

 

Pourquoi Céline ?

Elle s’est imposée à moi… Sa personne, l’histoire folle de sa vie et de celle de sa famille ! Ce que j’ai par exemple trouvé extraordinaire ce n’est pas qu’ils soient 14 enfants chez les Dion mais qu’ils soient 14 alors que le père n’en voulait aucun au départ lui qui avait eu un père violent… Cette 14ème enfant n’était vraiment pas désirée et c’est peut-être aussi la raison pour laquelle elle a toujours eu cette relation fusionnelle avec sa mère. Elles savaient toutes deux qu’elle aurait très bien pu ne jamais naître… C’est cette somme d’infimes détails et de démesure totale qui m’a tant donné envie d’étudier ce destin si incroyable…

 

Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel à l’Hôtel Westminster de Nice / Photos droits réservés


 

Interview parue dans Le Mensuel n°425 de novembre 2021

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