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INTERVIEW

Tano en interview

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« L’homme n’a pas tant évolué que ça en 4000 ans ! »

Trash, cru, grossier, sans tabou, déjanté mais jamais méchant ni vulgaire gratuitement, Tano a poursuivi son auto-analyse ainsi que l’étude de ses congénères pour mieux cerner l’évolution de notre espèce ces dernières années… Et si le constat n’est pas glorieux, illustré par ses sketchs, ses observations et ses tacles, il en devient savoureux ! Imaginant que les dérives de l’automédication aillent jusqu’à s’opérer soi-même en suivant un tuto sur internet, l’humoriste, qui n’est malheureusement pas loin de la vérité, a certainement raison de croire que nous sommes passés dans l’aire de l’idiocratie…

 

 

Tano, Idiot Sapiens

  • 29 janvier 2022 / Théâtre Le Colbert / Toulon / 20h30 / 22.00€
  • 01 avril 2022 / Théâtre de la Cité / Nice / 20h30 / 23.00€

 

MORGANE LAS DIT PEISSON : Paris, un lieu incontournable pour les humoristes qui y sont en nombre…

TANO : À moins d’être une méga star de l’humour qui peut se permettre de vivre à Nice et de faire des allers-retours pour travailler, on est obligé d’y être et en effet on y est de plus en plus nombreux à faire de l’humour sous toutes ses formes… Il faut donc réussir à se démarquer ! Paris, c’est encore là où tout se passe et c’est d’ailleurs le grand problème de la France qui continue à tout y centraliser… Bien sûr, c’est une ville à l’architecture sublime mais au bout d’un moment, je t’avoue que tu finis par t’en foutre des monuments et par rêver de retrouver ta Méditerranée ! (rires)

 

Tano nous invite en idiocratie avec son spectacle Idiot Sapiens

 

Beaucoup de nouveaux humoristes…

Il y en a pas mal qui sont excellents comme Aymeric Lompret – qui propose des textes hyper bien écrits – mais il y a aussi énormément de jeunes qui ont fait des buzz sur Internet et qui se lancent sur scène sans vraiment réaliser que c’est un réel métier… On a laissé croire que c’était facile d’y arriver grâce à une vidéo qui cartonne et je crois que ça a fait beaucoup de mal, tant à la profession qu’à tous ces jeunes qui se rendent particulièrement compte en tournée que remplir une salle est compliqué…

Des difficultés qui ne donnent pas envie d’arrêter…

Oh que non ! (rires) La scène est le seul endroit au monde où je me sens vraiment bien ! J’ai l’impression qu’entendre le public éclater de rire est la seule thérapie qui me convienne… Je me sens tellement vivant à ce moment là que même si je me suis éclaté à tourner les deux saisons de Commissariat central, le public et ses réactions m’ont réellement manqué. La scène, c’est beaucoup plus dur et technique mais quand tu réussis à choper le truc, ça devient grisant et viscéral…

 

 

On ne risque pas sa vie en allant sur scène mais on y va tout de même dans un état de survie…

C’est complètement anormal de faire ce métier et d’aller seul sur scène pour faire rire des inconnus à heure fixe et même si j’y vais pour faire rire, je ne prends pas ça à la légère. Je me mets dans une espèce d’état d’urgence et à chaque fois que je monte sur scène, je le vis comme si c’était la dernière fois ! Je me bats comme un boxeur sur chaque réplique et je n’y vais jamais confiant même si j’ai joué un spectacle des centaines de fois… Il m’arrive toujours d’avoir peur des gens qui seront présents et dont je ne connais pas encore les réactions mais je crois que c’est un sentiment plutôt sain… Il ne faut jamais s’embourgeoiser ou perdre la gnaque dans ce métier !

Ni s’autocensurer…

(rires) Ça ne risque pas de m’arriver ! Quoi que… J’essaye de dire moins de gros mots – pour faire plaisir à ma mère (rires) – par contre, point de vue propos, je tiens toujours autant à aller au bout des choses !

 

 

Ton spectacle Idiot Sapiens ne cesse d’évoluer depuis sa création…

L’actu est vraiment le nerf de la guerre pour moi, je me renseigne sur tout, je bouquine en permanence et je fais, sur Rire et chansons, la chronique Le top de l’actu donc je serais incapable de garder un spectacle figé pendant plusieurs mois ! J’ai besoin qu’il me ressemble et donc qu’il suive mes questionnements et mes humeurs par contre, il faut faire attention à l’actu trop « fraîche » – comme le cas Benjamin Griveaux – qui amuse en ce moment mais dont la plupart ne se souviendront pas dans deux mois.

Idiot Sapiens, un spectacle qui parle de l’homme et donc de tout…

Idiot Sapiens c’est ça, c’est vraiment un fourre-tout qui me permet d’aborder la politique, la sexualité, la religion, l’écologie, la bouffe, les régimes, l’automédication… Ce sont des grands axes dont les illustrations évoluent en fonction de l’actualité mais dont le fond reste toujours le même puisque tout n’est qu’un éternel recommencement ! L’homme n’a pas, contrairement à son environnement, tant évolué que ça en 4000 ans ! (rires)

Un titre qui ne risque pas de prendre une ride…

C’est le titre du film Idiocraty qui me l’a inspiré et malheureusement, je trouve que le terme « imbécile savant » correspond parfaitement à ce qu’est devenue notre espèce… L’humain scie la branche sur laquelle il est assis et on est tous, à différents degrés, à peu près comme ça ! J’ai bien peur de pouvoir en faire plusieurs tomes… (rires)

En parlant de bêtise humaine, tu t’es mis à la marionnette et à la « bicypète »…

(rires) Ah oui en effet ! (rires) D’ailleurs Panacloc a du souci à se faire ! (rires) Ces deux expériences « artistiques » que l’on peut retrouver sur Facebook ou Instagram ont un petit peu moins de fond que ce que je propose sur scène ou en radio mais ça fait du bien aussi ! (rires) C’est de l’absurde pur et plus sérieusement, c’est plaisant de ne pas s’enfermer dans un seul et unique registre… Quelqu’un d’intelligent – dont j’ai oublié le nom – avait très justement dit que si tu condamnais une forme d’humour, tu les condamnais toutes… Une bite qui parle toute seule, ça peut me faire rire et ça prouve définitivement que je ne m’interdis rien ! (rires)

Parfois trash mais jamais méchant…

Je crois que la méchanceté gratuite est vraiment la seule chose vers laquelle je serais incapable d’aller…

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photos droits réservés


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Interview parue dans les éditions n°412 #1, #2, #3 et #4 du mois de mars 2020

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