INTERVIEW

Stan en interview

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 À mille lieues de ce que l’on peut connaitre dans le paysage humoristique, Stan que nous suivons avec gourmandise depuis environ sept ans maintenant, n’a jamais vraiment été « classable » et a surtout eu le courage de ne pas s’évertuer à l’être… Drôle, émouvant et intelligent sans jamais en devenir pédant, rien en lui n’est ni gratuit ni vide de sens. Dans un nouveau spectacle qui a l’audace et l’immense talent de n’être comparable à aucun autre, Stan nous propose un humour qui se déguste comme un millefeuille dont chaque couche offre une nouvelle zone de lecture et de compréhension mais où la face émergée reste délicieusement comique.
ON A TOUS QUELQUE CHOSE EN NOUS DE VINCI
À Toulon le 29 avril 2017

 


« On a tous en nous, comme De Vinci, un trésor, un talent et une force qui ne demandent qu’à être découverts »


Pour toi qui est originaire de Marseille, Paris était incontournable ?

Christophe Carotenuto : Malheureusement oui, même si ça ne devrait pas être le cas, on s’aperçoit que Paris est inévitable si l’on veut essayer de travailler et faire des rencontres. J’y ai par exemple rapidement retrouvé un professeur du Conservatoire qui est également metteur en scène et qui m’a proposé dans un premier temps d’être son assistant, puis de jouer dans trois pièces de Tchekhov ces deux dernières années. Ça m’a fait beaucoup de bien de repartager la scène avec d’autres comédiens, de renouer avec un répertoire que je ne peux pas interpréter en one-man mais aussi de retrouver une amie qui avait elle aussi suivi une formation classique et à qui j’ai proposé de faire la mise en scène de mon dernier spectacle.

Son regard sur ton travail a changé beaucoup de choses ?

Oui énormément ! De par sa formation, elle n’est pas habituée à mettre en scène des spectacles humoristiques et ça m’a permis de trouver le véritable endroit où je voulais être… Je suis désormais pleinement dans mon élément en mêlant l’humour à une forme de seul en scène théâtral. Sans prétention aucune, j’ai la sensation de faire de l’art depuis qu’Elsa Granat a ajouté sa patte. On a réussi, je crois, à ne pas faire de l’humour pour de l’humour, à ne pas en faire une fin en soi. Elle a su trouver une articulation et un lien entre mon tempérament un peu atypique et la folie qui m’habite depuis toujours ! (rires) Dans On a tous en nous quelque chose de De Vinci, il y a encore plus de danse qu’avant, du rap, de la poésie, des oeuvres d’art, du jeu et elle a rendu tout ça fluide et compréhensible…

Une collaboration qui pousse à sortir des sentiers battus…

Tout à fait, je le vois même dans le jeu car Elsa m’a poussé à aller dans des lieux inconnus où je ne me serais pas aventuré tout seul. Accepter de l’écouter m’a permis d’aller plus loin et de faire tomber des barrières… Et d’ailleurs, c’est le véritable sujet du spectacle.

Une ode à la « libération »…

On a tous en nous quelque chose de De Vinci ne parle que de personnages contraints ou enfermés comme peuvent l’être, par exemple, les oeuvres d’art. Je fais parler des icônes célèbres comme La Joconde qui reste enfermée sous une vitre blindée tout comme des icônes du quotidien telles que la vendeuse des Galeries Lafayette qui elle aussi est confinée dans son rôle à l’intérieur du magasin… Tous vont se libérer de ces chaînes qu’on leur a, ou qu’ils se sont imposées.

Un humour résolument intelligent…

En tous cas, j’essaye ! (rires) Je partage l’idée d’Alexandre Astier qui souhaite que l’on rende sa noblesse à l’humour. On peut faire rire tout en faisant réfléchir et ça, c’est un domaine dans lequel la comédie italienne a toujours excellé. J’aime que les choses aient du sens et qu’au delà du simple rire, elles arrivent à toucher les gens. À mes yeux, l’art, c’est ça… C’est un grand mot qui impressionne, l’Art, et pourtant, ce n’est rien d’autre que le reflet de la Nature, le miroir d’une société…

C’est aussi un peu ton reflet…

Oui ! (rires) Je crois que même lorsqu’on est timide, on ne peut pas, malgré tous les efforts du monde, éviter de parler de soi… Un spectacle, s’il est sincère, révèlera toujours des aspects de son auteur… Quand je joue l’homme enceint, ça ne peut évidemment pas être autobiographique mais c’est à la fois ma vision et mes questionnements sur la paternité, sur l’accouchement d’un spectacle, sur le fait d’accoucher soi- même de soi… On peut partir très loin en regardant ce sketch mais on peut très bien aussi ne vouloir y voir que la situation comique.

Le choix du titre…

On a tous en nous quelque chose de De Vinci est extrait du sketch de La Joconde… Il est amusant parce qu’on a tout de suite la musique de Johnny en tête mais je l’ai surtout choisi pour rappeler aux gens qu’on a tous en nous, comme De Vinci, un trésor, un talent et une force qui ne de- mandent qu’à être découverts…

 

Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo droits réservés

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