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Tano en interview pour Le Mensuel en 2013

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Tano

en interview 

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TANO
 
 
  

 
« C’est très difficile de faire croire à une véritable folie, il faut pratiquement y entrer soi-même… »

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Ils sont désormais nombreux à arpenter les chemins sinueux de l’humour et même si la jeune génération du rire se renouvelle constamment afin de nous proposer un panorama assez complet, il faut bien avouer qu’on bout d’un petit moment, on a la sensation d’avoir déjà un peu tout vu… Sentiment qui disparaît instantanément lorsqu’Anthony Gitenet (plus connu sous le nom de Tano) débarque sur scène ! Définitivement inclassable, il excelle dans l’interprétation de personnages borderline qui exigent une parfaite maîtrise d’un jeu qui révèle, plus qu’un humoriste, un véritable comédien… 
 

 
TANO_NICE_0059_itw2013Morgane L : Depuis notre première interview, il y a deux ans, le spectacle a-t-il changé ?
Tano
 : Non, il est toujours le même. Ça fait à peu près six ans que je tourne avec ce spectacle-ci, mais ce n’est jamais vraiment le même non plus ! (rires) J’ai tout intérêt à garder certains sketchs longtemps comme celui des Corses par exemple, car il y a toujours des gens qui le demandent. Mais ce n’est pas exceptionnel, des humoristes gardent parfois les mêmes sketchs pendant dix ou douze ans. Malgré tout, il y a des trucs que j’ai retirés et surtout, Il n’y a plus de « noirs » entre les sketchs pour avoir une impression de liaisons entre chaque. C’est une nouvelle mouture que j’ai rodée pendant le festival d’Avignon.
 
Les personnages sont différents. Comment passes-tu d’un état à l’autre sans coupure sur scène ?
C’est vrai qu’il y a des liaisons assez claires et d’autres qui le sont moins. Par exemple, quand je passe de l’oncle Antoine à Jocelyne, je me retrouve un peu à vif sur scène. Je ne me cache plus derrière un paravent et c’est plus agréable pour tout le monde.
 
On ne se lasse pas de certains sketchs ou de certains personnages quand on les joue si longtemps ?
Oui et non… Quand je joue tous les soirs comme je le faisais à Paris, c’est un peu étrange. Il y a des soirs exceptionnels mais il faut refaire la même chose le lendemain… C’est ça qui est éprouvant. Pour les sketchs, ceux dont j’avais vraiment assez, ceux qui ne me plaisaient plus, je les ai enlevés pour retrouver les bonnes sensations. Ça se passe sur l’instant, sur scène, il ne faut pas trop réfléchir avant. Et finalement, plus ça va et plus je préfère parler aux gens, faire des vannes sans rester trop longtemps avec le même personnage. C’est un peu « casse-gueule » et quand il y a des soirs où ça prend moins, il est difficile de s’en sortir ! (rires)
 
Tu restes beaucoup dans ce jeu d’acteur alors qu’on voit de plus en plus de « stand-up »…
Le problème de beaucoup de « stand-up » que je vois à Paris, est qu’ils sont un peu l’abnégation même du comédien. Beaucoup ne font pas de personnages parce que c’est un travail difficile à faire, il faut y croire et on se met en danger à chaque instant. Beaucoup se disent « on y va, on fait trois blagues et ça passe ». Mais quand le public sort, même s’il a ri, il a tout oublié. Un mec comme Baptiste Lecaplain par contre, que j’aime beaucoup, a des personnages à l’intérieur de son stand-up qui lui permettent de dépeindre des personnalités marquées. Jonathan Lambert avec son spectacle « Perruques » s’en sort à merveille, avec des perruques en plus, alors que toute la presse parisienne considère qu’on ne peut plus mettre de perruques sur scène, que c’est ringard. C’est ce genre de raisonnement qui est absurde !
 
Avec un personnage on va plus loin que si on ne fait que parler au public directement ?
Il y a un public pour tout et dans une salle, c’est très mélangé. Il y a des gens qui veulent voir un truc qui part complètement en sucette. Moi j’aime voir ça. Quand je vais voir un spectacle, j’aime bien quand c’est drôle mais surtout quand il y a un moment où le comédien part en folie et qu’il redevient très calme. C’est très difficile de faire croire à une vraie folie, il faut presque y rentrer soi-même. Des personnages comme Jocelyne, qui ne sont pas à priori plus inquiétants que ça, sont quand même sur le fil du rasoir mais quand le public est là et qu’il nous fait sentir qu’on peut tout se permettre, alors là c’est fabuleux !
 
Alors il y a Jocelyne et qui d’autre ?
Dans les nouvelles choses, toute l’intro est différente. Il y a le sketch du clodo qui va passer à la télé en mars je pense sur Canal+ ou France4, de nouvelles liaisons et un stand-up à la fin avec la pute car elle a de nouveaux forfaits ! Elle est un vrai miroir social. La pute peut parler de tout à travers ses tarifs. Ce sketch a même été traduit en anglais mais alors pour l’apprendre… C’est un cauchemar ! (rires)
 
Qu’est ce qui te plait le plus dans ces personnages ?
C’est vraiment la mauvaise foi de ces gens qui me fait rire. Ce qui me plait le plus, c’est que le public se dit qu’il a déjà vu ce genre de mec quelque part un jour…
 
Nous une certaine éducation nous bride mais toi, tes personnages sur scène tu peux les faire aller plus loin…
Oui moi j’aime les gens un peu trash. J’adore les fous rires, on en a tous eu. Et puis il ne faut pas avoir peur du ridicule. Un comédien qui a peur du ridicule, ça se voit tout de suite.
 
Et comment va le Corse ?
Bien ! C’est celui que tout le monde attend, je ne peux véritablement pas l’enlever !
 
Et un jour, tu aimerais faire un spectacle entièrement autour de lui ?
Ça m’a traversé l’esprit mais non, je n’ai pas envie de m’enfermer dans un rpole. Le problème c’est qu’en France, on aime te mettre dans un tiroir, on te fout dans une catégorie. J’ai un peu la réputation d’être inclassable, le revers de la médaille c’est que j’ai du mal à avoir un public assez ciblé et je ne veux pas qu’on me dise que je suis le défenseur des Corses. Par contre ce personnage est celui pour lequel j’ai le plus d’affection parce qu’il existe en vrai, c’est mon grand oncle. Quand tu vois la vie à travers les yeux de mon Corse, c’est exagéré… mais pas beaucoup plus ! C’est très rigolo !
 
Et ta famille le prend bien ? Encore le droit d’y aller en vacances ?
Oui ils sont vraiment fans et les Corses ont de l’humour. Il y a une poignée de fous qui écrivent des saloperies sur internet, d’ailleurs j’en parle dans mon spectacle. Et si voulez vraiment énerver les Corses, vous allez dans un de leurs villages, vous vous mettez sur la place en regardant la montagne et vous dites : ah que c’est beau la France ! Ça, ça les rend fous. Mais pourtant, en même temps, c’est la France.

 

 

Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel
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Les photos de Tano sont ici !

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